samedi 18 octobre 2008

Notes sur la crise aux USA

Petit cours d'alphabétisation économique
par Augusto SENCIÓN

1. Les épisodes antérieurs

1. Lorsqu’en 2000, Georges Bush est arrivé à la présidence des usa, l’économie de ce pays était en crise de surproduction : la production nationale était supérieure au pouvoir d’achat des Usaméricains. Beaucoup d’entreprises ne pouvant écouler leurs produits ont souffert de pertes sévères. Cette perte s’était élevée en moyenne à 4% pour l’année 2000 et à 6% pour 2001.

2. En raison de la baisse des ventes et des pertes subies, beaucoup d’entreprises avaient réduit leur production et licencié du personnel. 70% des capacités productives des industries étaient utilisées provoquant la perte d’un million d’emplois. Le commerce et les autres secteurs de l’économie ont agi de même. Entre l’année 2000 et septembre 2001, ce sont sept millions de personnes qui ont perdu leur emploi.

3. Pour faire face à la crise de surproduction et à la chute des ventes des entreprises, le gouvernement US a entrepris 2 actions :

* L’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, autrement dit la guerre. La vérité est que l’idée fondamentale de cette invasion était de contrôler le gaz et le pétrole que les USA ne possèdent pas et qu’ils consomment en grande quantité. Cependant, c’était également un moyen pour surmonter la crise économique intérieure ; et donc avec la guerre, le gouvernement augmenta ses dépenses en achetant les stocks accumulés dans les entrepôts des entreprises. Pour le besoin de ses troupes, le gouvernement activa la demande d’alimentation, de médicaments, d’uniformes militaires, d’artillerie, de munitions, etc. Cette demande de l’État, a été la solution pour les entreprises, de vendre leur production, augmenter leurs bénéficse et investir de nouveau. Les industrie alimentaires, textile et militaire étaient réactivées. En 2001 c’est l’invasion de l’Afghanistan, en 2002 le bénéfice des entreprises augmente en moyenne de 15,5% ; En 2003 c’est l’invasion de l’Irak, le bénéfice atteindra 24%. Si bien que ces deux crises ont tiré les entreprises de leur crise, puisque l’État a créé la demande nécessaire aux entreprises pour les sortir de leur crise en achetant leur production.

* Le taux d’intérêts des crédits descendit jusqu’à 1%. Ce faible taux d’intérêt incita des millions de familles à s’endetter en achetant des logements, des voitures, des téléviseurs et d’autres sortes de biens. La vente des produits des entreprises augmenta grâce à la possibilité d’accès aux crédits dont le volume contracté s’amplifia.

2. La crise à nouveau

1. La fête durera très peu de temps. Fin 2005, de nouveaux problèmes économiques surgiront.

2. Comme l’augmentation des crédits contractés avait généré une importante circulation d’argent, les prix ont commencé à monter, et l’inflation à s’élever. Pour contenir cette inflation, le gouvernement décidera de freiner le crédit des banques afin de réduire cette quantité d’argent en circulation.

3. À partir de 2005, les taux d’intérêts commencent à augmenter (jusqu’à 6,5%) et les familles ont des difficultés pour payer. La moyenne des paiements mensuels pour le logement était passée de 1200 à 2400 dollars, autrement dit elle a doublé. Le remboursement de la maison achetée à crédit absorbe 75% du remboursement du crédit, les 25% restant sont pour les voitures, les téléviseurs et les autres biens de consommation achetés à crédit. Des millions de familles ne pourront pas rembourser leurs dettes contractées auprès des banques.

4. Les banques commenceront, alors, à saisir les maisons des familles qui ne payent pas. 7000 familles perdront ainsi chaque jour leur logement hypothéqué. Un million de familles ont déjà perdu leur maison et huit millions ont des problèmes pour rembourser.

5. Mais une banque ne fonctionne pas avec des maisons, mais avec de l’argent. Le problème de récupération des crédits ne se résout pas par l’expropriation des maisons. C’est pour cette raison que beaucoup de banques ont fait faillite.

6. Pour sauver les banques, le gouvernement a utilisé l’argent de la Réserve Fédérale (sorte de Banque Centrale), autrement dit il leur a donné de l’argent pour les sauver de la faillite. En 2007, ce sont 300 milliards de dollars qui leur ont été donnés. Mais cette mesure ne permettra pas de contenir la crise, car le montant des prêts non récupérés étaient bien supérieur.

7. Le gouvernement a aussi réduit le taux d’intérêts à 5%, et à 2% pour cette année (2008). Mais cette mesure ne pouvait sauver la situation puisque des centaines de milliers de personnes avaient déjà perdu leur maison ou leur emploi et ne pouvaient rembourser leurs crédits.

8. L’autre mesure appliquée par le gouvernement avait consisté à dégager la somme de 150 milliards de dollars pour rembourser les entreprises et beaucoup de familles pour les impôts qu’elles avaient payés. L’ampleur de la crise était telle qu’une telle mesure ne put non plus résoudre la situation.

9. Du fait que les gens ne pouvaient pas rembourser leurs maisons, les entreprises arrêtèrent leurs projets et leurs travaux de construction, en laissant 5 millions d’habitations inachevées. Depuis 2005, la vente de logements a diminué de 65% et la production dans le secteur de la construction est tombée de 50%.

10. Le problème de récupération des crédits que les familles sont dans l’incapacité de rembourser, a affecté les banques des autres pays qui ont racheté les dettes aux banques usaméricaines. Et ainsi, la crise touche les banques anglaises, espagnoles, japonaises et d’autres pays encore. Pour éviter qu’à leur tour, celles-ci ne sombrent dans la faillite, les gouvernements respectifs ont injecté de l’argent dans leurs banques.

11. La faillite des banques, celle des entreprises de construction et la baisse d’activité de toute l’économie, ont fait grimper le taux de chômage de 4% à 6% pour la première période 2008.

12. La situation, depuis, s’est aggravée, la faillite des banques entraînant la baisse des crédits à d’autres secteurs de l’économie comme celui de l’industrie, du commerce, etc. Ne pouvant accéder aux crédits, ces secteurs d’activité ont ralenti leur activité et licencié du personnel. Pour le mois d’août 2008, la production industrielle a baissé de 1,1%, surtout à cause des 12% de chute des ventes de l’industrie automobile.

13. Le profit des entreprises avait commencé à diminuer depuis 2006. Depuis le premier trimestre 2007 qui avait enregistré une perte de 0,3%, la situation empire et la crise s’aggrave chaque jour. Ces derniers mois, pas moins de six banques ont fait faillite aux USA, et notamment la quatrième plus grande du pays, la Lehman Brothers, qui employait 25 000 personnes. AIG [American International Group], la plus importante société d’assurance s’est également déclarée en faillite, et l’Etat usaméricain a du injecter 85 milliards de dollars pour la sauver, devenant ainsi propriétaire à 80%.

14. En tout, depuis le début de la crise en 2006, le gouvernement US a utilisé 800 milliards de $ de la Réserve fédérale pour essayer de sauver des dizaines de banques. Et la crise continue.

15. Du fait de la faillite des entreprises et que d’autres centaines de milliers ont des problèmes de production, ont entrainé une chute des achats d’actions en bourse. Le risque d’acheter des actions d’entreprises, dans les moments de crise économique, est trop important. C’est pour cela que les indices des bourses des USA et d’autres pays ont baissé. Une telle baisse n’est pas la cause de la crise mais plutôt un reflet de celle-ci.

3. Jusqu’où ira la crise?

1. C’est difficile de prévoir une maîtrise du problème et aucune solution n’est en vue à court terme. Les affaires continueront à s’effondrer et le chômage d’augmenter.

2. Une grande partie des entreprises qui ferment seront absorbées par d’autres plus importantes. Une minorité concentrera de nouveau la richesse entre ses mains car c’est toujours ainsi durant les crises. Une bonne partie de la population finira dans la pauvreté et un petit groupe de multimillionnaires sera encore plus riche. Aux USA, 10% de la population contrôle 50% des revenus. À la sortie de cette crise, ce petit groupe contrôlera la plus grosse partie du gâteau. La pauvreté aura augmenté, alors qu’à la date d’aujourd’hui, elle frappe déjà 37 millions de personnes (12% de la population), un chiffre qui représente quasiment la totalité de la population de toute l’Amérique centrale. Si des luttes sont menées, il y aura plus de gens qui seront emprisonnées. Il ne faut pas oublier que les USA détiennent 25% de la population carcérale du monde.

3. Cependant, comme aux USA il n’y a pas de forces révolutionnaires capables de faire une révolution, la crise passera pour revenir trois ou quatre ans après.

4. Les USA reculent

1. Le pire pour l’économie US, ce n’est pas la crise actuelle, qui aura une fin, mais qu’elle en sortira avec moins de pouvoir mondial. Les USA perdent du terrain face à l’Europe, au Japon, à la Chine et à l’Amérique du Sud.

2. Il y a quatre ans les USA assuraient 28% de la production mondiale, à la sortie de la crise, ils ne pèseront plus que 20% peut-être, devancés par l’Union Européenne qui produit 33%, et treize pays d’Asie unis dans un bloc, avec à leur tête le Japon et la Chine, qui produisent un peu plus de 20%.

3. Les USA ne sont plus le pays plus grand exportateur au monde. L’Allemagne et la Chine les devancent. Les USA sont fondamentalement un pays importateur. Ils achètent plus qu’ils ne vendent à l’Europe, à l’Asie, à l’Océanie, à l’Amérique du Sud, au Mexique et au Canada. Leur commerce n’est excédentaire qu’ avec l’Afrique, l’Amérique centrale et les Caraïbes.

4. Pour acheter autant, le double de ce qu’ils vendent, dans le monde, le gouvernement et les entreprises des USA doivent lourdement s’endetter, à tel point, qu’aujourd’hui leur dette extérieure accumulée s’élève à 20% de la dette extérieure mondiale. Le gouvernement émet également des dollars qui ne reposent sur aucune production, qui leur servent aux achats extérieurs.

5. Ces dollars sont tombés entre les mains de leurs concurrents : la Chine, le Japon, le Brésil, l’Inde et d’autres pays qui détiennent maintenant plus de 4000 billions de dollars de réserves, ce chiffre équivaut à 30% de la production annuelle des USA. Lorsque la Chine, la Russie, le Brésil ou bien une autre grande économie n’acceptera plus les dollars US, ce sera la banqueroute de l’empire qui ne pourra plus rien acheter avec son argent émis sans couverture. Les USA se verront dans l’obligation de réduire leurs importations de pétrole, de machines et de produits de consommation. Des milliers d’entreprises importatrices et de banques feront faillite, la production s’effondrera et le chômage explosera. C’est cela la grande menace qui pèse à moyen terme sur les USA.

6. Le Brésil et l’Argentine ont décidé de ne plus commercer en dollars. On parle déjà d’une monnaie commune en Amérique du Sud. Beaucoup de pays adoptent l’Euro comme monnaie pour leurs échanges commerciaux. Le dollar est en baisse et avec lui toute l’économie des USA.

7. Le gouvernement US essaiera d’empêcher ce scénario. Il emploiera les armes ou tentera de déstabiliser les gouvernements latino-américains qui lui ont échappé. Il essaie d’implanter des missiles en Pologne afin d’intimider la Fédération de Russie, il menace l’Iran et il manœuvre en Bolivie pour renverser Evo Morales. Il fait de même au Venezuela et dans d’autres pays. Il est toujours embourbé dans un conflit et les choses tournent mal pour lui, mais il insistera.

8. Les USA se sont également endettés dans les guerres d’Irak et d’Afghanistan. Ils s’endetteront encore plus avec la crise dont souffre leur économie.

9. Les USA seront supplantés à la place de première puissance mondiale : c’est la tendance pour les années qui viennent. Dans le monde, Il y aura des conflits et ce pays impérialiste fera tout ce qui est en son pouvoir pour reconstituer l’échiquier, mais il pourra connaître une défaite.


"Accrochez-vous, Bush est en route!" - Housing Crisis (crise du logement), par Mike Lane, Cagle Cartoons, avril 2008

Source : Notas sobre la crisis en Estados Unidos

Article original publié le 12/10/2008

Sur l’auteur

Traduit par Esteban G., révisé par Fausto Giudice, Tlaxcala

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