par Omar Khayyam, 25/12/2009

Inutile de chercher la Petite Europe sur Google Maps. Elle ne figure sur aucune carte géographique. Pourtant elle existe. C’est un point miniscule du Sahara qui se trouve exactement là où les frontières de l’Algérie, du Mali et du Niger se rencontrent. C’est cet endroit que M. Lou a choisi pour bâtir son rêve ou plutôt le rêve de dizaines de millions de jeunes Africains: L’Europe.
Les premiers arrivants, dans leur majorité des candidats à l’émigration clandestine en Europe,  croyaient avoir vu un mirage du désert. D’autres, après une longue et perilleuse tranversée du désert, croyaient avoir des hallucinations dues à la chaleur, la fatigue et la soif. Mais la Petite Europe est aussi réelle que la bonne vieille Europe. Tous les Africains qui ont un jour ou l’autre rêvé d’Europe retrouvent ici leur rêve, concrétisé grâce une idée géniale de M. Lou. En effet, ce dernier a fait construire une Europe imaginaire en béton et en acier. Rien ne manque au décor: d’immenses immeubles et tours en béton, des panneaux publicitaires à perte de vue, des magasins et des centres de shopping gigantesques, des voitures presque aussi nombreuses que les habitants de ce nouvel eldorado.
Depuis la création de ce petit " paradis artificiel " au milieu du Sahara, les experts en immigration clandestine et les gouvernements de l’UE ont remarqué un net recul du nombre de débarquements de clandestins sur les plages du vieux continent. C’est la preuve que le projet de M. Lou n’a rien de fantaisiste. Ce qui force l’admiration c’est surtout la confiance de cet homme d’affaires chinois dans les capacités manuelles et intellectuelles des Africains. M. Lou n’a joué que le rôle d’investisseur, le reste a été fait par des Africains pour des Africains. Des génies anonymes de Dakar ont transformé de vieilles Mercedes vouées à la casse en robustes véhicules tout terrain. Des bricoleurs ivoiriens ont transformé des tonnes de vieux ordinateurs, frigos, machines à laver etc. en des machines fiables et durables. Des ouvriers, des contremaîtres , des maçons et des architectes venus de plus de 30 pays d’Afrique ont construit brique par brique cette Petite Europe qui n’a de petit que le nom.
M. Lou pense à tout. Même aux phantasmes africains. Il sait que les mâles africains ne rêvent pas seulement d’avoir un mode de vie européen mais aussi de… femmes européennes. Des Albaniennes, des Roumaines et des Bulgares qui travaillent dans les ateliers de couture de M. Lou n’ont eu que l’embarras du choix pour trouver un beau et robuste fiancé. Pour encourager les unions légales et éviter des problèmes avec les trois pays limitrophes, tous islamiques, M. Lou offre 500 euros à chaque couple de nouveaux mariés.
M. Lou a peur d’être victime de son succès. Si sa Petite Europe devient aussi attrayante que la vieille Europe, restera-t-il assez de place pour tous les Africains "rêveurs d’Europe" ?