samedi 8 août 2009

La militarisation de la politique usaméricaine

La bonne vieille politique du « Big Stick »
par Alberto MONCADA, 6/8/2009. Traduit par Gérard Jugant, édité par Fausto Giudice,
Tlaxcala

Nous ignorons si Barack Obama parviendra à freiner cette militarisation. Pour le moment il ne s’est pas comporté d’une manière convaincante contre le coup militaire au Honduras, lieu où la CIA organisait la lutte contre le sandinisme dans le Nicaragua voisin et où existe une importante base usaméricaine.

Un livre récent, The Mission : Waging War and Keeping Peace with American Military (Norton, 2003) de Dana Priest, explique le rôle de cette militarisation. Une bonne partie des néoconservateurs qui entourèrent Bush sont des militaristes et leurs idées ont été incorporées au Projet de Nouveau Siècle Américain, qui marque l’idéologie du groupe.

Dans la décennie 90, la politique d’installation de bases s’est étendue du Moyen-Orient à l’Asie Centrale. Dans l’ensemble, près de 280 bases militaires sont déployées sur toute la planète comme preuve de la mission impériale que Washington a assumé depuis la chute de l’Union Soviétique. Les bases militaires se substituent aux ambassades et à la domination coloniale.

La nouvelle politique internationale s’exprime aussi dans la division du monde en zones qui coïncident avec les limites stratégiques des Commandements. Il y a un Commandement pour chaque zone et parfois, ses chefs, des militaires, ont plus d’influence à Washington que les canaux diplomatiques du Département d’Etat. Parfois les chefs des Commandements se permettent de faire des déclarations politiques, certaines pleines d’insinuations. Récemment le chef du Commandement Sud, qui a compétence sur l’Amérique latine, s’est permis de dire qu’il faut prendre garde au terrorisme qui pourrait menacer les richesses aquifères de la frontière Brésil-Argentine, dans une allusion voilée à la possibilité que l’armée usaméricaine pourrait être amenée à intervenir pour le contrôle de l’eau latino-américaine comme cela elle le fait déjà pour le pétrole du Moyen-Orient. La domination usaméricaine considérable sur l’Amérique latine, que certains dénomment péjorativement comme leur “backyard”, et cette arrière-cour pas diminué avec Obama puisqu’on finit d’installer de nouvelles bases militaires en Colombie pour les substituer à celles que rejettent les pays avec des gouvernements de gauche récemment constitués. Et cette alliance implicite avec le conservateur Uribe ne présage rien de bon pour la démocratie latino-américaine.



« Un vieil adage de chez nous dit : « Parle doucement et porte un gros bâton ; tu iras loin ». Si la nation américaine parle doucement tout en continuant à édifier et maintenir une flotte efficace à son plus haut niveau, la Doctrine Monroe ira loin. »
Theodore Roosevelt, Chicago, avril 1903

William Allen Rogers, 1904

La militarisation de la politique usaméricaine a une version nationale, à usage domestique. En premier lieu, l’industrie militaire forme une part spéciale de ces groupes de grandes compagnies qui décident des élections, en appuyant économiquement les candidats. De fait, une première sélection de ceux-ci se fait moyennant l’appui économique. Ceux qui ne disposent pas de ce dernier restent en dehors des campagnes. Et l’appui, naturellement, il faut le payer ensuite quand on est au pouvoir. L’industrie militaire, avec celles pétrolière, pharmaceutique et des communications sont les quatre grands secteurs qui décident toujours plus quels sont les candidats à la Maison Blanche et au Congrès. L’industrie militaire a ses pions dans l’administration au travers de cette politique des charges publiques illustrée par le vice-président Cheney, qui consiste à alterner des postes dans l’administration et dans les entreprises qui dépendent d’elle.

L’importance de l’industrie militaire est telle qu’une nouvelle façon de faire la guerre est de la sous-traiter.

Une autre conséquence importante de la militarisation nationale est dans les nouvelles lois patriotiques dictées à partir du 11 septembre. Conforté par la soif de sécurité de la population avec à la base une idéologie ultraconservatrice, le gouvernement usaméricain a imposé une politique de contrôles et de censures qui va de la limitation des libertés individuelles à la réduction de la liberté d’expression et qui trouve son expression maximale dans l’obsession contre les visiteurs du pays qui lui paraissent suspects d’anti-américanisme.

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