mercredi 2 septembre 2009

Le rêve de l’otage ou : comment s’aimer soi-même aux dépens d’autrui

par Gilad Atzmon
Extrait :
"Voici, de cela, quelques jours, lors d’un meeting londonien de gens qui passent le plus clair de leur temps à faire campagne pour la Palestine, une militante en vue, une adorable dame qui soutient la cause palestinienne depuis les années soixante, nous a raconté un cauchemar qu’elle avait eu, dans les années quatre-vingt. Dans son rêve, elle se faisait kidnapper et elle était retenue en otage par la milice paramilitaire libanaise Amal. Tandis que les combattants d’Amal mettaient la dernière main aux préparatifs de l’exécution de cette militante, celle-ci faisait des efforts désespérés pour les convaincre qu’elle était, en réalité, de leur côté. Elle ne cessait de répéter que si elle était au Sud-Liban, c’était parce qu’elle soutenait le peuple libanais et les réfugiés palestiniens. Dans son rêve, à son grand dam, ses kidnappeurs restaient sourds à sa supplique : on l’assassinait.
L’interprétation que la militante faisait de son horrible cauchemar était très élégante, cohérente et valide. Elle avait pigé qu’aux yeux de ses preneurs d’otage imaginaires, elle était personnellement tenue redevable de l’interminable liste de crimes perpétrés par l’ « homme blanc ». A ses yeux, elle était châtiée non sans quelque raison. Jusqu’à un certain point, son raisonnement est similaire à l’interprétation que fait Robert Fisk de sa propre expérience, au Pakistan, en 2001."

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