mardi 24 novembre 2009

Hamas : « Ils ne sont pas mauvais, ils sont juste dessinés comme ça»

Un article dans la série La Première Guerre mondiale des mots
par Mary RIZZO, 19/10/2009. Traduit par MR pour ISM






Dans nombre de pays occidentaux, certains partis ou mouvements politiques sont traités comme s'ils provenaient de la Lune ou étaient étrangers à toute collectivité territoriale. Leur existence au sein de la population est toujours connotée comme négative, transitoire, quelque chose qui aurait été créé dans une salle de réunion ou en coulisses, imposé à un public rustre incapable de faire la différence entre un vrai programme politique et une rhétorique creuse et simpliste. Ces partis ou mouvement sont dépeints comme s'ils ne s'adressaient qu'aux marges de sociétés démunies de tout organe démocratique « normal », et seraient donc des groupes délabrés qui ne représenteraient qu’un électorat minoritaire. Étant donné leur opposition aux partis préexistants, ils sont marqués d'une étiquette qui servira à les maintenir isolés des structures déjà à l'œuvre, tout ceci visant à détruire le parti ou mouvement visé par un travail de propagande plutôt que par une analyse de la réalité.

Toute une mythologie a été construite autour du mouvement palestinien de résistance (qui s'est transformé en parti) Hamas. Cette construction a acquis de fait une plus grande légitimité comme interprétation du Hamas que les faits eux-mêmes. Dans la plupart des médias occidentaux, qu'ils soient de gauche ou de droite, et dans quelques médias « modérés » des pays arabes, le nom même du parti est couplé à des termes comme « fondamentaliste », « radical », « terroriste ». De toute évidence, cela sert à créer un réflexe de peur qui empêchera que le mot soit évalué de façon critique et objective. L'auditeur identifiera immédiatement le Hamas avec une connotation négative, ce qui l’exemptera de sa responsabilité de comprendre qu'il s'agit d'une manipulation de la réalité. L'auditeur est censé accepter les affirmations que le Hamas est « anti-démocratique » et « fanatique ». C'est ensuite un jeu d'enfant de convaincre l'auditeur que le-Hamas-est-mauvais, qu'il est l'ennemi-de-tout-ce-que-nous représentons (à nos propres yeux la tolérance, la démocratie, en un mot la Bonté). Il devient alors possible d'étendre cette lecture à la conviction que des actions doivent être entreprises contre eux, qu'ils sont un « cancer dont il faut se débarrasser », comme l'a dit Noa, la pacifiste institutionnelle de service.

Comment éradique-t-on un cancer, une fois qu'il a été diagnostiqué ? Par l’ablation ou le bombardement. Pour traiter un cancer, on « bombarde » même les parties saines du corps avec des produits chimiques, en attendant de voir si, après la bataille, le corps conserve encore suffisamment de parties saines pour permettre que l'organisme continue d'exister. Une fois que vous avez mis dans la tête de millions de gens l'idée que la destruction est une bonne chose parce que l'ennemi ferait énormément de dégâts et de mal  si on lui permettait de continuer à  exister, vous pouvez estimer  que le risque de pousser l'organisme tout entier à sa tombe en l'affaiblissant considérablement vaut la peine d’être couru.

C’est un moyen de justifier des actions qu’ils ne voient eux-mêmes pas comme thérapeutiques mais qui sont une pure horreur.

Comment en est-on arrivé à ce que le monde se laisse ainsi berner et permette qu'Israël détruise Gaza pour « se débarrasser du Hamas » ? C’est très simple, et c'est toujours la même réponse : Israël et ses alliés font dans la désinformation.

Ceux qui gratteront légèrement sous les manchettes grandiloquentes des journaux découvriront quelques faits enfouis qui contrediront le titre manipulatoire, mais il n'y a pas beaucoup de gens qui iront aussi loin, étant donné qu'ils sont confrontés à quelque chose qui comporte un élément de vérité profondément enfoui.

Comme si cela n'était déjà pas suffisamment problématique, même les « progressistes » n’ont pas démérité pour rendre le Hamas intouchable. Ils peuvent aller jusqu'à l'accepter comme un « mouvement de résistance », mais ils ne permettront pas à leur parti-pris idéologique personnel de voir le Hamas comme une force de progrès pour l'avancement de son propre peuple. Peut-être par conviction, convenance ou même manque de recherche, ou par un aveuglement qui ne permet aucune variante au thème de la lutte des classes, où tout est « international » et où le même type de règles et d'idéaux sont considérés comme applicables et nécessaires à tous, allant, dans certains cas, jusqu'à « importer la démocratie » sous diverses formes plus ou moins agressives.

Ces gens, dont beaucoup sont armés de bonnes intentions, ont mâché, avalé et recrachent quelques-uns des mensonges éhontés et des distorsions qui font partie de la mythologie créée en Israël et en Occident principalement par les adversaires du Hamas,.

Quels sont les éléments constitutifs de cette mythologie ?


1) Le Hamas a été créé par le Mossad israélien.
2) Le Hamas représente une portion marginale des Palestiniens.
3) Le Hamas est devenu juste assez démocratique pour pouvoir obtenir une certaine légitimité pour ensuite s'emparer des Territoires palestiniens et les transformer en un État islamique.
4) Sa victoire aux élections n’a été rien de plus qu'un vote de protestation contre la corruption du Fatah.
5) Le Hamas est composé d'un tas d'analphabètes et ses électeurs se sont laissés entraîner par leur propre ignorance.
6) Le Hamas est un groupe fondamentaliste et donc inflexible et incapable de toute modification ou évolution. La Charte souvent citée est utilisée contre lui pour souligner qu'il n’est qu'un groupe radical, destructif, programmé pour  la Guerre Sainte.
7) Le Hamas ne cherche à faire aucun compromis avec les autres partis politiques ou factions palestiniens et est donc l’élément diviseur qui empêche l'unité du peuple.
8) Le Hamas œuvre à endoctriner son peuple avec une propagande haineuse, pour l'utiliser comme chair à canon.
9) Le Hamas est un groupe terroriste qui n'existe que grâce au financement de « régimes fondamentalistes »


Que le Hamas ne soit qu’un mouvement de résistance a été clairement démenti par les élections, mais cela semble être le postulat sur lequel les activistes peuvent se regrouper pour se permettre de le tolérer, tout en souhaitant sa disparition rapide. Il n’est alors pas considéré comme ayant un véritable héritage en tant que parti politique qui pourrait être comparé à ceux des « nations démocratiques » de la « communauté internationale », et ainsi, l’analyse peut rester à un niveau élémentaire se prêtant à des généralisations hâtives.

Je prie mes lecteurs de bien vouloir me pardonner tous ces guillemets, mais ces mots deviennent vraiment ironiques et vides de sens réel lorsqu'ils sont appliqués aux objets désignés par les docteurs ès-manipulation d'information, dont la tâche consiste à faire le jeu des puissances hégémoniques. Comment une poignée minoritaire de nations qui s'opposent systématiquement à la volonté du reste de la communauté mondiale à l'ONU peut-elle être considérée comme la « communauté internationale » ? C'est un club de garçons qui exclut pratiquement tout le monde. Comment un pays qui met aux affaires le candidat qui a obtenu le plus petit nombre de votes peut-il être appelé une « démocratie » ? C'est lorsque nous commençons à nous poser des questions sur nos propres fondements que nous pouvons détecter qu'il y a beaucoup de connivence à présenter toute opposition comme un ennemi étranger aux paradigmes qui nous paraissent être au cœur de nos attentes sur la façon d'instaurer un monde juste et équitable.

Il est temps de déconstruire quelques-uns de ces mythes en leur opposant des faits.

1) Le Hamas n'a pas été créé par le Mossad. Bien qu'Israël aime s'attribuer le mérite de bien des choses, celle-ci n'est pas de leur fait. L'Islam politique est présent en Palestine depuis le début des années 40, dans la Palestine mandataire, et le Hamas est né au sein des Frères Musulmans (Ikhwan), auxquels était officiellement affilié nombre de ses premiers dirigeants. C'est l'expérience de la condition de réfugiés qui a transformé le Hamas en un élément plus autonome, avec une base nationaliste particulière, résultat naturel de la situation humaine urgente et réelle de déplacements et de perte d’identité culturelle et nationale.
Ce groupe a eu des relations étroites avec la base égyptienne, et les premiers bureaux des Ikhwan en Palestine furent ouverts à Gaza en 1945, dirigés par un membre de l'une des plus importantes familles de la région, Cheikh Safer Al Shawwa. Pendant la première guerre arabo-israélienne, des volontaires islamistes ont renforcé les rangs, venant principalement de Jordanie et de Syrie, et ce soutien a montré aux réfugiés que les Ikhwan avait le courage de se défendre, même pendant la « guerre d'indépendance d'Israël ». Le nombre croissant de réfugiés a donné une identité et une motivation plus fortes au mouvement islamiste en Palestine. Par conséquent, dans la société civile et dans la population en général, il n'était nul besoin d'une motivation venant d'une autre source pour pouvoir faire ce serment : « Je jure d'être un bon Musulman dans la défense de l'Islam et de la terre perdue de Palestine. Je jure d'être un bon exemple pour la communauté et pour les autres. » Telles étaient les paroles prononcées par ceux qui juraient loyauté aux Ikhwan en Palestine (source : Beverly Milton Edwards, Islamic Politics in Palestine, p. 43). Les Ikhwan locaux avaient leur propre programme, défendre sa terre perdue. Le fanatisme, l'influence extérieure ou même la propagande n'étaient pas nécessaires.

Les réfugiés eux-mêmes étaient la preuve vivante des horreurs et de la souffrance de la déportation. L'identification comme partie d'un mouvement international fut concomitante à la reconnaissance de la particularité de l'expérience palestinienne. La création officielle (du Hamas), le 9 Décembre 1987, ne fut que l'aboutissement d'une organisation à l’œuvre depuis des décennies. La résistance islamique organisée fut ensuite utilisée lorsque la situation s'est précipitée de façon spectaculaire en 1967 et une nouvelle génération de réfugiés est née. Pour cette génération, le retour à l'Islam fut considéré comme une nécessité pour l'avenir moral et politique d'un peuple qui avait été littéralement détruit. Beaucoup voyaient la Nakba comme le résultat de la distanciation d'une société normale, la société palestinienne, dont les valeurs éthiques, religieuses, culturelles et traditionnelles avaient été dévastées par l'occupation, et la descente vers davantage de dégradation, de pauvreté, de privation des droits civiques et d'instabilité sociale étaient considérées non seulement comme le résultat de l'occupation, mais comme une partie de sa cause.

La « communauté internationale » n'est pas venue au secours de ces gens, le reste de l’Oumma  n'a pas pris part à leur lutte nationale, en grande partie parce qu'il n'était pas directement concerné, ou même interdit d'y participer. La douleur extrême et la honte de perdre son pays furent à l'époque un élément nouveau dans une région où la colonisation précédente avait évité d'expulser les habitants autochtones, et jeter dehors les usurpateurs n'était pas compliqué par la perte totale de racines et d'un territoire.

La base de la dimension formelle du Hamas était ainsi présente depuis des décennies avant sa naissance officielle. Pour fonctionner sous le joug de l'occupation, ces groupes organisés existants ont créé pour leur population des associations caritatives et de bienfaisance. Israël a toléré ces institutions dans les Territoires Occupés et leur a concédé quelques marges de manœuvre en leur octroyant des autorisations. Comme l'a dit le Général Yitzhak Sager dans un entretien avec le International Herald Tribune en 1981, le gouvernement israélien « […] a donné de l'argent que le gouverneur militaire a alloué aux mosquées […], les fonds ont été utilisés tant par les mosquées que par les écoles religieuses, dans le but de renforcer un projet qui pourrait s’opposer à celui de la gauche qui était favorable à l'OLP. » Si Israël a trouvé quelques motivations à s'impliquer, ce fut réellement dans le sens de « diviser pour mieux régner » ; un peu de tolérance, un peu de soutien économique aux diverses associations religieuses pour voir si une opposition aux nationalistes de l'OLP se développerait. Israël ne cherchait en fait que le moyen d'affaiblir l'OLP, qui jouissait d’un soutien certain en Occident, et les Israéliens n'ont ni fondé ni financé de manière significative important, ni influencé en aucune façon un mouvement qu'ils pourraient d'une manière ou d'une autre infiltrer ou contrôler. C'est de la pure mythologie. Pourquoi donner à Israël un crédit qui ne lui revient pas ?


2) Que Hamas ne représente qu'une partie marginale des Palestiniens est un autre mythe à déboulonner.

Il est bien entendu exact que tous les Palestiniens ne sont pas des réfugiés, de même qu'il est exact que la quasi-totalité des dirigeants du Hamas sont nés en exil ou qu'ils ont été soumis, à un moment donné, à l'expérience de l'expulsion et de la perte de leurs maisons et de leurs biens. Il s'agit de l'expérience palestinienne centrale, et il est vrai que même les (quelques) Palestiniens qui n'ont pas été déracinés s'identifient à la perte de leur identité culturelle et nationale, et tous savent que leurs aspirations nationales et la cohésion en tant que groupe ont été détruites par Israël. Ainsi, même un mouvement ou un parti qui a sa propre identité dans les camps de réfugiés et en exil ou dans ses racines religieuses, est reconnu comme un représentant intrinsèque, légitime et naturel des Palestiniens dans leur ensemble. Ils ont même obtenu un vote majoritaire dans des secteurs de Cisjordanie qui n'étaient pas considérés comme des bastions du Hamas, comme ils ont eu les voix de nombreuses zones chrétiennes.


3) Que le Hamas se soit « juste suffisamment démocratisé » pour pouvoir mettre son pied dans la porte, première étape pour imposer un État islamique sur l'ensemble de la Palestine est un mythe très largement répandu, en particulier dans les cercles progressistes qui ne reconnaissent pas la popularité du mouvement, ou qui ont un préjugé idéologique contre tout mouvement religieux. Il y a beaucoup à dire en faveur de la séparation de l'Église et de l'État, mais ce n'est évidemment pas un postulat qui peut être imposé de loin, et de plus, de nombreux niveaux de séparation sont à prendre en considération. Ceux qui souscrivent à l'argument que le « Hamas gagne du temps avant d'introduire la Charia » ont tendance à nier qu'une démocratie a certaines caractéristiques, et que ce n'est pas nécessairement synonyme de « laïcité ». Lorsque le mot « démocratie » est appliqué correctement, il a certaines caractéristiques que le Hamas réunit. Il jouit d'un consensus populaire. Il a une structure interne autonome et reconnue comme légitime par ses électeurs.

Il suit les règles des élections, réunissant les conditions de participation. Une fois élu, il assume son rôle au sein du système existant, n'a pas renversé ou organisé des coups d'État contre les structures établies. C'est un mouvement politique avec plusieurs factions (certaines d'entre elles armées, comme c'est le cas de nombreux partis dans des pays sous occupation, le Fatah inclus), avec une histoire et une organisation. Un large débat existe parmi ses membres, y compris ceux qui sont des prisonniers politiques, avant de prendre des décisions, et la majorité décide des actions à mener. Ce qui le différencie des partis que les Occidentaux connaissent, c’est que les dirigeants au plus haut niveau n'assument généralement pas des rôles d'administration. Ce qui est compréhensible dans un parti où de nombreux dirigeants sont systématiquement assassinés par Israël. Que le directeur politique actuel, Khaled Mechaal, soit obligé de vivre en exil après avoir été victime d'une tentative d'assassinat en dit plus sur cette situation anormale que beaucoup de mots.
flags suhaib salem

4) Que la victoire du Hamas aux élections du Conseil Législatif ne fut rien d'autre qu'un vote de protestation (encore une autre théorie favorite de la gauche) fut brillamment contredite par Paola Caridi dans son très bon livre (en dépit du sous-titre sensationnaliste), Hamas  Che cos'è e cosa vuole il movimento radicale palestinese (Hamas. Ce qu’est et veut le mouvement radical palestinien) , publié par Feltrinelli et disponible seulement en italien pour le moment.
Ci-dessous la traduction d'un certain nombre de paragraphes qui traitent de cette question.

« Il y a une raison politique précise pour laquelle la majorité des Palestiniens a voté pour le Hamas. C'est une raison qui a trait à la décision officielle prise par le mouvement islamique le 23 janvier 2005 (un an avant les élections législatives, NdT) : une trêve unilatérale, décidée avec le Jihad Islamique (qui l'a rompue à plusieurs reprises), qui transformait les paroles en actes : que ce serait la fin d'une saison d'attaques suicides lancées par le Hamas à l'intérieur d'Israël, dans les limites de l'armistice de 1949, en d'autres termes l'Israël à l'intérieur de la Ligne Verte. La fin des attaques suicides dans les villes israéliennes, mettant substantiellement fin à l'Intifada aussi comme choix participatif (du Hamas) est interprétée par la population palestinienne comme une proposition politique précise : une alternative à ceux qui l’avaient gouvernée et contrôlée, ayant l'hégémonie jusqu'à ce moment-là. Une proposition qui pose en même temps de nouvelles limites de facto à la stratégie de résistance du Hamas. Le mouvement islamiste n'a donc pas été choisi seulement pour protester contre la corruption, le favoritisme et l'inefficacité du Fatah, qui, en tant que parti, est souvent confondu avec l'Autorité Palestinienne. La corruption, le favoritisme et l'inefficacité qui sont liés, au moins du point de vue temporel, à l'échec des Accords d'Oslo et aux 'faits accomplis' réalisés par les Israéliens.
Les gens du Hamas ont été considérés comme des gens sérieux, qui ne s'étaient pas enrichis aux dépens de la population, et de fait, ils continuaient à vivre dans des quartiers normaux et dans les camps de réfugiés. » (Caridi, p. 171).


5) Une calomnie extrêmement insultante, souvent répétée, est que les partisans du Hamas et ses dirigeants sont une « bande d'analphabètes » ou de « fanatiques religieux ». Le constat que pratiquement tous les dirigeants du Hamas sont (ou furent, le passé est de rigueur étant donné le nombre d'assassinats) des diplômés de l'université dans des domaines allant de la médecine à la physique et au droit, de l'économie à la théologie, témoigne en lui-même que cette calomnie ne vise qu'à les salir et à les peindre comme des gens qui n'ont lu que des textes religieux et qui sont donc « sous-développés », comparés à d'autres mouvements. L'enseignement a toujours été l'un des piliers du Hamas et de son travail caritatif. Nul besoin de le dire aux Palestiniens, pour qui c'est une réalité ; dans beaucoup de cas, sans ce fondement, ils auraient été laissés pour compte dans ce domaine.

6) L’inflexibilité du Hamas est un autre mythe, évoqué en particulier lorsqu'on parle de la Charte de 1988 (Mithaq). Le Cheikh Hamed Bitauri, « autorité religieuse de Naplouse », président de l’Association des oulémas palestiniens, connu pour ses positions radicales, n'a aucun problème à confirmer que « la Charte n'est pas le Coran. Nous pouvons la modifier. Elle n'est que la synthèse des positions du mouvement islamiste dans ses relations avec les autres factions, et de sa politique. »

Aziz Dweik, fondateur de l'Institut de Géographie à l'Université de Naplouse, qui deviendra plus tard Président du Conseil Législatif Palestinien après les élections de 2006, et qui fut emprisonné dans les geôles israéliennes dès l'été de la même année, a même été plus loin, déclarant la nécessité politique et pragmatique de se distancier de la Mithaq de 1988 à Khaled Amayreh, journaliste palestinien sensible aux positions islamistes, à qui il a dit que « le Hamas ne resterait pas l'otage des slogans rhétoriques du passé comme celui de la 'destruction d'Israël'. » (Khalid Amayreh, "Hamas Debates the Future: Palestine's Islamic Resistance Movement Attempts to Reconcile Ideological Purity and Political Realism", in Conflicts Forum, Nov. 2007, p.4) (Caridi p. 90).

Haniyeh a mentionné en maintes occasions que la Charte avait été dépassée dans sa substance par d'autres documents officiels, dont le plus important est le Programme Électoral de la Liste « Changement et Réforme » (la liste sous laquelle le Hamas a participé aux élections). Ce programme est structuré comme un document qui va bien au-delà des besoins d'une campagne politique, selon le dirigeant du Hamas, et il indique la politique du mouvement. Il n'a pas été écrit dans le feu évolutionnaire de l'Intifada, et il reflète l'évolution du parti. Les changements ne sont pas idéologiques, mais plutôt de nature stratégique et politique. Les positions ont été réitérées tellement de fois lors d'interviews ou d'interventions publiques qu'il semble incroyable que la complexité et la maturité du Hamas ne soient pas évidents pour tout le monde. Il est clair que les membres du Hamas se consacrent toujours à la libération de la Palestine, mais ils tentent d'y parvenir par la réaffirmation des droits du peuple, sachant parfaitement qu'en tant que parti, le Hamas n'est pas équipé pour renverser l'occupation de façon pratique, ni pour détruire ce qu'ils reconnaissent comme une réalité.

Beaucoup d'entre nous, qui suivent les événements du Moyen-Orient, espèrent qu'ils ne cèderont pas au pragmatisme au point de reconnaître Israël non seulement comme une réalité, mais comme un « État juif ». Cependant, nous devons observer depuis les coulisses et évaluer les faits. La population de Palestine sera vigilante sur les droits qui auront été abandonnés, si cela arrive, et beaucoup d'entre nous croient que le dos au mur, ils ne capituleront pas et ils ne perdront pas ce qu'ils savent être à eux pour des raisons d'opportunité politique. Le Hamas, lui aussi, est conscient de ce fait.


7) Le Hamas a été beaucoup moins scissionniste que son homologue de principe, le Fatah.
Le « coup d'Etat » de Gaza, qui a choqué et attristé le monde, fut en réalité une mesure préventive pour déjouer la prise de pouvoir planifiée par les forces du Fatah fidèles à Dahlan (en collaboration avec Israël). Le fait que le Hamas soit le parti qui a obtenu la victoire, par son propre peuple, n'a jamais été reconnu par la « communauté internationale » qui avait néanmoins poussé à des élections et insisté sur le fait que c'était une nécessité pour les Palestiniens, parce que cette reconnaissance aurait accordé une légitimité à la résistance et serait devenue la politique au sein de l'organe de gouvernement ; le rejet des négociations avec Israël, considérées comme subalternes, et qui étaient la politique du Fatah, avait été officiellement approuvé par le peuple et cela n’aurait été qu'une question de temps avant que ce programme devienne politique de gouvernement.

Ainsi, toute mesure des « forces de sécurité » du Fatah pour s'emparer de Gaza était de fait un coup d'État. Mais en regardant en arrière des événements qui ont été alimentés par la désinformation, on peut dire que le bain de sang tragique entre Palestiniens a empêché le véritable renversement de la démocratie qui aurait eu lieu si Dahlan en avait eu la possibilité. Encore et encore, le Hamas a cherché à travailler avec le parti d'opposition ; ce que ce dernier ne pouvait tolérer, dans le vain espoir que l’avantage économique et politique dont l’a gratifié le « club de garçons » ( voir plus haut) lui permettrait de rester au pouvoir, même en l'absence d'un mandat populaire.


8) Il n'est pas nécessaire de faire de la propagande pour montrer aux Palestiniens, dans les territoires occupés et en exil, et même pour nombre d'entre eux à l'intérieur d'Israël, la destruction continue de leur civilisation et de leur peuple.
Blocus, bombardements, assassinats, guerres, check points, humiliations, restrictions, séparations des familles, emprisonnements et abus ne sont pas des incidents isolés, mais le pain quotidien de la vie palestinienne. Nul besoin d'inventer une rage contre un ennemi fantasmagorique. Il y en a un, bien réel, qui soumet les gens de tous âges et de toutes conditions à l'humiliation, à la privation et à la mort. Montrer un homme en costume de souris pour insister sur le fait que des enfants sont endoctrinés dans la haine peut très bien marcher sur des masses non informées, mais il suffit d'un coup d'œil à la réalité pour se rendre compte que Farfour (1) est la manière la plus douce pour qu’un enfant assimile qu'il ou elle est un prisonnier condamné à vie à souffrir de la manière la plus atroce, pour être né comme un être inférieur aux yeux des oppresseurs.


9) Le pire des diffamations contre le Hamas est celle qui consiste à faire de lui le symbole du mal : qu'il est un groupe terroriste, financé par des « États voyous de l'Axe du Mal ».
Ayant à l'esprit que leur financement est colossalement inférieur à l'ensemble de l' « aide militaire » et économique fournie officiellement à Israël par les USA, le Canada et beaucoup d'autres pays de la « communauté internationale », pourquoi le constat d'un financement étranger serait-il considéré comme inacceptable, alors que c'est simplement la manière dont Israël est maintenu à flot par des milliards de dollars annuels officiels, et Dieu seul sait combien d’autres financements affluent par les milliers d' « associations de bienfaisance » qui sont à peine plus que des couvertures pour l'immigration de masse en Israël, pour contrer la croissance arabe ?

Si le sionisme et ses organisations caritatives sont considérées comme légitimes et nobles, pourquoi les organisations islamiques sont-elles mises sur liste noire, et leurs donateurs traités comme s'ils finançaient le terrorisme ? Il y a là deux poids - deux mesures.

Que le Hamas ait rejeté les opérations terroristes contre des civils et l’ait fait au service d'une amélioration réaliste des conditions de vie de son peuple est un fait authentifié, corroboré par rien moins que le Service de la Recherche du Congrès des Etats-Unis, groupe d'experts qui propose sa vision conservatrice et amie d'Israël au Congrès, pour qu'elle devienne une politique.

En fait, dans le document coordonné par Jim Zanotti, « Israel and Hamas, Conflict in Gaza (2008-2009) », nous voyons que la « raison » invoquée pour l’attaque contre la Bande de Gaza, à savoir « la nettoyer du Hamas » et les roquettes tirées sur le territoire israélien, n'était rien d'autre qu'une excuse que l'Occident a bu avec délectation comme si c'était du jus de cerise. Il a été admis que les roquettes extrêmement rudimentaires n'avaient PAS été tirées par le Hamas, et de plus, le Hamas était considéré comme étant capable et désireux de mettre fin aux attaques. Il est significatif que les premières victimes des attaques israéliennes contre Gaza furent les forces régulières de police, qui venaient juste d'être formées, peut-être aussi dans ce but. Zanotti écrit :

« Pendant les cinq premiers mois, le cessez-le-feu a relativement bien tenu. Quelques roquettes ont été tirées sur Israël, et, progressivement, le Hamas est apparu comme de plus en plus capable et désireux de mettre fin aussi à ces attaques. Aucun mort israélien n'a été signalé (bien qu'il y ait eu des blessés et des dégâts matériels) et Israël s'est abstenu de représailles.
« Néanmoins, chaque partie a estimé que l'autre violait les termes d'un cessez-le-feu tacite. Le Hamas a demandé - sans succès – qu’Israël lève son blocus économique de Gaza, tandis que ‘Israël demandait –également sans succès - l'arrêt total des tirs de roquettes et des progrès quant à la libération du caporal israélien Gilad Shalit détenu par le Hamas.
« Israël a cité des tirs de roquettes sporadiques comme prétexte pour maintenir la fermeture des passages frontaliers et du port de mer de Gaza à pratiquement tout sauf aux fournitures humanitaires de base.
« Le Hamas, et d'autres dirigeants arabes, ainsi que quelques organisations internationales et non gouvernementales impliquées dans l'aide aux civils de Gaza se sont plaints qu'Israël revenait sur ses promesses en vertu de l'accord tacite de cessez-le-feu. »
Comme si cela ne suffisait pas, l'auteur, qui n'a certainement aucune sympathie pour le Hamas, fait des déclarations sur les suites de la guerre où même Israël admet que le Hamas n'était pas responsable des tirs de roquettes :
« Depuis le début du cessez-le-feu unilatéral d'Israël, le 18 janvier 2009, il y a eu environ 40 lancers sporadiques de roquettes sur le sud d'Israël, beaucoup moins que la moyenne quotidienne avant l'Opération Cast Lead. De plus, des responsables israéliens pensent que des groupes militants palestiniens plus petits, comme le Jihad Islamique et les Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, et non le Hamas, ont tiré les roquettes, comme ils l'ont fait pendant le cessez-le-feu (bien qu'il soit possible que le Hamas ait facilité ou donné son accord à ces tirs tout en préservant ses possibilités de le nier). »

Ainsi, les Israéliens se sont servis de l'excuse de tirs de roquettes par le Hamas pour justifier son élimination (en détruisant la totalité de Gaza) par ce qu'ils ont appelé « des opérations militaires », mais le reste de l'humanité sait que ce fut une guerre, tout en sachant pertinemment que le Hamas n'avait ni lancé ni facilité les tirs des roquettes ; toutes les excuses qu'ils sortent de leur chapeau pour justifier leurs actions devraient d'ailleurs tomber dans l'oreille de sourds.

Les plaintes sur la contrebande d'armes par les plus rudimentaires des tunnels devraient être prises avec des pincettes lorsque nous voyons les crédits du Budget de la Défense pour le programme US-israélien de défense anti-missiles dans ce même Rapport au Congrès. Le Dôme de Fer, la Fronde de David et autre « aide militaire », qui coûtent au citoyen usaméricain des milliards de dollars, sont brièvement décrits.

Pour chaque container de cinq roquettes inefficaces qui est passé en contrebande par un tunnel, les USA envoient une pleine cargaison d'armes et des caisses de devises qu'Israël dépensera pour ses « besoins » militaires. Là aussi, le deux poids-deux mesures fait couler le sang innocent, en violation du droit international et au détriment de votre argent durement gagné. Là encore, extrait du Rapport du Congrès :

« Israël pourrait avoir utilisé des plates-formes d'armes et de munitions achetés aux USA dans ses opérations militaires à Gaza, dont, parmi d'autres, des avions F-15 et F-16, des hélicoptères Apache, et, selon des articles de presse israéliens, des mini-bombes GBU-39 guidées par GPS dont le 110ème Congrès a approuvé la vente suite à une notification de septembre 2008. »

De plus, toutes les trêves unilatérales entre Israël et le Hamas (demandées par le Hamas, pas par Israël) ont été violées, chaque fois par Israël. Dans de nombreux cas, par des incursions dans les Territoires Occupés, que le droit international interdit puisque les populations civiles (même si les colons sont partis, Gaza est maintenue sous siège par Israël) doivent être protégées par l'occupant, et non attaquées. Israël, en utilisant des armes et des avions fournis par les bonnes grâces du peuple des USA, a bombardé des rues où des cibles (des hommes politiques et religieux qu'Israël qualifie de « militants », si ce n'est pire) avaient été localisées, tuant de manière indiscriminée quiconque se trouvait à portée, y compris des enfants. Si ce n'est pas du terrorisme, c'est que ce mot n'a aucun sens.


Ce ne sont que quelques-uns des mythes en circulation. Ils représentent seulement une partie des mensonges, de la désinformation et de la propagande qui circulent sur l'un des principaux partis palestiniens, né de l'intérieur, se développant comme tous les partis le font, de la base, et légitimé par des élections équitables et légales.

Déconstruire ces mensonges est un devoir. Il n'est pas nécessaire d'être d'accord avec l'ensemble du programme du Hamas, mais il faut reconnaître qu’il est complètement différent de l'image produite par le carcan médiatique dans lequel il a été enfermé. Ce que dit Jessica Rabbit dans le film Qui veut la peau de Roger Rabbit  pourrait tout à-fait s'appliquer au Hamas : « Je ne suis pas mauvaise, je  suis juste dessinée comme ça. »

Note

(1) Farfour  (فرفور — papillon en arabe) est le nom d'un personnage de fiction apparaissant dans cinq épisodes (avril à juin 2007) de l'émission Les Pionniers de demain sur la chaîne de télévision Al-Aqsa TV, affiliée au mouvement palestinien Hamas. Farfour a les traits physiques de Mickey Mouse.
Créé par Hazim Al-Sha'arawi, directeur de Al-Aqsa TV, les Pionniers de demain est une émission destinée au public enfantin mais qui n'en est pas moins extrêmement politisée. Chaque émission dure une heure, pendant laquelle Saraa, une petite fille voilée d'un hijab répond aux appels téléphoniques d'autres enfants, accompagnée d'un adulte qui porte le costume de Farfour et parle avec une voix aigüe. Les enfants et Farfour chantent des chants patriotiques ou guerriers et déclament des slogans politiques, appelant notamment (…) à la fin de l'occupation de l'Irak par les forces américaines. L'émission a aussi un contenu religieux, pédagogique.
Dans l'émission du 27 juin 2007, Farfour est battu à mort par un homme noir représentant Israël, qui lui extorque des titres de propriété. La souris est alors déclarée martyr par Saraa. (…) (wikipedia)
           




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Source : Palestine Think Tank- Hamas – They’re not bad, they’re just drawn that way
Source de cette traduction :
http://www.ism-france.org/news/article.php?id=13020&type=analyse&lesujet=R%E9sistances
et www.recogniseresistance.net
Sur l’auteure

Mary Rizzo est membre de
Tlaxcala
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dimanche 22 novembre 2009

Les musulmans peuvent crever. Leurs pays sont parmi les mieux armés pour se tuer entre eux, mais le paradis n’est pas garanti

par IAY, 22/11/2009


On apprend ces derniers jours que les ventes d’armes US à l’export ont explosé en 2009 pour atteindre les 38,1 milliards de dollars.

Les chiffres fournis par le Pentagone nous informent notamment que les principaux acheteurs sont (chiffres en milliards de dollars) :
Les Emirats Arabes Unis (7,9),
l'Afghanistan (5,4),
l'Arabie Saoudite (3,3),
Taïwan (3,2),
l'Egypte (2,1),
l'Irak (1,6).

Rassurons-nous, ce ne sont que les ventes des USA, certes le plus gros exportateur d’armes, mais pas le seul. Un récent rapport du gouvernement français confirme que la France est le quatrième exportateur d’armes pour un montant de 6,58 milliard d’euros, soit environ 9,7 milliard de dollars. Selon ce rapport, le Maroc, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis sont en tête des acheteurs d’armes françaises.

Et que mes frères algériens ne s’inquiètent pas s’ils ne voient pas le nom de l’Algérie cité. En fait le Rapport de 2009 sur l’armement de l’Institut de Recherche pour la Paix Internationale nous apprend que l’Algérie est le troisième acheteur d’armes de la Russie, avec le budget militaire le plus élevé en Afrique pour un montant de 5,2 milliards de dollars.

Ce rapport nous apprend aussi que les Emirats Arabes Unis sont le troisième plus gros importateur d’armes dans le monde derrière la Chine et l’’Inde.

En terme de budget militaire, l’Arabie Saoudite a le neuvième budget de dépenses militaires dans le monde en 2008 avec un montant de 38,2 milliards de dollars !

Le Pakistan est aussi un gros acheteur d’armes, des USA, de la Chine et de la France.

Et quant est-il alors de l’ennemi (l’ami ?) sioniste israélien ? Son budget de défense 2009 s’élève à 13 milliards d’euros, soit environ 19,3 milliards de dollars. Mais à la différence des ses ennemis (amis ?) arabes et musulmans qui sont des gros acheteurs, l’entité sioniste est un gros vendeur d’armes. Le rapport du gouvernement français le place en cinquième place parmi les exportateurs d’armes. Mais lui, il confirme détenir le quatrième rang.

Par conséquent, les pays arabes et musulmans sont parmi les mieux armés dans le monde, des armes achetées essentiellement aux USA, à la France et à la Russie.

Un véhicule blindé italien lors du salon Idex à Abou Dhabi, en février 2009. IDEX est la plus importante foire-expo de vente de d’armes du Moyen-Orient (Photo SIPA)


Faisons un petit dessin :
En Palestine, l’ennemi (l’ami ?) sioniste utilise ses armes pour massacrer nos frères et sœurs palestiniens.
En Irak, ceux qui vendent des armes aux musulmans, massacrent nos frères et sœurs irakiens.
En Afghanistan, ceux qui vendent des armes aux musulmans, massacrent nos frères et sœurs afghans.
Au Pakistan, ceux qui vendent des armes aux musulmans, utilisent leurs drones pour massacrer nos frères et sœurs pakistanais.
En Tchétchénie aussi, la Russie n’hésite pas à massacrer nos frères et sœurs tchétchènes.
Etc.

Mais :
En Irak, des Irakiens tuent des Irakiens.
En Afghanistan, des Afghans tuent des Afghans.
Au Pakistan, des Pakistanais tuent des Pakistanais.
En Arabie, des Arabes saoudiens et des Arabes yéménites se tuent entre eux.
En Somalie, des Somaliens tuent des Somaliens.
Au Soudan, des Soudanais tuent des Soudanais.
Et puis, cerise sur le gâteau, et le comble des combles, des Algériens et des Égyptiens se tuent entre eux pour un ballon de merde (excusez ma vulgarité).

Cependant :
Notre gouvernement français nous dit qu’il y a une crise identitaire en France, et le révélateur de cette crise est en fait une arme de destruction massive (ADM) aussi réelle que celles dont les photos ont été exposées par Collin Powell devant l’assemblée nationale de l’ONU en 2003 pour déclencher la guerre contre l’Irak. Cette ADM découverte par un député communiste et reprise par le Président français, s’appelle le burqaniqâb, scientifiquement appelée le « Voile intégral ».

Pendant ce temps :
Le Président français se rend ce 17 novembre 2009 au ranch du Roi Abdullah en Arabie Saoudite, le pays qui a avec l’Afghanistan, le plus grand nombre de femmes portant le « voile intégral », dans l’espoir de conclure des contrats d’une quarantaine de milliards d’euros (un peu moins de 60 milliards de dollars).


Nicolas Sarkozy et le roi Abdallah le 17 novembre 2009 (Reuters)


Mais les Emirats Arabes Unis restent pour le moment le premier client de la France dans le Moyen-Orient.

De plus :
La France change sa constitution pour se jeter dans les bras des finances islamiques et attirer quelques centaines de milliards d’euros.

Et quand je me souviens que :
Ariel Sharon et son gouvernement n’hésitaient pas à s’inquiéter de la situation des juifs et de l’antisémitisme en France, voire même de leur demander de faire leurs valises pour "retourner" en Israël,

Alors :
Vu qu’on continue à acheter des armes pour tuer d’autres musulmans, et vu qu’on continue à signer des gros contrats mais sans qu’à priori on ne glisse aucun mot pour demander à la France de laisser ses musulmans tranquilles, je ne peux que me demander si ces chefs arabes et musulmans accordent la moindre importance à leurs « frères et sœurs » dans l’islam ou dans l’arabité, que ce soit dans les pays arabes et musulmans, ou en France et ailleurs ?

Moralité :
La balle est plus que jamais dans notre camp ici en France ou ailleurs. On ne peut compter que sur nous-mêmes pour mettre de l’ordre dans nos rangs et faire bien les choses avec nos concitoyens qui refusent ce dictat des puissants. Le soutien d’Allah viendra sans aucun doute.

Ne blâmons pas autrui, car comme disait l’imam al-Shafi’i (الإمام الشافعي) :
نعيب زماننا والعيـب فينـا وما لزماننا عيـب سوانـا
ونهجوا ذا الزمان بغير ذنبٍ ولو نطق الزمان لنا هجانـا
وليس الذئب يأكل لحم ذئبٍ ويأكل بعضنا بعضا عيانـا
Nous blâmons notre époque et le défaut est en nous *** D’ailleurs notre époque n’a d’autre défaut que nous
Et nous critiquons cette époque à tort *** Mais si l’époque nous parlait, elle nous aurait critiqués
Tu ne trouveras jamais un loup dévorant un autre loup *** Et nous nous dévorons entre nous en public

Jugeons-nous sans nous abattre et œuvrons pour le bien en nous rappelant la parole d’Allah :
وَقُلِ اعْمَلُواْ فَسَيَرَى اللّهُ عَمَلَكُمْ وَرَسُولُهُ وَالْمُؤْمِنُونَ وَسَتُرَدُّونَ إِلَى عَالِمِ الْغَيْبِ وَالشَّهَادَةِ فَيُنَبِّئُكُم بِمَا كُنتُمْ تَعْمَلُونَ
Dis : « Agissez ! Allah appréciera vos œuvres, ainsi que le Prophète et les croyants. Et puis vous serez ramenés vers Celui qui connaît l’invisible et l’apparent, Il vous renseignera sur ce que vous aurez fait ». (Sourate 9, Le Repentir, verset 105).


mercredi 18 novembre 2009

Afghanistan : Le pioupiou à une brique

Un soldat US en Afghanistan coûte 1 million de dollars par an.
68 000 soldats= 68 milliards
Si Obama décide de satisfaire a demande du Général MacCrystal d'envoyer des renforts :
40 000 soldats de plus = entre 40 et 54 milliards
Budget militaire US prévu en 2010 : 734 milliards de dollars
Déficit budgétaire US actuel : 1 400 milliards de dollars
À part ça, tout va bien


mardi 17 novembre 2009

Le "parler vrai" d'Hillary

"Nous n'avons pas d'illusions. Nous n'en sommes plus aux jours de jadis lorsque les gens venaient dans votre émission et parlaient de la façon dont nous allions aider les Afghans à construire une démocratie moderne, un État fonctionnant mieux et toutes ces choses formidables. Cela pourrait arriver, mais notre priorité est la sécurité des USA. Rester en Afghanistan ne nous intéresse pas. Nous n'y avons pas d'intérêts à long terme."
Hillary Clinton, secrétaire d'État, sur la chaîne ABC, 15 novembre 2009

L’Europe à 28 : Angie et Bibi fusionnent



par Ayman El Kayman, Coups de dent N°119, 17/11/2009


 « Israël, permettez-moi de le dire, est un membre de l'Union européenne sans être membre de ses institutions. Il est partie prenante à tous les programmes de l'Europe des 27, notamment dans les domaines de la recherche et de la technologie. Aucun pays hors du continent n'a le type de relations qu'Israël entretient avec l'Union européenne. Je ne vois pas le président de la Croatie ici. Mais je dois vous dire, puisqu'il n'est pas là - et il est pourtant candidat à l'entrée dans l'Union européenne -, que votre relation avec l'Union européenne est plus forte que celle de la Croatie. Ne le lui répétez-pas… »  
Pour illustrer ces phrases historiques prononcées le 21 octobre 2009 à Jérusalem par Javier Solana, « ministre » des Affaires étrangères de l’Union européenne, devant un parterre de personnalités israélienne, voici une information qui n’a pas fait la Une des médias :
À l’occasion du 20ème anniversaire de la délocalisation du Mur de Berlin, le gouvernement israélien et le gouvernement allemand tiendront une réunion commune de cabinet le 30 novembre à Berlin, dans l’enceinte du Reichstag, le Parlement du Reich allemand, dont l’incendie, dans la nuit du 27 au 28 février 1933, avait donné le signal de la répression massive contre la gauche allemande, communistes et socialistes en tête. Cette réunion des cabinets, présidée par Angela Merkel et Benjamin Netanyahou, fait suite à une première réunion, en mars 2008, à Jérusalem. Elle sera suivie de beaucoup d’autres.
La fusion est en marche !


Bonne semaine, quand même !
Que la Force de l’esprit soit avec vous !
...et à mardi prochain !


dimanche 15 novembre 2009

Conte carthaginois: L’impatiente Régente et le Docteur Folhumour


par Omar Khayyam, 13/11/2009

Le docteur Mohamed Gueddiche, médecin personnel de Haj Zaba, est dans son bureau à la Présidence de Carthage. Il est absorbé par la lecture d’un livre passionnant. Soudain, il entend quelqu’un frapper à la porte. Il panique, ouvre un tiroir au hasard et y cache le livre qu’il était en train de lire.
Dr. Gueddiche : Entrez, je suis là.
La Régente de Carthage :  Je vous dérange ?
Dr. G. : Non, non, pas du tout. Assoyez-vous, je vous en prie.
R. C. : Puis-je m’allonger sur le divan ?
Dr. G. : Je suis désolé, je n’ai pas de divan. Je ne suis ni psychanaliste ni psychothérapeute. Je suis cardiologue, Madame.
R. C. : Je viens de lire un livre qui m’a plongé dans un océan de tristesse. La pire dépression de ma vie…
Dr. G. : Vous parlez de ce livre innommable commis par deux journalistes néo-colonialistes français ?
R. C. : Mais non, docteur !  Je m’en fous de ce raconte ce livre. Je parle d’un autre, une biographie de Bourguiba.
Dr. G. : Je vois que le juriste du Palais vous suggère maintenant des lectures pour adultes. Vous faites des progrès. Bravo !
R. C. : Ne vous moquez pas de moi, docteur !
Dr. G. : Absolument pas, Madame. Comment oserais-je me moquer de la femme du patron ? Il n’ y a aucune honte à être autodidacte. Staline, Hilter et Ceaucescu étaient des autodidactes comme vous.
R. C. : Je vais vous lire le passage qui m’a déprimée et qui me prive de sommeil depuis des jours: " Mais elle [Wassila] sait aussi que le pouvoir qu’elle a progressivement acquis dans l’ombre, que ce rôle d’éminence grise qui la comble sans toutefois satisfaire complètement ses ambitions, dépendent de lui [Bourguiba] et de lui seul. Elle n’a d’autre légitimité que celle d’une épouse. Viendrait à disparaître celui dont elle porte le nom, elle ne serait plus rien, et a suffisamment d’ennemis pour craindre un sort un peu enviable." (1)
Dr. G. : Je crois que Bessis et Belhassen ont raison. Si, que Dieu ne veuille,  le patron disparaît, vous risquez de perdre tous vos privilèges et la majorité de vos biens.
R. C. :  Mais si je nomme un président fantoche, par exemple Abdelwahab Abdallah, je pourrais tirer les ficelles du pouvoir derrière les coulisses, non ?

Dr. G. : Vous devriez lire la tragique histoire du général Rafael Leonidas Trujillo pour comprendre l’insoutenable légèreté de de ce scénario.
R. C. : C’est qui ce général ?
Dr. G. : Ce général, ancien de l’école des Marines aux USA, a régné sans partage sur la République Dominicaine du 16 août 1930 au 30 mai 1961, date de son assassinat. La famille de Trujillo, qui s’est enrichie sur le dos du peuple, avait un candidat à la succession aussi effacé que Addelwahab Abdallah, Joaquín Balaguer. Mais lorsque celui-ci a pris le pouvoir, il a peu à peu tiré le tapis sous les pieds des Trujillo. Finalement le clan familial de l’ex-dictateur n’avait d’autre choix que l’exil.

R. C. : Vous êtes en train d’enfoncer le couteau dans la plaie, docteur !
Dr. G. : Je suis un adepte des thérapies de choc, Madame.
R. C. : Pourriez-vous me prescrire des calmants ?

Dr. G. : Pas de problème.

Le docteur prend son stylo et écrit quelque chose sur une feuille blanche. Lorsque la Régente de Carthage lit ce qui y est écrit, elle s’évanouit sur le champ: " Je vous suggère deux calmants, Madame:  l’achat d’un billet aller sans retour Tunis-Abu Dhabi et l’ouverture d’un petit salon de coiffure chic à Dubaï "

 —
1 - Sophie Bessis et Souhayr Belhassen - Bourguiba, tome II, Un si long règne 1957-1989. Editions Jeunes Afrique livres, 1989 ; page 103.

vendredi 13 novembre 2009

Du fleuve à la mer

par Gilad Atzmon, 11/11/2009. Traduit par Fausto Giudice




Cessons une bonne fois pour toutes de nous bourrer le mou sur l'Amérique augmentant-la-pression-sur-Israël-pour-qu’il-gèle-les-colonies-en-Cisjordanie. Toute la fascination pour ce sujet est un pur produit des labos des docteurs folimage sionistes. Elle a pour but de détourner l'attention de la cause profonde du conflit: le vol de la Palestine et des Palestiniens au nom d'un «retour des Juifs à la maison». L'appel à arrêter les constructions israéliennes en Cisjordanie ne vise qu’à nous donner la fausse impression que le vol de la Palestine a commencé en 1967. Les faits sont connus de beaucoup d'entre nous, mais pas de tous. C’est en 1948 que la grande majorité des Palestiniens ont été expulsés de leurs villes, villages, champs et vergers.

Ce qui se présente comme une initiative de paix usaméricaine mettant la pression sur Israël pour qu’il mette un terme à son expansion en Cisjordanie est en fait un agenda promu par les sionistes au sein de l'administration usaméricaine qui se rendent compte, tout comme Sharon vers la fin (de sa carrière), que la seule chance pour l'État juif de survivre à la prochaine décennie, est de rétrécir aux dimensions d’un petit shtetl (ghetto). La solution à deux États est en effet le dernier effort pour maintenir en vie le sionisme.

Netanyahu est loin d'être stupide. Il comprend tout ça. Il sait que le rêve de son père du révisionniste sioniste de père (Benzion Mileikowsky alias Netanyahou, secrétaire de Ze'ev Jabotinsky) d’un «grand Eretz Israel» est inaccessible.

Haaretz rapporte aujourd'hui que le Premier ministre israélien, à Washington, a admis qu'il était résolu à la solution de «deux États vivant côte à côte». Toutefois, il a souligné que «le droit des réfugiés palestiniens à retourner dans leurs foyers dont ils ont été expulsés, ne serait pas mis sur la table. » Apparemment, un Premier ministre faucon israélien affronte délibérément le péché originel d'Israël à savoir l'expulsion de la grande majorité des Palestiniens. Toutefois, le fait qu'il insiste pour dire qu'il ne sera pas « mis sur la table » ne peut signifier qu’une chose : qu’il est déjà sur la table. "Ils", poursuit M. Netanyahu, "doivent abandonner le fantasme d’une invasion d’Israël par des réfugiés, renoncer aux revendications irrédentistes * sur le Néguev et la Galilée, et de déclarer sans équivoque que le conflit est bel et bien terminé ".

De toute évidence, M. Netanyahou exprime ici le souhait qui est partagé par la plupart sinon par tous les Israéliens. Ils rêvent tous d'ouvrir leurs yeux un beau matin, pour découvrir que tous les Goyim, les Palestiniens, les Arabes et les Musulmans viennent de quitter la région.

Je tiens à signaler à Netanyahu et à tous les Israéliens qui veulent bien l'entendre que cela ne va pas se passer comme ça. Autant une invasion de «réfugiés» palestiniens est un cauchemar ancré chez les Israélien, il est loin d'être un fantasme palestinien. C’est plutôt une réalité qui attend son heure. Israël a perdu sa chance de se réconcilier avec ses voisins. Il a échoué à régler son conflit avec le peuple autochtone de cette terre. Le sort d'Israël sera déterminé par les «faits sur le terrain» à savoir la démographie. En termes de réconciliation, Israël a passé la zone non-retour. Son sort est scellé. Une Palestine du fleuve à la mer n'est plus une question de 'si', mais plutôt une question de 'quand'.
Contrairement à la plupart des Israéliens qui rejettent la cause palestinienne, M. Netanyahou a admis aujourd'hui que les Palestiniens ont effectivement été expulsés. Pour la première fois les « revendications irrédentistes» des Palestiniens sont évoquées par un Premier ministre israélien. Et pourtant, M. Netanyahu et ses gens devraient cesser de se faire des illusions. Ce n'est pas seulement du Néguev et de la Galilée qu’il s’agit. Il s’agit en effet de chaque bout de terre entre le fleuve et la mer: Tel Aviv, Jérusalem, Haïfa, Beer Sheva et chaque village, verger, terrain, rivière et arbre entre les deux. La seule question qui reste ouverte est : combien de temps faudra-t-il pour que le Shekel s’effondre ? Combien de temps faudra-t-il aux Israéliens pour saisir qu'ils habitent sur des terres volées? Combien de temps faudra-t-il avant que les Israéliens se rendent compte que la bataille est perdue? Combien de temps faudra-t-il pour que les Israéliens intériorisent le fait évident qu'ils ont une fois de plus réussi à se placer sur le mauvais côté de leurs voisins?

... ..............

* Irrédentiste: quelqu’un qui prône la récupération culturelle et historique de son territoire.

jeudi 12 novembre 2009

«Je ne crois pas que notre cause en Afghanistan soit juste ou bonne. Je vous conjure, Monsieur, de ramener nos soldats à la maison»

L'honneur du Caporal Joe



Le mouvement britannique contre l’intervention militaire en Afghanistan a enfin une figure de proue populaire et symbolique : le Caporal des Lanciers Joe Glenton, du Corps royal de logistique. Joe a écrit le 30 juillet dernier à Gordon Brown pour lui annoncer qu’il refusait de retourner en Afghanistan et pour lui demander de retirer les troupes royales d’Afghanistan. Et le 24 octobre, il a fait pire : il a pris la tête et a été l’orateur vedette d’une manifestation dans les rues de Londres pour demander le retrait d’Afghanistan. À son retour à sa caserne, il a été applaudi par ses camarades. Le 10 novembre, Joe a de nouveau été mis aux arrêts. Il risque en tout 14 ans de prison pour « désertion » et appel à la révolte. Le gouvernement Gordon Brown est bien emmerdé : 64% des Britanniques sondés sont favorables au retrait d’un bourbier qui a déjà coûté la vie à 232 soldats de Sa Majesté.
Ce jeudi 12 novembre, la Coalition Halte à la Guerre appelle à un rassemblement de 17 à 18 h pour demander la libération de Joe Glenton, devant le siège du Ministère de la Défense à Whitehall.
Voici la lettre du Caporal Joe à Gordon Brown.-
FG

Source : UK soldier to Gordon Brown: why I won't return to Afghanistan


Monsieur le Premier Ministre,

Je vous écris en tant que soldat servant dans l'armée britannique pour exprimer mes opinions et préoccupations sur le conflit actuel en Afghanistan.
Ma première préoccupation est que le courage et la ténacité de mes compagnons d'armes sont devenus un outil de la politique étrangère usaméricaine. Je crois que cette tromperie contraire à l'éthique à l’encontre de ces hommes et femmes si fiers a provoqué des souffrances incommensurables non seulement aux familles des militaires britanniques qui ont été tués et blessés, mais aussi pour le noble peuple de l'Afghanistan.
J'ai trouvé dans le peuple afghan des qualités qui ont également été pendant si longtemps apparentes et admirées chez le soldat britannique. Qualités de robustesse, d'humour, de détermination absolue et de réticence à faire marche arrière. Cependant ce sont ces qualités, des deux côtés, qui, je le crains, prolongeront une guerre d'usure. Cela ne fera que conduire à plus de chagrin dans nos deux sociétés.
Je ne suis pas un général ni un politicien et je ne peux pas prétendre avoir une quelconque maîtrise de la stratégie. Cependant, je suis un soldat qui a servi en Afghanistan, ce qui m'a donné un petit aperçu.
Je crois que lorsque des militaires britanniques se mettent au service de la nation et mettent leur vie en danger, le gouvernement qui les envoie au combat est tenu de veiller à ce que la cause qu’ils défendent soit juste et bonne, à savoir qu’il s’agisse de défendre la vie et la liberté .
La guerre en Afghanistan ne diminue pas le risque terroriste, et loin d'améliorer la vie des Afghans elle ne fait qu’apporter la mort et la dévastation dans leur pays. Grande-Bretagne n'a rien à faire là.
Je ne crois pas que notre cause en Afghanistan soit juste ou bonne. Je vous conjure, Monsieur, de ramener nos soldats à la maison.
Sincèrement votre,
Joe Glenton
Caporal des Lanciers, Corps royal de logistique
•         Messages de soutien à joeisinnocent[at]hotmail.co.uk
•         Téléchargez la pétition Defend Corporal Joe Glenton petition
•          Signez la pétition office[at]stopwar.org.uk

 

La manifestation du 24 octobre à Londres

“I do not believe that our cause in Afghanistan is just or right. I implore you, Sir, to bring our soldiers home"

Protest at arrest of Lance Corporal Joe Glenton

Lance Corporal Joe Glenton addresses thousands of people at a Stop the War demonstration in London, Britain, 24 October, 2009. Lance Corporal Joe Glenton faces a court martial after refusing to fight in Afghanistan. Lance Corporal Glenton denies the charge of desertion because he believes the conflict is unlawful. Thousands of people marched through London calling for an end the war in Afghanistan. EPA/ANDY RAIN


Protest called at arrest of Joe Glenton, the soldier who has spoken out against Afghan war
The Stop the War Coalition has called an emergency demonstration against the arrest of Joe Glenton from 5pm to 6pm on Thursday 12 November at Ministry of Defence, Whitehall, London SW1A 2HB.
Lance Corporal Joe Glenton faces desertion charges for refusing to return to Afghanistan. He has been arrested and charged with five further offences for speaking against the war.
He is charged with leading the Stop the War demonstration in London on 24 October and speaking to the media in defiance of orders. The new charges carry a maximum of ten years imprisonment. In addition, he faces three to four years if the desertion charge is upheld.
Army commanders are clearly worried by Joe’s determination to explain his opposition to the war. Following his presence on the demonstration many of his fellow soldiers told him they agreed with what he was doing.

Army arrests anti-war soldier Joe Glenton

by Siân Ruddick, Socialist Worker, 10 November 2009
Lance Corporal Joe Glenton—a soldier who is refusing to fight in Afghanistan—was arrested and held on Monday of this week after the British army brought new charges against him.
The charges are connected to Joe speaking out against the war.
Joe will be held in custody until 18 November when his case will be reviewed.
The army arrested Joe, charged him with five new offences in front of his legal team, and then released him.
But when Joe’s legal team left the barracks, Joe was rearrested on two further charges and remanded in custody.
The new charges carry a maximum of ten years imprisonment, along with the threat of three to four years for desertion.
The new charges relate to Joe helping to lead the Stop the War demonstration on 24 October and speaking at the protest after being told this would be breaking orders.
Joe’s legal caseworker John Tipple told Socialist Worker, “They’re trying to use draconian laws of ‘disobeying lawful command’ to keep Joe quiet. But this isn’t going to happen.”
Army top brass are trying scare soldiers into silence with the threat of prison sentences. But this will not change public opinion that this brutal war must end.

UK soldier to Gordon Brown: why I won't return to Afghanistan

Lance Corporal Joe Glenton, from the Royal Logistics Corps, is the first British soldier to speak out publicly against the war in Afghanistan.
He explains in the letter below, delivered to Gordon Brown at Downing Street on Thursday 30 July, why he will not return to fight in Afghanistan because he believes politicians must stop wasting soldiers' lives in an unjustified war.
Court martial proceedings for desertion against Joe, for his refusal to return to Afghanistan, begin on Monday 3 August.
Email messages of support to joeisinnocent@hotmail.co.uk This e-mail address is being protected from spam bots, you need JavaScript enabled to view it
Download the Defend Corporal Joe Glenton petition

Dear Prime Minister,

I am writing to you as a serving soldier in the British army to express my views and concerns on the current conflict in Afghanistan.
It is my primary concern that the courage and tenacity of my fellow soldiers has become a tool of American foreign policy. I believe this unethical short-changing of such proud men and women has caused immeasurable suffering not only to families of British service personnel who have been killed and injured, but also to the noble people of Afghanistan.
I have seen qualities in the Afghan people which have also been for so long apparent and admired in the British soldier. Qualities of robustness, humour, utter determination and unwillingness to take a step backwards. However it is these qualities, on both sides, which I fear will continue to cause a state of attrition. These will only lead to more heartbreak within both our societies.
I am not a general nor am I a politician and I cannot claim any mastery of strategy. However, I am a soldier who has served in Afghanistan, which has given me some small insight.
I believe that when British military personnel submit themselves to the service of the nation and put their bodies into harm’s way, the government that sends them into battle is obliged to ensure that the cause is just and right, i.e. for the protection of life and liberty.
The war in Afghanistan is not reducing the terrorist risk, far from improving Afghan lives it is bringing death and devastation to their country. Britain has no business there.
I do not believe that our cause in Afghanistan is just or right. I implore you, Sir, to bring our soldiers home.

Yours sincerely,
Joe Glenton Lance/Corporal, Royal Logistics Corps

• Email messages of support to joeisinnocent@hotmail.co.uk






Thousands of demonstrators march through London during a Stop the War demonstration in London, Britain, 24 October, 2009. Thousands of people called for an end to the war in Afghanistan and for the British government to bring British troops home. EPA/ANDY RAIN


Millions more turn against Gordon Brown's war
As Gordon Brown's Afghan strategy lies in tatters, millions more people want the troops brought home now, writes Siân Ruddick
Something has changed in British politics. Gordon Brown and Labour ministers now appear almost entirely isolated in their support for the brutal war in Afghanistan.
A growing number of military families are adding their voices to the anti-war movement and casualties are continuing to rise.
Brown’s strategy appears more threadbare than ever. Some 232 British soldiers have now been killed in Afghanistan, 95 this year alone. Public support for the war is at an all-time low.
The war has brought death, destruction and misery to Afghans and led to greater destabilisation in the region.
People are not convinced that the war is worth the blood of British forces or the Afghan people.
A recent BBC poll showed that 63 percent of British people want the troops brought home as quickly as possible.
And more and more people within the military are raising their doubts too. The chief of defence staff, Sir Jock Stirrup, described the situation in Afghanistan as “painful, slow and halting” last week.
Gordon Brown is desperately trying to argue that we need more troops and more years of bloody war to turn the situation around.
But since 2001 the war has lurched from one disaster to another. Meanwhile the stated aims of the war—to fight the “war on terror” and bring “democracy” to Afghanistan—have been lies.
On Tuesday of this week the bodies of five British soldiers killed by an Afghan police officer were flown home. The killings have added to the sense of chaos and lawlessness in Afghanistan.
Brown should listen to the majority of people in Britain and bring all the troops home now before more British and Afghan people die in this endless and futile conflict.

Thousands surge against the war

by Siân Ruddick, Socialist Worker, 27 October 2009
“Money for jobs and education, not for war and occupation”
So went the cry on the streets of London last Saturday as over 10,000 people turned out to protest against the bloody and illegal conflict in Afghanistan.
“Money for jobs and education, not for war and occupation!”
So went the cry on the streets of London last Saturday as over 10,000 people turned out to protest against the bloody and illegal conflict in Afghanistan.
The mood was defiant, as soldiers and their families, including serving soldier Joe Glenton—who was breaking orders by being on the march—led the demonstration.
Long-standing campaigners and first time demonstrators gathered in Hyde Park to begin the march.
Support for the war in Afghanistan is wearing thin.
A Channel 4/YouGov poll at the weekend showed that
62 percent of people in Britain want the troops home from Afghanistan within a year.
An overwhelming 84 percent of people think British troops are losing the war.
Rozina Ashraf and her daughter Haseena are from Shirley, Solihull. They came to the protest on the Birmingham Stop the War coach.
“We have to make a stand against this pointless war,” Rozina told Socialist Worker.
“It’s good to know that some soldiers are now speaking out—they are realising that the problem is not Muslims but the British government.
“These wars in the Middle East are all about oil.”
Haseena said that it was her first ever demonstration. “If I had one message for the government, it would be to stop following the US into these wars,” she said.
There were over 65 banners on the demonstration, many of them from local Stop the War and peace groups from across the country.
Some had travelled many miles. Kate Rutherford came overnight on a coach from Glasgow. She said, “Our leaders are drunk with power. It breaks my heart to see so many men, women and children killed in Afghanistan.
“Those who led us into this war should be brought to book. They are war criminals. It makes me ashamed to be British.
“I left school at the age of 15, but I know the difference between right and wrong.”
The presence of military families boosted people’s confidence.
Jayme from Brighton said, “People say that the anti-war movement is demoralising the troops, but today shows that that is a load of rubbish.
“We don’t want any more deaths from these wars.
“The more soldiers speak out, the more we see how let down and manipulated they are by the army.”
For many, the anti-war protest was the latest of several days of activity.
Lewie Morris and Alistair Holmes were part of a group of Sheffield students who had been at anti-fascist protests at the BBC on Thursday and post, bus and fire picket lines on the Friday.
They then came to London on the Saturday.
Lewie told Socialist Worker, “As time goes on, this war becomes more untenable.
“The idea that it was for liberation was always false.
“Now they are saying it could be going on another five years and that the government could send thousands more troops.”
Alistair added, “The idea that Western troops can bring liberation is patronising and racist. The only way is for people to liberate themselves.”




Troops give anti-war soldier Joe Glenton a 'fantastic' response

by Siân Ruddick, Socialist Worker, 27 October 2009
Joe Glenton, a British soldier who is refusing to return to fight in Afghanistan, received the backing of his fellow troops after he led more than 10,000 protesters on last Saturday’s Stop the War demonstration in London.
Joe hit the news last week after it was revealed that he was refusing to follow military orders not to attend the march.
Him coming could add to the case that the army is bringing against him for speaking out about the horror and illegality of the war.
But Joe told Socialist Worker, “It felt empowering to be on the demonstration. I was surrounded by like-minded people—from the military and ordinary walks of life.”
Joe is still stationed in barracks, and he lives with other soldiers during the week.
“I was slightly worried on Sunday night about going back in, but I thought I’ll just see what they thought.
“The response was fantastic. Soldiers shook my hand and patted me on the back.
“One guy said, ‘You’re saying what everyone else is thinking.’
“I think there has always been support for people speaking out, and it has raised a debate inside the army.”
Discontent over the intensifying war in Afghanistan has spread in the army over recent months—and it has had a deep effect in the ranks.
Joe said, “I feel like I’m strutting round, not tip-toeing, after hearing what the guys think.
“Talking to soldiers in other units, you get the impression that people are questioning why we’re in Afghanistan.”
In September, in addition to the original charge of desertion and intent to avoid active duty, the army wanted to charge Joe with bringing the army into disrepute by speaking out.
Joe and his legal team fought for this charge to be dropped—and they won.
Joe said, “I feel like we are in the ascendancy now. We’ve taken the initiative.
“We’ll have to see what happens in the coming weeks—if they bring more trumped up charges we’ll take them on.”
Joe is continuing to speak out and encourages others to do the same. “We have to start talking and demanding the details,” he said.
“Write to your MP for answers, get out on the streets, demonstrate and debate. Whatever people can do to stop this war, they should do it.”


Eyewitness from Kabul—disillusionment is growing
by Guy Smallman, Socialist Worker, 10 November 2009
Guy Smallman reports from outside Kabul’s secure ‘ring of steel’ on what’s really happening in Afghanistan—and what the Afghan people think about it





The deeply polarised city of Kabul has recently been unified by a new addition to Afghan life—the surgical mask.
It is being sported by everyone from the children selling phone cards by the roadside to government ministers being driven past in their bulletproof 4x4s.
The H1N1 virus—known here as “Mexican” rather than “swine” flu—has many people fearing for their lives.
But many Afghans are more than a bit suspicious that the government has hyped the threat of the virus since United Nation (UN) election monitors demanded a second poll.
The “outbreak” has been used as an excuse to close all the universities, schools and other large buildings, just as incumbent president Hamid Karzai is declared leader for another term.
His rival, former foreign affairs minister Abdullah Abdullah, had predicted Iran-style protests if Karzai was re-elected.
Now, with the colleges and public buildings all but empty and everyone scared of moving in large crowds, the chances of any post-election insurrection have all but vanished.
Abdullah has yet to explain why he pulled out of the run-off, though most people in Kabul seem way past caring.
Their disillusionment with the government has been festering for many years.
The other thing that has united all factions in Afghanistan is the belief that the first run of elections were riddled with corruption.
Fraudulent
The UN reported that around one third of all votes cast were almost certainly fraudulent.
The cancellation of the second round has plunged the entire process into farce. Outside the “ring of steel” that surrounds the ruling elite, ordinary Afghans are becoming increasingly separated from their government.
Maryam Quadir is highly educated and works in Kabul as an administrator for a specialised team of social workers.
She went to university in Pakistan, when her family fled the civil war, and she returned after the overthrow of the Taliban in 2001 with high hopes.
She is far from happy with the choices presented to the Afghan people. Like many, she believes the elections were little more than a meaningless Nato-sponsored PR exercise, designed to create an illusion of democracy.
She believes that Abdullah Abdullah should be banned from standing for public office due to his past connection to the civil war faction led by General Ahmad Shah Masoud.
“Abdullah’s hands are stained with the blood of the people,” she says. “He was the spokesman for Masoud in 1992 when a massacre took place in Kabul.
“It is painful for people to see the face of this man every­where—65,000 people died in Kabul during the civil war. Thousands of women and girls were raped.
“How would you feel if the killers of your children were in your government?”
The presence of so many former warlords in government positions remains a thorny issue for Afghans trying to draw a line under the past.
Maryam has also been unimpressed with Karzai since he was installed by the US after the 2001 invasion.
“He promised that no one would be above the law. Yet he gave power to the gangsters of the Northern Alliance.
“The crimes committed by them from 1992-96, including mass rape and murder, have been forgotten by no one except Karzai himself.
“We were promised reconstruction. Yet if you walk around Kabul the only reconstruction you will see is luxury high rise buildings and wedding halls.
“Nothing is being done for the ordinary people. Look at the state of the roads. Look at the five year old children who are working ten hours a day.
“We have the highest percentage of child labour in South Asia yet billions have been sent here in aid and donations. Where has all this money gone?
“Karzai has not helped the Afghan people at all. He is like a US puppet and cannot do anything without its permission. Our president is elected in the White House.”
By contrast, Aziz Khan, who runs a nearby internet cafe, is a staunch Karzai supporter.
However, he is equally disillusioned with recent events—despite his candidate being declared the winner.
He believes that, corruption aside, Karzai won the first round and the second election would have legitimised his return to office.
He now fears that his position has been weakened to being almost untenable.
“To cancel the second election was a big mistake,” he says.
“This I think was a decision made by the Americans and not the Afghan government. It undermines both our democracy and our independence.
“How can the president rule when everyone believes that the election was stolen?”
One person who is delighted by the cancellation is local police sergeant Mohammed.
His patch includes the notorious Kowtasangey district, where the local black market thrives and unemployed labourers are forced to rub shoulders with drug dealers and pickpockets.
Drained
The middle-aged, world-weary officer was a Communist activist in his youth.
But any hope or idealism he once fostered has all but drained away and he now has little but contempt for politics.
For him, another election would have meant another hellish day of seeing his men run the gauntlet of insurgent attacks while being tasked with running an event way beyond their capabilities.
This is something few Afghans can see the point of in the present circumstances.
“My constables do not receive enough equipment and training to do their basic job let alone tackle electoral corruption,” he says.
“Everywhere there were reports of ballot boxes arriving at polling stations already stuffed with papers. What are we supposed to do about this?
“This neighbourhood is notorious for the trafficking of children,” he says, indicating towards the sprawl of run down dwellings behind him.
“Such issues are a national disgrace. But we don’t even have the ability to control the traffic on the roads.”
Sources: Stop the War Coalition & Socialist Worker