mercredi 2 décembre 2009

Procès à Copenhague: le droit à la solidarité avec les mouvements de résistance en question

Avons-nous le droit, nous, citoyens des pays prospères, vivant en paix et "démocratiques", d'apporter notre soutien aux mouvements de résistance des pays dominés du Sud ? Depuis le 11 Septembre 2001, au nom de la "guerre contre le terrorisme", des mouvements de résistance armée se sont vus apposer l'étiquette de "terroristes". Se solidariser avec eux devient dès lors un crime, ou du moins un délit. N'acceptant pas cette logique, un groupe de Danois ont créé en 2004 l'association Oprør (Rébellion) -un millier de membres aujourd'hui -, qui a organisé des collectes d'argent destiné au FPLP palestinien et aux FARC colombiennes. Le porte-parole d'Oprør , Patrick Mac Manus est jugé à partir de demain à Copenhague. Il nous explique l'enjeu de ce procès. et appelle à la solidarité. Traduction d'Annie Goossens, édition de Fausto Giudice.

Le procès contre le groupe Oprør (Rébellion), accusé de soutenir des mouvements de résistance, commencera sous peu. Le Procureur requiert une peine d'emprisonnement. Le procès aura lieu à la VIème Chambre du tribunal de grande instance de Copenhague  les 3 et 7 décembre, 2009 et les 8 et 15 janvier 2010. Le verdict sera rendu le 8 février 2010.
L'objectif de l’association Oprør,  constituée en 2004, est de défier la « législation antiterroriste », tant au Danemark qu’au plan international.
Par le biais de la législation antiterroriste, les autorités cherchent à saper  les organisations progressistes, les mouvements de résistance, les syndicats et les mouvements de solidarité dans le monde entier.

Nous invitons tous les mouvements à nous soutenir pour :
- Défendre le droit des peuples à résister aux gouvernements illégitimes et à l’occupation étrangère!
- Défendre le droit des peuples à prendre les armes contre l'oppression quand tous les autres moyens ont été épuisés!


Oprør est accusé d'avoir transféré des fonds importants au Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) et aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en défi de la législation antiterroriste.
Le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) est depuis des décennies un chef de file de la lutte du peuple palestinien engagé dans un conflit légitime contre les forces d'occupation. Nous appuyons le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) dans sa lutte pour un Àtat laïque et démocratique pour tous. Cette organisation ne  peut en aucune façon être qualifiée de « terroriste ».
Les FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) ont travaillé et ont combattu pendant des décennies pour les droits démocratiques et l'égalité du peuple. Avec l'appui des USA et en coopération avec des « escadrons de la mort » contrôlés par les grands propriétaires fonciers et les  cartels de la drogue, le régime actuel continue à persécuter les dirigeants et les membres des syndicats, des militants politiques, des étudiants et des organisations paysannes de Colombie. Plusieurs pays  latino-américains ont négocié la paix en légalisant les groupes rebelles, leur permettant ainsi de participer à un processus politique ouvert. La criminalisation des FARC empêche une solution politique en Colombie.
Au Danemark, on conteste de plus en plus  la  législation antiterroriste ; Oprør a contribué à développer ce mouvement et en est partie prenante.

Proche de nous, l'organisation Fighters & Lovers (Combattants  & Amants) a contesté la législation antiterroriste en vendant des T-shirts en soutien aux FARC et au FPLP.  Le 18 septembre 2008, la Cour d’Appel a annulé l'acquittement prononcé par le tribunal de première instance de Copenhague et a infligé à cinq des membres de l’organisation des peines de 60 jours à six mois de prison. En mars 2009, la Cour suprême a converti les peines d’emprisonnement en condamnations avec sursis, exprimant également certains doutes sur la législation elle-même.
Les thèmes du terrorisme, des mouvements de résistance et de libération font  de plus en plus l’objet de débats.
Le moindre d'entre eux n'est pas celui du mouvement de résistance danoise contre l'occupation au cours de la Deuxième Guerre mondiale. À l'époque, les résistants ont été qualifiés de « terroristes » par les forces d'occupation et leurs alliés danois. L’Association Horeserød -Stutthof, issue du mouvement de résistance et des générations suivantes, a  accéléré le débat. Depuis 2006, cette association a maintes fois transféré des fonds aux FARC et au FPLP, et en a informé le Ministère de la Justice. Et pourtant, celui-ci n'a pas réagi, révélant l'hypocrisie de l'actuelle mise en application de la législation « antiterroriste ».
Un groupe international du syndicat des travailleurs de l’industrie du bois et de la construction (TIB) de Copenhague a également transféré des fonds au mouvement de résistance en Colombie. Dans ce cas, il renvoie à  l'expérience antérieure du soutien aux mouvements de libération du Viêt Nam et d’Afrique du Sud, qui constituait à l'époque un défi aux politiques dominantes des gouvernements. À ce jour  il n’y a pas eu de réaction judiciaire à cette initiative non plus.
Dans le procès imminent contre Oprør même un acquittement ne résoudra pas le problème. La législation internationale contre le « terrorisme » continuera à défier les droits humains. Une condamnation ne modifiera pas non plus notre objectif qui est de continuer à soutenir le droit à la résistance et à la solidarité dans le monde entier.
Nous avons choisi de nous concentrer sur la Palestine et la Colombie. Nous aurions pu choisir beaucoup d'autres cas ,de la Turquie au Kurdistan, du Pays basque aux Philippines. Dans notre choix,  nous avons tenu compte d'un facteur important, à savoir que les forces de libération font progresser les objectifs laïcs, démocratiques et humanistes de concert avec le peuple.
Par le biais de l'actuelle législation antiterroriste, les États ont tenté de freiner la liberté d'expression et les droits politiques de leurs citoyens. Le droit de fournir un soutien moral et matériel aux mouvements de résistance et de libération dans le monde entier est menacé. Les droits civils et les droits des travailleurs à mener une lutte légitime pour la protection sociale et la réforme démocratique sont également de plus en plus réduits.
Oprør demande à tous les mouvements luttant pour la démocratie et la solidarité internationale à se joindre à lui en contestant la législation antiterroriste nationale et supranationale ainsi que la prétendue « guerre mondiale contre la terreur ».
Des manifestations devant les ambassades danoises exigeant l'acquittement d’ Oprør au procès à venir seraient les bienvenues de même que l'envoi de lettres de protestation aux ministères de la Justice et des Affaires étrangères.  
  • Ministère de la Justice:
    Slotsholmsgade 10
    1216 Copenhague K
    Téléphone: +45 / 72 26 84 00
    Télécopieur : +45 / 33 93 35 10
    E-mail:  
    jm@jm.dk
  • Ministère des Affaires étrangères:
    Asiatisk Plads 2
    DK-1448 Copenhague K
    Téléphone: +45/ 33 92 00 00
    Télécopie: +45/ 32 54 05 33
     E-mail:
    um@um.dk
  • Oprør peut être contacté à: opror[at]linuxmail[dot]org



    Source : Rebellion (Denmark): The Court Case is Approaching!
    Article original publié le 20/11/2009

    Annie Goossens est une collaboratrice de
    Tlaxcala
    , le réseau international de traducteurs pour la diversité linguistique, dont Fausto Giudice est membre. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, la traductrice, le réviseur et la source.
    URL de cet article sur Tlaxcala :
    http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=9371&lg=fr


       


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