jeudi 30 avril 2009

Sous faux pavillon : Qui est Louai Sakra ?

ou Comment un agent triple a organisé en 2003 en Turquie des attentats terroristes imputés à Al Qaïda
par Jürgen Elsässer, Traduit par Michèle Mialane, révisé par Fausto Giudice,
Tlaxcala

Source : Unter falscher Flagge: Wer ist Louai Sakra?
Ce texte est une adaptation par la revue autrichienne International Nr. 1/2009 de Terrorziel Europa. Das gefährliche Doppelspiel der Geheimdienste, par Jürgen Elsässer, Residenz Verlag, St. Pölten 2008, 344 S., 21,90 €
Sur l’auteur

Le fondamentalisme islamique est certes une réalité, mais son potentiel terroriste est avant tout une invention des services secrets usaméricains et britanniques, destinée à impliquer l’Europe de plus en plus profondément dans la guerre qu’ils mènent à l’échelon mondial.
La menace que représente Al Qaïda sert à justifier de attaques de plus en plus marquées contre les droits démocratiques. Un État entièrement sous surveillance, comme celui que décrit George Orwell dans « 1984 » n’est plus un cauchemar de science-fiction, mais un programme de gouvernement - au moins en Grande-Bretagne et en Allemagne.


Beyoglu est peut-être le quartier le plus européen d’Istanbul ; sur la promenade Istiklal Caddesi (Rue de l’Indépendance), les femmes en talons hauts et jupes courtes flânent dans les boutiques de luxe et les passages commerçants, nulle part de foulard, sans parler de voile. Des agences bancaires internationales et de compagnies aériennes, des hôtels select, des agences et des galeries d’art moderne donnent le ton : ici on est cosmopolite. Le quartier offre nombre d’attractions touristiques, dont la place Taksim avec l’opéra, la Tour Galata avec son panorama époustouflant, le palais Dolmabahce de l’époque du sultanat. À l’époque de l’Empire ottoman les minorités non-musulmanes et les résidents étrangers habitaient déjà ce quartier, et ce n’est guère étonnant qu’aujourd’hui encore presque toutes les représentations diplomatiques occidentales y soient concentrées.


Le jardin du consulat britannique après l'attentat



La banque HSBC après l'attentat


Les bombes d’Aladin

C’est non loin de là que les auteurs de l’attentat du 20 novembre ont frappé : une camionnette a pénétré à 11 heures (heure locale) dans le bâtiment du consulat britannique, puis une très forte détonation a retenti. Une partie de l’énorme bâtiment n’était plus que décombres. Les murs extérieurs se sont renversés sur la route et des masses de décombres ont endommagé les autos. Même le portail d’entrée, lourd de plusieurs tonnes, n’a pas résisté à l’explosion. Dans les rues environnantes les vitres ont volé en éclats. « J’ai cru que c’était un tremblement de terre, tout le bâtiment vacillait », raconte un membre du personnel turc qui se trouvait alors à l’office(1). Cet attentat a fait au moins 27 morts, dont le consul général britannique, Roger Short.

L’agence centrale de la banque britannique HSBC en Turquie, un bâtiment de 20 étages situé sur une artère principale à plusieurs voies, était au même moment victime d’un autre attentat. Un spectacle terrifiant: « Devant le bâtiment gisaient trois personnes, une autre devant l’entrée latérale, une cinquième sur le trottoir, tous méconnaissables, le visage noirci », raconte un passant au Stern. « Des bras et des mains arrachés parsemaient le sol » (2). Cinq jours plus tôt une auto transportant une bombe avait déjà explosé devant Neve Shalom, la plus grande synagogue d’Istanbul, et une autre devant celle de Beth Israel, dans le quartier de Bebiktab. Le 15 novembre était jour de sabbat, les édifices religieux étaient emplis de fidèles. 24 personnes ont été déchiquetées, en majorité des musulmans qui se trouvaient dans les mosquées voisines ou au travail dans les commerces des alentours. Ce furent les premiers attentats imputés à Al Qaïda en Turquie. Par la suite la justice devait inculper 173 islamistes. Le premier procès se solda par 7 condamnations à la perpétuité. Le plus connu des condamnés était un certain Louai Sakra.


La synagogue Neve Shalom après l’attentat


L’itinéraire d’un Frère musulman

Sakra a été arrêté fin juillet 2005 à Diyarbakir, dans l’Est de la Turquie. Plus tard les enquêteurs l’ont accusé d’avoir pris part à la planification des attentats de 2003. Des poseurs de bombes avaient déclaré lors des interrogatoires qu’un Syrien du nom d’«Aladin »avait financé les attentats. L’identification dudit Syrien n’a pas été trop difficile : Sakra est Syrien et l’un de ses noms de code était «Dr Alaa » ou encore « Ala al Din »(3) Il est censé avoir « proposé » les attentats et les avoir financés avec « 160 000 dollars provenant du trésor de guerre d’Al Qaida ». On avait réussi à arrêter Sakra après un incendie survenu dans son appartement de vacances à Antalya, où il aurait manipulé des explosifs. « J’avais préparé une bombe d’une tonne et j’avais aussi attaqué des navires israéliens », aurait écrit Sakra selon certains journaux turcs, lorsque les policiers l’emmenèrent. À l’automne 2007, alors qu’il était au quartier de haute sécurité de la prison de Kandira, 100 km à l’Est d’Istanbul, il accorda au journal londonien le Times plusieurs interviews où il esquissait sa biographie. Selon la rédaction, « il a dévoilé son rôle prétendu dans quelques-uns des principaux complots et peut-être répondu à quelques-unes des questions non résolues qui s’y rattachent. » (6)

Selon cette source, Sakra a grandi en Syrie. Il a été politisé dès sa prime jeunesse : en 1982, - il avait alors neuf ans- Hafez el Assad réprima un soulèvement de la confrérie fondamentaliste des Frères musulmans. Lors du nettoyage de la ville de Hama les forces de sécurité massacrèrent des dizaines de milliers de croyants. « Comme tous les autres jeunes garçons musulmans j’ai été profondément marqué par cet événement » se souvient Sakra.(7) L’éclatement de la guerre civile en Bosnie, en 1992, galvanisa Sakra – il voulait absolument aider ses frères dans la foi. Il commença par ouvrir en Turquie un bureau de recrutement pour moudjahiddines, qui organisait aussi l’aide médicale. Puis il s’entraîna au combat avec des volontaires dans les montagnes de Sylva, aux environs d’Istanbul. De là, les combattants partaient pour les Balkans, et aussi en Tchétchénie. Ce faisant il entra aussi en contact avec Abou Zoubaïdah, un proche de Ben Laden. Il aurait préparé avec lui un attentat en Jordanie à l’occasion du changement de millénaire ; mais cet attentat a été déjoué. Après l’invasion de l’Irak par les troupes US, Sakra dit avoir combattu les occupants, aux côtés du terroriste de choc Moussaq Al Zarqaoui. Au vu de ce catalogue, rien d’étonnant à ce que les publications US placent le Syrien au 5e rang dans la hiérarchie d’Al Qaida . Son avocat, Osman Karahan, propose un rang encore plus élevé : Sakra serait le « Numéro 1 » du réseau d’Al Qaida, du moins pour l’Europe, l’Iran et la Syrie(8). C’est peut-être un peu exagéré. En Turquie des sources policières considèreraient plutôt Sakra comme un cas psychiatrique, ou peut-être un égotiste qui surestime son rôle. » (9)

Sakra et le 11 septembre

Mais on ne devrait pas prendre trop vite le Syrien pour un mégalomane. Car il se trouve qu’un point central de son histoire est confirmé précisément par ceux d’en face : son rôle dans la préparation des attentats du 11 septembre. « J’étais de ceux qui connaissaient les auteurs du 11 septembre et à l’avance le lieu et l’heure des attentats. J’ai aussi participé à la préparation des attaques contre le World Trade Center et le Pentagone. J ‘ai fourni de l’argent et des passeports.» (10) Selon les indications de Sakra, 6 hommes sont arrivés en 1999 dans son camp d’entraînement des montagnes de Yalova ; quatre d’entre eux voulaient aller combattre en Tchétchénie. Mais la frontière géorgienne étant fermée, tous les six, avec l’aide de Sakra, qui leur donna de l’argent et des passeports et falsifia les visas (11), s’envolèrent pour l’Afghanistan. Là-bas ils furent reçus par l’ami de Sakra, Abou Zoubaïdah, et initiés à la tâche prétendument la plus importante de leur vie – et la dernière : la participation aux attentats du 11 septembre. Effectivement les six noms figurent sur la liste des pirates morts dans les attentats que le gouvernement US publia ensuite : Ahmed et Hamza Al Ghamdi (dont les corps auraient brûlé dans la tour Sud du World Trade Center), Satam Al Sugami (mort dans la tour Nord), Saïd Al Ghamdi (mort dans l’avion qui s’est écrasé en Pennsylvanie) ainsi que Majed Moqued et Nawaf al Hazmi (qui se seraient trouvés dans l’avion qui s’est crashé sur le Pentagone ) (12).


Satam Al Sugami & Saïd Al Ghamdi


Majed Moqued &
Nawaf al Hazmi


Les témoignages relatifs au 11 septembre fournis par Sakra au Times ont été partiellement confirmés par la Commission du 11 septembre du Congrès US. Celle-ci a également réuni des renseignements selon lesquels neuf des 19 pirates présumés, dont les quatre désignés par Sakra, auraient eu au départ l’intention de gagner la Tchétchénie via la Turquie et la Géorgie. La mise en garde que Sakra a effectuée en amont prouve aussi qu’il était bien au courant des préparatifs de l’attentat. Le Spiegel écrit : « Le 10 septembre 2001, veille des attentats, Sakra aurait informé les services secrets syriens qu’Al Qaïda préparait dans un avenir proche des attentats en Amérique. Ni les villes ni les bâtiments visés n’ont été révélés, mais Sakra dévoila la veille des attaques des détails de l’ « Opération Mardi Saint », entre autres l’utilisation d’avions et le choix de tours pour cibles. Les services secrets occidentaux en déduisent qu’il était évidemment dans le secret des dieux. » (14) Parmi les sources occidentales auxquelles se réfère le Spiegel figure entre autres Georges Tenet, à l’époque chef de la CIA.

Il préfère le whisky à Allah

Stupéfiant : l’homme impliqué dans tant d’horreurs de la prétendue Guerre Sainte n’était lui-même rien moins que religieux. Lorsqu’en prison, au cours de ses interrogatoires on lui proposa de faire une pause pour prier, il répondit : « Je ne prie pas. Je n’aime pas prier. Je préfère l’alcool, surtout le vin et le whisky. »(15) À Antalya, à l’époque où selon ses dires il préparait un attentat contre un navire de croisière israélien, on l’a vu flemmasser au bord de la piscine du centre de vacances, boire de la bière et admirer les charmes d’une beauté aux longs cheveux. La police déclara qu’un tel comportement à l’étage suprême d’Al Qaïda était « troublant ».(17)

En présence de telles contradictions, rien d’étonnant à ce que le quotidien turc Zaman titre l’un de ses premiers articles après l’arrestation de Sakra : « Al Qaida : une opération de services secrets ? (18) Concernant le dossier de la police turque relatant les interrogatoires de Sakra, le journal écrit que la CIA avait offert à Sakra, avant le 9 septembre, puisque c’était en l’an 2000, un job et une importante somme d’argent. Cette année-là, les Usaméricains auraient eu deux entretiens avec lui. Suite à ces entretiens, la CIA lui offrit un poste. « Plus tard la Sécurité nationale syrienne l’a arrêté, interrogé et visiblement lui a offert un travail. Et les services secrets turcs l’auraient courtisé eux aussi dès 2000 sur demande des Usaméricains. » (18) »Sakra serait ainsi devenu un agent triple des services secrets » résume Zaman. Que Sakra ait été, au moins pour un temps, l’homme de Washington, a été confirmé indirectement par Tenet, le chef de la CIA alors en poste, comme nous l’avons déjà dit. Dans son livre publié en 2007 « At the Center of the Storm » il parle de la mise en garde pour le 11 septembre reçue le 10 et écrit qu’un « informateur que nous avons utilisé en commun avec un pays du Moyen-Orient a rencontré son chef étranger et lui a dit en substance « qu’il se préparait une grosse affaire. »(20) Le nom de l’informateur n’apparaît certes pas ici de manière explicite, mais les détails fournis par Tenet correspondent bien à la mise en garde de Sakra telle que la rapporte le Spiegel à la veille du massacre. Aucun autre agent travaillant AUSSI pour la CIA ne dit avoir informé avant le 11 septembre un gouvernement du Moyen-Orient de la catastrophe imminente.

Le rôle douteux du BND (Bundesnachrichtendienst, Services de renseignement allemands, NdT)

Sakra affirme avoir été en contact également avec le suspect du 11 septembre, Mohammed Atta, de Hambourg - sans donner de détails toutefois. (21) Une chose est certaine : il a fait en Allemagne deux séjours assez longs. De septembre 2000 au 24 juillet 2001 il était inscrit comme demandeur d’asile sous le nom de « Louai Sakka » à Schramberg, une paisible petite ville de Forêt Noire. Il habitait au foyer d’accueil de Majolika avec sa femme, alors âgée de 18 ans, et leurs deux enfants. « Si le Syrien avait choisi le Sud de l’Allemagne, c’est sans doute parce qu’il avait fait en 1997 la connaissance de deux convertis, les frères Christian et Matthias K., deux jeunes Allemands passés à l’Islam et entichés de Tchétchénie et de moudjahidisme. Une entente parfaite régnait entre les deux familles : les deux Allemands ne tardèrent pas à épouser des sœurs de Sakra et à s’installer près de Schramberg. « (22) Il est possible qu’il ait eu des contacts avec les deux frères par l’intermédiaire du prédicateur de la Guerre Sainte Yehia Youssef, qui connaissait les deux frères depuis l’époque où il vivait à Fribourg. Lorsque Sakra arriva à Schramberg, Youssef, devenu un indicateur de la Protection de la Constitution (Verfassungsschutz, équivalent allemand des RG, NdR) en Bade-Wurttemberg était en train de déménager à Ulm, où se créa par la suite l’un des centres du fondamentalisme violent.

De fin juillet à début octobre 2001 - donc juste avant et juste après le 11 septembre- on ne trouve pas trace de Sakra en Allemagne. Et puis le revoilà. Cette fois-ci il atterrit à Holzgerlingen, une petite ville près de Stuttgart. Et là la police criminelle fédérale (BKA) le prend dans son collimateur. « À la fin de l’année 2001, Sakra, c’est une grosse prise pour les enquêteurs allemands » résume Panorama, le magazine d’ARD ( le plus gros multimédia audiovisuel allemand, NdT) .(23) « Il avait pu contribuer à découvrir, voire détruire les cellules d’Al Qaïda encore présentes sur notre sol ; il avait pu contribuer à empêcher d’autres attentats », a dit à Panorama un fonctionnaire de police. Mais la PJ ne parvient pas à se saisir de Sakra, qui s’enfuit toujours à temps, visiblement avec l’aide du BND. « Le grave soupçon des fonctionnaires de la PJ, selon un document interne : les Services secrets, la BND, se sont aussi intéressés à Sakra. À la suite de quoi ils auraient empêché toute mesure policière à l’encontre du terroriste. Et ramené Sakra en Syrie. » (24) Le BND opposa un énergique démenti.

Après l’arrestation de Sakra en août 2005 la Commission de contrôle parlementaire [Parlamentarisches Kontrollgremium,PKG, nouveau nom donné en 1999 à la commission du Bundestag chargée de superviser l’activité des services de renseignement, dont le nom, datant de 1978, s’abrégeait en PKK, ce qui faisait mauvais genre, le PKK étant un parti kurde considéré comme terroriste, NdR] se pencha sur cette affaire, interrogea des chargés de mission du gouvernement fédéral ainsi que des membres des Services secrets et examina les dossiers internes. À l’issue du processus, la commission, composée de représentants de tous les partis déclara à l’unanimité que « Les accusations portées contre le BND sont, d’après les constatations de la Commission de contrôle, dépourvues de tout fondement ».(25) Toutefois des doutes persistent, car le PKG a été régulièrement induit en erreur par le gouvernement au cours des dernières années, précisément en ce qui concerne la coopération germano-usaméricaine dans la lutte contre le terrorisme. En outre deux députés particulièrement doués pour l’investigation, Max Stadler (FDP, libéraux) et Wolfgang Neskovic (Die Linke, la Gauche), qui devaient dévoiler plusieurs cas de dissimulation au cours de la législature suivante, ne faisaient pas encore partie de la commission. Hans-Christian Ströbele, le troisième empêcheur de tourner en rond [avocat, député des Verts, NdR], ne se souvient absolument pas de la séance de la Commission relative au cas de Sakra. N’a pas non plus été tiré au clair par le PKG un autre grave soupçon concernant Sakra. Ce dernier, durant sa détention en Turquie, aurait été approché par deux hommes de langue anglaise qui lui auraient offert 10 millions de dollars pour désigner Asif Chaoukat, le chef des Services secrets syriens, comme le commanditaire du meurtre du Premier ministre libanais Rafik Hariri en 2005. S’il acceptait, le Procureur général allemand Detlev Mehli, chargé par l’ONU de l’enquête sur le meurtre de Hariri, lui rendrait visite en prison et « il aurait la vie sauve. » (26)

L’homme aux multiples visages

Les déclarations faites par Sakra à Zaman et au Times sont-elles exactes ? On n’en sera sans doute jamais tout à fait sûr. En effet, personne ne sait si l’homme ne qui a comparu devant le tribunal et se trouve actuellement en prison est bien celui qu’on cherchait. Lors de son arrestation à Antalya il était déjà différent de celui qui figurait sur les avis de recherche après l’attentat d’Istanbul- il avait subi une opération de chirurgie du visage. (27). Plus tard, au début du procès, en mars 2006, il avait à nouveau changé d’aspect ; il avait pris du poids et portait une barbe. Le Washington Post déclare : « Plus de 20 journalistes présents ne sont pas parvenus à reconnaître Sakra à son entrée dans la salle ; même son propre avocat met en doute la prétendueidentité de son mandant. » (28)

Notes


1 Ingo Bierschwale: Blankes Entsetzen nach dem Blutbad, Stem Online, 20.11.2003.


2 Cf. Ingo Bierschwale


3 Dominik Cziesche (et al.): Aladin aus dem Schwarzwald, Spiegel, 15.8.2005.


4 Karl Vick: A Bomb Builder, >Out of the Shadows<, Washington Post, 20.2.2006.


5 dpa: Turkei erlässt Haftbefehl gegen Syrer, Berliner Morgenpost, 12.8.2005.


6 Chris Gourlay/Jonathan Calvert: Al Kaida kingpin: I trained 9/11 hijqckers, Sunday Times, 25.11.2007.


7 Cf. Chris Gourlay /Jonathan Calvert.


8 Cf. Chris Gourlay/Jonathan Calvert.


9 Cf. Chris Gourlay/Jonathan Calvert.


lO Ercan Gun: Al-Qaeâa, A Secret Service Operation?, Zaman, 14.8.2005.


11 Ercan Gun: Interesting Confessions: IProvided 9/11 Attackers with Passports, Zaman, 14.8.2005.


12 Cf. Chris Gourlay/Jonathan Calvert.


13 9/11 Commission, version anglaise,p. 233.


14 Cf. Dominik Cziesche/et al.


15 Cf. Ercan Gun, Note 11.


16 Cf. Karl Vick.


17 Cf. Ercan Gun, Note 11.


18 Cf. Ercan Gun, Note 10.


19 Cf. Ercan Gun, Note 10.


20 George Tenet: At the Center of the Storm. My Years at the CIA, New York 2007, S. 160.


21 Cf. Ercan Gun, Note 11.


22 Cf. Dominik Cziesche /et al.


23 Thomas Bernât, Ahmet Senyurt: Sakra - Fluchthilfe fur einen Terroristen?, ARD-Panorama, 27.10.2005.


24 Cf. Thomas Berndt, Ahmet Senyurt.


25 Communiqué du Bundestag, Vorwürfe von »Panorama« ge­genüber BND nicht bestätigt, 30.11.2005.


26 Nick Brauns: Komplott aufgeflogen, junge welt, 15.11.2005; Sakra avait décrit l’épisode dans une lettre au quotidien arabe Al Hayat.


27 Cf. Karl Vick.


28 Karl Vick: Suspect in Al-Qaeda Bombings Disrupts Trial in Turkey, WP, 21.3.2006.

Après le coup de la grippe aviaire, ils nous font le coup de la grève porcine

Panique généralisée, du Mexique à l'Espagne, de la Nouvelle-Zélande au Japon: un nouveau spectre hante la planète : le virus H1N1, qui s'est répandu à partir d'un élevage immonde de porcs à La Gloria. "Il se diffuse par transmission humaine". C'est l'OMS qui le dit. Alors, si l'OMS le dit... Seulement voilà : rien n'est si sûr. L'OMS avait déjà affirmé que le précédent virus, celui de la grippe aviaire (H5N1) se diffusait par transmission humaine, or il semble bien que ça soit faux. Alors, pourquoi nous mène-t-on en bateau ? Que se cache-t-il derrière cette panique pandémique organisée ? La réponse nous vient peut-être d'Indonésie, dont la ministre de la Santé a engagé une lutte titanesque contre la mafia qui contrôle l'OMS et ses centres collaborateurs, les laboratoires des pays riches, qui ont fait main basse sur les souches de virus naturels pour se fairre du beurre avec des vaccins. Lisez La ministre indonésienne de la Santé exige une égalité de traitement dans la dignité et la transparence pour tous les pays du monde, un article sur le livre du Dr Siti Fadilah Supari : It’s Time for the World to Change – In the spirit of dignity, equity and transparency – Divine hand behind Avian Influenza, où elle explique son combat.

« La répression marocaine contre les enfants mineurs sahraouis est systématique et a des connotations stratégiques »

Une interview de Ali Salem TAMEK علي سالم التامك

Santa Cruz de Tenerife. - Ali Salem Tamek est un symbole pour le peuple sahraoui. Fondateur du Collectif des Défenseurs Sahraouis des Droits de l’Homme (CODESA), il a été emprisonné et torturé en de nombreuses occasions. Actuellement et depuis deux ans, les autorités de Rabat l’empêchent de faire des études de journalisme en lui refusant un droit fondamental de plus : celui à l'éducation. Déclaré « ennemi public numéro un » au Maroc par le fait de son soutien à l'autodétermination du Sahara, il n’a pas été seul a avoir vécu dans sa propre chair la plus cruelle des violences. Sa femme également a été violée par cinq policiers marocains alors qu’elle venait lui rendre visite à la prison et devant les yeux de sa fille âgée de moins de 4 ans. « Cette situation impose à tous les Sahraouis de penser la même chose : chercher chaque jour une nouvelle forme de lutte », a-t-il déclaré au Service de Communication Sahraoui des Iles Canaries (SCSC).

Le nouveau représentant du secrétaire général de l'ONU, Christopher Ross, a déjà effectué une tournée dans la région et Ban Ki-Moon a tenu compte de ses appréciations dans son dernier rapport au Conseil de Sécurité, avez-vous perçu quelque changement ?

« Ross est arrivé après que son prédécesseur, Vont Walsum, il viole le principe de neutralité qu’il aurait dû maintenir mais il s’était aligné sur une des parties en abandonnant l'objectivité qu’il était présumé représenter. Il s'agit d'une personnalité au profil beaucoup plus important, autant par son expérience de la région que par le fait d'avoir été informé en permanence sur la question sahraoui car il a été ambassadeur US en Algérie. De plus, indirectement, son avis est un avis de poids aux USA. Notre principal espoir est l'amélioration de la situation des droits humains au Sahara occupé par le Maroc. Cependant, il semble encore trop tôt pour que des changements se produisent et, malgré cela, le dernier rapport du secrétaire général au Conseil de Sécurité n'aborde pas cette question de manière claire, nous sommes déçus ».

Le Collectif des Défenseurs Sahraouis des Droits de l’Homme (CODESA), dont vous faites partie, s'est récemment réuni à Rabat avec des représentants de l'ambassade des USA pour traiter de la situation du Sahara, croyez-vous que l'arrivée d'une nouvelle administration à Washington peut changer la situation de blocage du conflit ?

« Nous maintenons des contacts permanents avec l'ambassade US. Le thème à traiter tourne toujours autour de la situation des droits humains au Sahara et à la répression dont les militants sahraouis sont victimes et qui s’abat sur la population civile en général. Nous travaillons également sur la situation de nos prisonniers politiques dans les prisons marocaines. Quant à la nouvelle administration usaméricaine, il convient de signaler que les premiers rapports du Département d'État démontrent qu’elle n’a pas planché directement sur le problème sahraoui. Ils maintiennent toujours une certaine bienveillance avec le Maroc. Bien que nous ayons gardé de nombreux contacts avec des hommes politiques usaméricains, on ne voit pas encore de résultats concrets ni positifs ».

Depuis le mois de mai 2005, dans les prisons marocaines, les prisonniers politiques sahraouis font des grèves de la faim très dures pour réclamer des conditions d’incarcération plus acceptables. Actuellement où en est la situation ?

« Ils sont toujours torturés, enfermés dans des cachots réduits et isolés comme les trois étudiants qui ont fait récemment une grève de la faim pendant 56 jours, à la limite du péril de leur vie, dans une prison de Marrakech. Leur délit est d’avoir participé à une manifestation pacifique. Tandis que, le conducteur d'autobus qui a tué deux étudiants sahraouis à Agadir en décembre a été condamné seulement à 4 mois de prison et maintenant il est sorti. Bien que les organismes internationaux qui ont pour tâche de surveiller le respect des droits fondamentaux soient au courant de la réalité, nous ne voyons toujours pas d'améliorations et, le plus dangereux, c’est que les puissances qui pourraient avoir une influence dans le concert international traitent la question des droits de l’homme dans le sens de leurs intérêts politiques, et non comme un principe universel dont nous tous devrions jouir. Je profite de cette occasion pour demander à la communauté internationale qu’elle fasse pression sur le Maroc et sauve ainsi la vie du prisonnier sahraoui Yahya Mohamed El Hafed (1), qui se trouve dans un état de santé critique, il a été transféré dans un cachot d’isolement de la prison d'Ait Melloul à Agadir ».

Mais face au blocus habituel de l’information, le témoignage des violations permanentes des droits humains par le Maroc au Sahara est déjà connu…

« Oui, mais, par exemple, depuis deux ans, même le rapport sur le Sahara du Haut commissaire aux droits de l’homme de l'ONU n’est toujours pas publié. Amnesty International, Human Rights Watch, la délégation ad hoc du Parlement Européen et les organisations comme Frontline ont visité les territoires occupés par le Maroc et ils ont vu, de leurs propres yeux, la répression sur notre peuple. Y compris l'Association marocaine de défense des droits humains (AMDH) a mis en évidence la situation et, malgré tout, il semble qu’il n’y ait pas d’écho à l'ONU ni dans les principaux pays, puisque l’ordre de protéger la population n’a pas encore été donné aux casques bleus de la MINURSO. Tout ceci engendre frustration et tristesse pour les milliers de Sahraouis et les amis du Sahara ».

Toutefois, le rapport préliminaire du Parlement Européen est censé avoir porté un coup dur à l'administration marocaine…

« Même le rapport du Parlement Européen, qui confirme les violations des droits humains, oublie des circonstances telles que les viols des femmes et des prisonniers ou la spoliation des ressources naturelles. Ils ont été les témoins du blocage marocain autour de leur hôtel, des arrestations et de la répression généralisée des forces de sécurité. N'oublions pas que le Maroc a tardé deux ans pour autoriser cette visite et il a eu le temps de préparer le scénario idéal, il a organisé un contrôle de fer du groupe des eurodéputés et c’est lui qui a déterminé le temps de son séjour afin d’éviter qu'ils puissent voir les constantes manifestations contre l'occupation ».


Cette frustration faute d'avancée pourrait-elle amener un retour à la guerre ? Et, dans ce cas-là, la guerre pourrait-elle s’étendre cette fois-ci aux villes sahraouies occupées par le Maroc ?


« Les lois internationales garantissent le droit de se défendre et de résister pour la défense des droits légitimes des peuples. Notre cause est une cause juste, claire et transparente. Depuis la signature du cessez-le-feu en 1991, cela fait 18 ans que nous sommes dans une impasse qui n'est ni la guerre ni la paix. Divisés par un mur miné, un des plus dangereux du monde, soumis à la répression brutale et supportant la spoliation de nos richesses, le Maroc continue à ignorer la légalité et les résolutions de l'ONU. Cette situation impose à tous les Sahraouis de penser la même chose : chercher chaque jour une nouvelle forme de lutte. Ce n'est pas une question émotionnelle, mais stratégique, qui marquera le destin de notre peuple, une option imposée et non choisie. Mais c’est notre représentant, le Front Polisario, qui prendra la décision ».


Les enfants et adolescents mineurs sahraouis sont une cible particulièrement touchée par la répression marocaine au Sahara, Quel est le but de cette nouvelle stratégie du Maroc ?


« Il s'agit d'une question de grande importance qui n'a rien de fortuit. Le régime marocain ne fait rien de façon spontanée. La répression contre les enfants mineurs sahraouis est systématique et a des connotations stratégiques. Ces enfants, ces jeunes qui sont aujourd’hui emprisonnés, torturés et violés sont nés dans un environnement d’occupation et de soulèvement permanent et se sont eux qui adaptent et actualisent cette culture de la résistance. Le Maroc essaye d'annihiler leurs actions parce qu'il connaît leur importance pour le peuple sahraoui. C'est pourquoi nous avons constitué récemment le Forum pour la Protection de l'Enfance en tant qu’outil pour faire connaître cette campagne d'extermination de nos enfants mineurs. Des enfants de 5 ans ont été torturés pour avoir brandi le drapeau sahraoui ».


Bien que le Maroc ne réduise pas le degré de violence de sa répression, il se forme chaque fois davantage de groupes de défense des droits humains au Sahara, quelque chose a-t-il changé pour que ce phénomène se produise ?


« Non, la répression marocaine est dirigée contre tous les droits civils et politiques des Sahraouis, parmi lesquels ceux de se réunir et de s’organiser. Toutes les organisations qui se sont constituées sont interdites légalement c’est pourquoi leur apparition et leur activité représentent une énorme réussite qui est le résultat de la lutte des Sahraouis pour leur liberté. Ce n’est ni un cadeau ni un crédit de l’État marocain. Et cela n’implique ni ouverture ni nouvelle démocratie de la part du Maroc ».


Et, qu’en est-il de l'appui du gouvernement espagnol aux thèses marocaines pour le Sahara ?


« Personnellement, le gouvernement espagnol ne me semble pas trop démocratique parce que dans cette affaire sa position ne reflète pas la volonté politique des peuples d'Espagne. Ces peuples sont l'élan central, le cœur de la solidarité avec le Sahara vers le monde. En attendant, le gouvernement de Zapatero brandit le drapeau des droits de l’homme mais il n’endosse pas la responsabilité de son rôle historique au Sahara et il détourne son regard lorsqu’on lui parle de l'extermination des Sahraouis. C'est une question de business ».


Notes

1- Yahya Mohamed El Hafed

Le défenseur des droits humains Yahya Mohamed el Hafed Aaza torturé et placé à l’isolement

Front Line est profondément préoccupée suite à l’annonce de la torture et de la mise à l’isolement du défenseur des droits humains M. Yahya Mohamed el Hafed Aaza, actuellement détenu dans la prison d’Aït Melloul. Yahya Mohamed El Hafed Aaza est membre de la branche de Tan-Tan de l’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH), ainsi que de l’assemblée constitutive du Collectif des Défenseurs Sahraouis des Droits de l’Homme (CODESA).

Le 4 mars 2008, Front Line avait lancé un appel urgent concernant l’arrestation arbitraire de Yahya Mohamed El Hafed Aaza.

Le 3 avril 2009, Yahya Mohamed El Hafed Aaza et neuf autres prisonniers sahraouis auraient été victimes de torture dans la prison Enzkan. Ils ont ensuite été transférés dans la prison d’Aït Melloul, où Yahya Mohamed El Hafed Aaza a été placé à l’isolement, sans couverture ni vêtements et sans suffisamment d’eau et de sucre, dont il a besoin car il mène une grève de la faim. Yahya Mohamed El Hafed Aaza souffre de rhumatismes, d’asthme, d’anémie et d’autres maladies pour lesquelles il a passé trois mois à l’hôpital quand il été emprisonné à Enzkan. Le 4 avril 2009, sa femme et son père n’ont pas été autorisés à lui rendre visite et il leur a été demandé d’avoir une autorisation du Directorat des Prisons à Rabat (qui se situe à 700km d’Aït Melloul).

Yahya Mohamed El Hafed Aaza a été arrêté le 29 février 2008 alors qu’il travaillait dans son magasin à Tan-Tan, dans le sud du Maroc. Il semble que son arrestation soit liée à des manifestations pacifiques en faveur de l’indépendance, qui avaient eu lieu deux jours plus tôt à Tan-Tan. En septembre 2008, il a été condamné à 15 ans de prison lors d’un procès inéquitable. Yahya Mohamed El Hafed Aaza avait déjà été victime d’intimidations. En 2004 et 2006, il avait été arrêté par les services marocains de renseignement militaire. En 2005, il aurait été enlevé par ces mêmes services pendant deux semaines, durant lesquelles il a été torturé.

Front Line pense que la torture et la détention continue de Yahya Mohamed El Hafed Aaza a un lien direct avec son travail en faveur des droits humains. Front Line est très inquiète pour l’intégrité physique et psychologique de Yahya Mohamed El Hafed Aaza.


Source : Front Line (Protection des Défenseurs des Droits Humains), 23 avril 2009

Quelques repères historiques sur le mouvement des défenseurs des droits humains au Sahara Occidental
Depuis toujours, la répression contre la population sahraouie a été liée à la question de sa libre détermination. Pays colonisé par l'Espagne jusqu'en 1975, toute tentative de création d'un mouvement nationaliste a été durement réprimé par les autorités coloniales. Depuis l'invasion marocaine en novembre 1975, le régime alaouite a utilisé toutes ses ressources répressives contre la population civile sahraouie: bombardements au napalm, arrestations massives, assassinats.
Durant les premières années de l'occupation marocaine, la question des violations systématiques des droits humains a été entièrement occultée par le conflit militaire, alors que des centaines de civils étaient arrêtés, torturés, puis "disparus" pour le simple fait d'être sahraoui.
1989: création de l'Association des Familles de Prisonniers et Disparus Sahraouis (AFAPREDESA). Quelques membres de familles, en exil, s'inspirant des expériences latino- américaines, fondent leur association qui deviendra au fil des ans la référence au niveau international. Participation aux commissions et sous-commissions des droits de l'homme de l'ONU, contacts avec des ONG internationales…
1991: en juin, le Maroc annonce la "libération" de plus de 300 disparus sahraouis dont il niait l'existence. Peu à peu, ils feront connaître le calvaire des centaines de disparus enlevés par les autorités marocaines.
1993: création à Rome du Bureau pour le respect des droits de l'homme au Sahara Occidental, aujourd'hui BIRDHSO.
1994: des rescapés des bagnes secrets libérés en 1991, créent le "Comité de coordination des victimes sahraouies de la disparition forcée" qui entame différentes démarches pour la reconnaissance de leurs droits.
Août 2000: création à El Ayoun (capitale du Sahara Occidental occupé) de la Section Sahara du Forum Vérité-Justice qui regroupera la majorité des défenseurs sahraouis des droits de l'homme.
Septembre 2001: création à El Ayoun du "Comité pour la libération de Mohamed Daddach et tous les prisonniers politiques sahraouis". Son travail conjoint avec le BIRDHSO et d'autres organisations internationales, aboutira à la libération des 26 prisonniers politiques sahraouis en novembre 2001. Depuis lors, Sidi Mohamed Daddach devient le symbole de la lutte pour la défense des droits humains au Sahara Occidental. Il obtiendra le prix RAFTO des droits de l'homme (Norvège) en 2002
2002: Création du "Comité pour la libération de Ali Tamek Salem (membre du Forum Vérité-Justice arrêté et condamné par les autorités marocaines) et prisonniers politiques sahraouis.
Juin 2003: Dissolution par les autorités marocaines du Forum Vérité-Justice - Section Sahara.
Janvier 2004: libération de Tamek et 11 autres détenus politiques sahraouis
Source :
http://www.birdhso.org/appel0904.html, 14 avril 2009
Lire également
Rapport sur les intimidations perpétrées par les autorités marocaines contre les défenseurs Sahraouis des droits de l'homme. 14 avril 2004
Rapport annuel sur les violations des droits humains au Sahara Occidental 2006

dimanche 26 avril 2009

Sommet des Amériques: "un succès"(Chávez)

Cliquer sur les titres pour accéder aux articles
Sommet des Amériques : Obama rejette les tentatives de renverser le gouvernement bolivien, mais il ne renonce pas à l’ingérence
Evo Morales : « Que ce soit le dernier sommet des Chefs d'État sans Cuba »
Rafael Correa : « Le document final est sans importance, le sommet l'a largement dépassé »
par Luigino BRACCI ROA, 18-19/4/2009

Révolution dans la Vallée du Swat : les talibans exploitent le fossé entre classes sociales au Pakistan

par Jane PERLEZ et Pir ZUBAIR SHAH, The New York Times, 16/4/2009. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : Taliban Exploit Class Rifts in Pakistan

PESHAWAR, Pakistan — Les talibans ont encore avancé au Pakistan en organisant une révolte de classe qui exploite la fracture sociale entre un petit groupe de grands propriétaires fonciers et leurs métayers sans terre, à en croire des fonctionnaires et des observateurs locaux.



3000 personnes réunies en meeting le 10 avril apportent leur soutien au projet de loi ouvrant la voie à l'instauration de la loi islamique dans le Swat. Photo Naveed Ali/Associated Press


Leur stratégie a ouvert la voie à une prise de pouvoir par les talibans dans la Vallée du Swat, où le gouvernement a autorisé l’imposition de la loi islamique cette semaine, et cela implique de grands dangers pour le reste du Pakistan, en particulier pour ce qui est la cible principale des militants, la populeuse province du Pendjab.


Dans le Swat, ce que rapportent ceux qui ont fui ce district indique clairement que les talibans ont pris le pouvoir en écartant quatre douzaines de grands propriétaires qui détenaient l’essentiel du pouvoir.


Pour y arriver, les talibans ont organisé les paysans en bandes armées qui sont devenues leurs troupes de choc, selon des habitants, des fonctionnaires et des observateurs.


Cette démarche a permis aux talibans d’offrir des bénéfices économiques à des gens frustrés par un gouvernement laxiste et corrompu, tout en imposant une forme stricte d’islam par la terreur et l’intimidation.

« C’est une révolution sanglante qui a lieu au Swat », dit un haut responsable gouvernemental pakistanais chargé du district, qui a requis l’anonymat par crainte de représailles des talibans. « Cela ne m’étonnerait pas que ça finisse par balayer l’ordre étable au Pakistan. »


L’habileté des talibans à exploiter les divisions de classe ajoute une nouvelle dimension à l’insurrection et suscite l’ alarme sur les risques encourus par l’ensemble du Pakistan, un pays resté en grande partie féodal.

À la différence de l’Inde après l’indépendance de 1947, le Pakistan a maintenu une classe supérieure réduite qui a conservé ses vastes richesses tandis que ses travailleurs restaient soumis, selon les fonctionnaires et observateurs. Les gouvernements qui se sont succédés au Pakistan ont échoué à fournir au pays une réforme agraire et même les formes les plus élémentaires d’éducation et de structures sanitaires. Il n’existe pas de possibilités d’avancement pour la très grande majorité des ruraux pauvres.


Les observateurs et fonctionnaires avertissent que la stratégie mise en œuvre au Swat peut facilement être transplantée au Pendjab, disant que cette province, où des groupes militants font déjà des démonstrations de force, est mûre pour les mêmes convulsions sociales que le Swat et les zones tribales.


Mahboob Mahmood, un juriste pakistano-américain et ancien camarade de classe du président Obama, dit : « Le people pakistanais est psychologiquement mûr pour une révolution. »

Les militants Sunnites profitent des profondes divisions de classes fortement enracinées au Pakistan, dit-il. « Les militants, pour leur part, promettent bien plus que simplement la prohibition de la musique et de l’école », dit-il. « Ils promettent aussi une justice islamique, un gouvernement efficace et une redistribution économique. »


La stratégie des talibans dans le Swat, une zone peuplée par 1,3 million de personnes, avec des vergers fertiles, des vastes parcelles boisées et des précieuses mines d’émeraude, s’est déployée en étapes sur une période de cinq ans, expliquent les observateurs.


L’insurrection a connu son apogée Durant ces deux années écoulées, quand les talibans, renforcés par des combattants expérimentés des zones tribales ayant des liens avec Al Qaïda, ont contraint l’armée pakistanaise à la paralysie, dit un agent de renseignement pakistanais travaillant dans la zone.


Les insurgés s’en sont pris à toutes les composantes du pouvoir : les propriétaires fonciers et les dirigeants élus – qui sont généralement les mêmes – et des forces de police sous-payées et sous-motivées, selon Khadim Hussain, professeur de linguistique et communication à l’université Bahria d’ Islamabad, la capitale.


Simultanément, les talibans ont exploité les ressentiments des métayers sans terre, en particulier le fait qu’ils avaient de nombreuses procédures judiciaires non résolues contre leurs maîtres, dans un système judiciaire lent et corrompu, selon M. Hussain et des habitants qui ont fui la zone.


Leurs doléances ont été alimentées par un jeune militant, Maulana Fazlullah, qui a lancé une station de radio FM en 2004pour en appeler aux exclus du système électoral et politique. En 2006, M. Fazlullah a constitué une force irrégulière de paysans sans terre armés par les talibans, ajoutent M. Hussain et d’anciens résidents de la zone.


Au début, les pressions sur les propriétaires terriens étaient subtiles. Tel propriétaire était soumis à des pressions pour retirer son fils d’une école de langue anglaise jugée offensante par les talibans. D’autres étaient contraints de faire des donations aux talibans.


Puis, fin 2007, Shujaat Ali Khan, le plus riche des propriétaires, ses frères et son fils Jamal Nasir, maire du Swat, sont devenus des cibles.


Après que Shujaat Ali Khan, un membre dirigeant de la Ligue musulmane-Q, eut failli se faire tuer par une bombe visant son véhicule, il a fui à Londres. Un de ses frères, Fateh Ali Mohammed, ancien sénateur, lest aussi parti et vit maintenant à Islamabad. M. Nasir a aussi pris la fuite.


Puis, les talibans ont publié une liste des 43 “homes les plus recherchés” , raconte Muhammad Sher Khan, un propriétaire qui est un politicien du Parti du people pakistanais, et dont le nom était sur la liste. Tous ceux qui étaient nommés reçurent l’ordre de se présenter aux tribunaux talibans, sans quoi ils risquaient la mort, dit-il. “Quand vous savez qu’ils vont vous pendre et vous tuer, comment oseriez-vous retourner là-bas ?”, nous a dit M. Khan, au téléphone, depuis sa cachette au Pendjab. “Être sur la liste, ça veut dire ‘Ne reviens pas au Swat’ ”.



"Paradise Angels" ? Militants de la révolution sociale dans le Swat. Photo Rashid Iqbal/European Pressphoto Agency


Un des principaux instigateurs de l’ordre nouveau a été Ibn-e-Amin, un commandant Taliban de la même zone que les propriétaires fonciers, appelée Matta. Le fait qu’il vienne de Matta, et sache qui était qui, a augmenté la pression sur les propriétaires, explique M. Hussain.


Selon les medias pakistanais, M. Amin avait été arrêté en août 2004, soupçonné de liens avec Al Qaïda, et relâché en novembre 2006. Un autre agent de renseignement pakistanais dit que M. Amin fréquentait une madrasa dans le Nord-Waziristan, le bastion d’Al Qaïda dans les zones tribales, où il a apparemment reçu des instructions.


Chaque fois que des propriétaires prenaient la fuite, leurs métayers étaient récompensés. Ils étaient encouragés à abattre les arbres des vergers et à vendre le bois pour leur propre compte, disent les anciens résidents. Ou bien on leur disait de payer leur fermage aux talibans au lieu de le payer à leurs maîtres désormais absents.


Deux mines dormantes d’émeraudes ont été rouvertes sous contrôle taliban. Les militants ont annoncé qu’ils percevraient un tiers des revenus.


Depuis que les talibans ont contraint l’armée à une trêve en février dernier, les militants ont approfondi leur démarche et ont clarifié qui tenait les rênes.


Quand des bureaucrates provinciaux visitent Mingora, la capitale du Swat, ils doivent maintenant obéir aux ordres des talibans et s’asseoir par terre, entourés de talibans armés et portant dans certains cas des gilets d’attentats-suicides, dit le responsable provincial.


Dans beaucoup de zones du Swat les talibans ont exigé que chaque famille donne un fils qui recevra un entraînement de combattant, affirme Mohammad Amad, directeur exécutif de l’ONG Initiative for Development and Empowerment Axis.


Un propriétaire qui a pris la fuite avec sa famille l’année dernière raconte qu’il a reçu un message effrayant la semaine dernière. Ses métayers l’ont appelé à Peshawar, la capital de la Province frontalière du Nord-Ouest, dont fait partie le Swat, pour lui annoncer que sa vaste maison avait été détruite.


Mais l’information la plus accablante concernait ses finances. Il avait vendu sa récolte de fruits d’avance, bien qu’à un quart du prix de l’année dernière. Mais même ce modeste produit ne lui reviendrait pas, lui ont dit ses fermiers, relayant le message taliban. L’acheteur avait reçu l’ordre de donner l’argent aux talibans.

samedi 25 avril 2009

25 avril 1974: la révolution des oeillets au Portugal

J'aimerai toujours les œillets
Rouges ils me font encor rêver
De voir un peuple se lever
Pour regagner sa dignité
Des pétales de liberté
Des brassées de fraternité
Des gerbes vermeilles jaillissent
Pour que tous les fusils fleurissent
Quand les sourires à fleur de peau
S’offrent comme autant de cadeaux
Pour des immenses retrouvailles
Cachées longtemps dans les entrailles
Pendant trop d’années étouffées
Sous un couvercle sans pitié
Des humiliations répétées
Aux assassinats perpétrés
De la torture habituelle
Aux guerres indignes et cruelles
Que de larmes auront coulé
Torrents de sang en vain versés
Jusqu’à ce qu’ils fassent enfin naître
Des bouquets à chaque fenêtre
Et toutes ces mains qui s’étreignent
Quand les regards enfin s’atteignent
Des voies lactées dans tous les yeux
Pour ouvrir les cachots odieux
Débrider les imaginaires
Pendant si longtemps mis aux fers
Trop plein de générosité
Allant jusqu’à l’ingénuité
Mais faut-il les leur reprocher
Ou plutôt les en remercier
Les semailles de cet avril
Sont encore aujourd’hui fertiles
Malgré les années de jachère
Les sordides mises aux enchères
Par les valets de la finance
Les usuriers de l’espérance
Qui se vautrent non sans délices
Dans les anciennes injustices
Et jouent des commémorations
Pour toujours noyer le poisson
Mais l’éclair de ces mois intenses
Garde aujourd’hui de la puissance
Perpétuelle sentinelle
Qui saura battre le rappel
Dès lors que du ventre fécond
Naîtront des abominations


Pedro DA NOBREGA

jeudi 23 avril 2009

Plainte contre Israël en Norvège

Communiqué de presse
Anmeldelse mod Israel i Norge/Lawsuit against Israel in Norway/ شكوى ضد إسرائيل في النرويج/Denuncia contra Israel en Noruega/Azione legale contro Israele in Norvegia
Pressemelding/Press release /بيان صحفي/Comunicado de prensa/Comunicato stampa

20/4/2009
Un groupe d'avocats norvégiens va déposer le 22/04/ 2009 une plainte auprès du Procureur général norvégien pour qu’il engage de poursuites en application des articles 102 à 109 du Code pénal norvégien sur les crimes de guerre et autres violations graves des droits de l'homme selon les normes internationales.

La plainte concerne l'attaque israélienne contre la bande de Gaza dans la période du 27 décembre 2008 au 25 janvier 2009.


La requête de mise en accusation énumère les crimes suivants:


1- Meurtres de civils et commissions d’actes inhumains ayant causé d'énormes souffrances.

2- Vaste destruction de propriétés privées et publiques visant à intimider les civils.

3- Attaques visant des hôpitaux, des centres de santé, des ambulances et autres moyens de transport et équipes de secours sans égard pour la protection internationale dont ces personnes bénéficient.

4-Une très vaste attaque terroriste ciblant principalement les résidents de Gaza.

5-Une utilisation illégale d’armes de guerre contre des zones peuplées de civils en utilisant contre eux des armes interdites sur le plan international, dont du phosphore blanc, des armes contenant du DIME , et des obus à fléchettes.

La plainte vise comprend les dirigeants politiques et militaires suivants :


-Le Premier ministre israélien Ehud Olmert
- La ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni
- Le ministre de la Défense israélien Ehud Barak
-Le Chef d'état-major Gabi Ashkenazi
-Le Commandant en chef de l’armée de terre, le général Avi Mizrahi
- Le Commandant en chef de la Marine de guerre, l’ Amiral Aluf Eli Marom
- Le Commandant en chef de l'armée de l'air, le général Ido Nehoshtan
- Le commandant du Commandement Sud, le général major Yoav Galant
-Le commandant de la Brigade Givati, le colonel Ilan Malka
-Le commandant de la Brigade Golani, le colonel Avi Peled

Les accusés constituent le commandement central, qui porte haut la responsabilité pour les crimes de guerre commis par Israël dans la guerre contre Gaza.

Les trois premiers noms étaient membres du mini-cabinet (Cabinet de sécurité). Par conséquent, ils ont sans aucun doute su, donné des ordres pour, ou décidé de ne pas empêcher ce qui s'est passé contre les résidents de Gaza, et ils étaient au moins au courant des résultats de ces opérations de destruction sur les civils.

Pendant la guerre, les accusés ont ordonné et facilité les opérations sans intervenir au moins pour les arrêter car ils avaient le plein pouvoir de faire cesser les opérations.

Les objectifs déclarés de la guerre d'Israël comprenaient une punition de masse contre les résidents de Gaza pour les amener à se soulever contre le mouvement Hamas, ce qui aurait sérieusement engagé des civils dans des conflits. Cela a été déclaré par les commandants de l'armée israélienne, avant et pendant la guerre.

Cette déclaration a été appuyée par les dirigeants politiques, dont Shimon Peres le 14 janvier 2009.

Ils ont déclaré clairement que l'objectif était de porter un coup dur aux citoyens de Gaza afin d’arrêter les tirs de missiles.

Par conséquent, il ressort de déclarations des accusés qu’ Israël qui a violé tous les droits fondamentaux de l'homme en temps de guerre ne prenant pas en considération les civils non-combattants et ne faisant pas de distinction entre civils et combattants.

Il est clair qu'Israël a ouvert le feu sur des cibles militaires, sans considération pour toute présence civile ou de civils , violant ainsi gravement les lois de la guerre et du droit international.

Au cours de l'attaque, environ 1300 Palestiniens ont été tués, environ 90% des civils, dont 300 enfants et 120 femmes. Le nombre de morts devrait augmenter puisque la recherche de corps ensevelis sous les débris est encore en cours et que le nombre de personnes grièvement blessé est élevé.

Outre les décès, plus de 5303 Palestiniens ont été blessés, dont 1.872 enfants et 800 femmes.

Beaucoup de blessés sont grièvement blessé à cause de l'utilisation du phosphore blanc et d’armes DIME qui ont été utilisés dans des zones densément peuplées. Environ 10.000 Palestiniens ont été déplacés à cause de la guerre.

Les dégâts matériels étaient ciblés, systématiques et prémédités, visant toute la communauté de Gaza, comme par exemple des maisons d'habitation privées, des édifices civils du gouvernement, l'agriculture, l'économie, des centres de santé, des centres culturels, des écoles, des parcs, des organisations de la société civile, en plus de la démolition de l'infrastructure des communications, des centrales électriques, d'eau et d'assainissement.


Environ 15550 maisons civiles, 36 bâtiments gouvernementaux, 268 établissements d'enseignement (écoles, jardins d'enfants et bâtiments universitaires), et environ 52 mosquées ont été partiellement ou totalement détruits.


Le secteur agricole a été détruit d'une façon qui touchait directement la production de nourriture pour les citoyens de Gaza. Cela comprenait la démolition des terres agricoles, l'approvisionnement en eau, en plus du bombardement de magasins d'alimentation battant pavillon de l'ONU qui sont nécessaires à la vie de civils.


35750 têtes de bétail et environ 1 million de volailles ont été tués.

Un total de 701 entreprises industrielles ont été partiellement ou entièrement détruites, y compris les dommages organiques.

Israël n’a laissé aucun lieu sûr dans la bande de Gaza, même les refuges fournis par les Nations Unies ont été sauvagement bombardés, ce qui a mis les enfants et les femmes dans un e situation de danger humanitaire sans précédent.

La plainte demande que les accusés mentionnés ci-dessus soient arrêtés en cas d'entrée en Norvège et exige également qu’ils soient livrés à la Norvège par le biais de l'extradition et de la coopération de la police norvégienne avec la police d'autres pays.

La plainte demande également que les charges contenues dans la requête d’acte d'accusation leur soient adressées et qu'ils soient déférés à la justice pour faire face à la punition qu'ils méritent.

La Norvège a le droit d'intervenir dans ce qui relève de la compétence universelle dans le Code pénal norvégien.

Ceci peut être fait par les dispositions du Code pénal norvégien établissant les compétences et obligations relatives aux droits de l'homme découlant du fait que la Norvège est signataire de la Convention de Genève de 1949, et du protocole additionnel en 1977, qui sont conformes aux résolutions du Statut de Rome de la Cour pénale internationale à La Haye et au Code pénal norvégien.
Pendant de nombreuses années, la Norvège a activement participé à la résolution de conflits et de crises au Moyen-Orient. Elle a donné de l'argent, ont participé à des forces de maintien de la paix de l'ONU et est actuellement à la tête du groupe des pays donateurs dont les donations à la population palestinienne ont été détruites dans la guerre contre la bande de Gaza. Nous considérons que tout cela donne à la Norvège le droit de tenir un procès et d’enquêter sur les graves crimes de guerre contre des résidents civils, de veiller à ce que les auteurs ne puissent pas échapper au châtiment et de rétablir les droits qui ont été gravement violés.
La plainte est déposée par des victimes de l'agression et aussi par des individus basés en Norvège qui ont le droit de poursuivre les auteurs, parce qu'ils ont perdu soit des parents soit des biens.
Ils demandent que les auteurs soient soumis à une sanction pénale et exigent réparation au civil.

Oslo, le 20/04/2009

Mes Loai Deeb, Pål Hadler, Bent Endresen, Geir Høin, Harald Stabell et Kjell M. Brygfjeld, avocats

Source :
http://www.tlaxcala.es/detail_artistes.asp?lg=es&reference=315

Le message d'amour de l'ingénieur Ahmadinejad à Genève

Lisez bien ce discours prononcé par le président iranien Ahmadinejad à Genève, dans la conférence "Durban II". C'est un tissu d'évidences, pour ne pas dire de banalités. Ce qui rend le "scandale" suscité auprès des représentants de l'Occident démocratique et laïc d'autant plus grotesque.



Lisez aussi l'article Ahmadinejad : « Lisez sur mes lèvres », par Gilad Atzmon


Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux ... [ 3 militants sionistes de l’Union des Étudiants Juifs de France, déguisés en clowns, qui ont été introduits dans la salle avec l'aide de la délégation officielle française, provoquent un brouhaha et sont escortés par la sécurité hors de la salle] Puisse-t-il combler ses prophètes ... Louange à Allah, le Tout-Puissant, qui est juste, bienfaisant et compatissant. Puisse-t-il combler de ses bénédictions et de sa grâce ses prophètes, d'Adam à Noé, Abraham, Moïse, Jésus-Christ et Son dernier prophète, Mohammed. La paix soit sur eux tous, eux qui furent les annonciateurs du monothéisme, de la fraternité, de l'amour ... [Applaudissements] ... de la dignité humaine et de la justice.
Monsieur le Président. Je demande à tous les hôtes distingués de pardonner à ces gens ignorants.
Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux. Puisse-t-il combler ses prophètes ... Louange à Allah, le Tout-Puissant, qui est juste, bienfaisant et compatissant. Puisse-t-il combler de ses bénédictions et de sa grâce ses prophètes, d'Adam à Noé, Abraham, Moïse, Jésus-Christ et Son dernier prophète, Mohammed. La paix soit sur eux tous, eux qui furent les annonciateurs du monothéisme, de la fraternité, de l'amour, de la dignité humaine et de la justice.

Monsieur le Président, Honorable Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, Madame le Haut-Commissaire, Mesdames et Messieurs. Nous sommes réunis ici dans le cadre du suivi de la conférence de Durban contre le racisme et la discrimination raciale pour élaborer des mécanismes concrets pour nos campagnes saintes et humanitaires. Au cours des derniers siècles, l'humanité a connu d'énormes souffrances et douleurs. Au Moyen-Âge, des penseurs et des scientifiques ont été condamnés à mort. Il a ensuite été suivi d'une période d'esclavage et de traite des esclaves, lorsque des millions de personnes innocentes ont été capturées et séparées de leurs familles et de leurs proches, pour être emmenées en Europe et en Amérique dans les pires conditions ; une période sombre qui a également connu des occupations, des pillages et des massacres d’innocents.
De longues années sont passées avant que les nations se lèvent et se battent pour leur liberté, et elles ont payé un prix élevé. Elles ont perdu des millions de vies pour expulser les occupants et proclamer leur indépendance. Toutefois, il n'a pas fallu longtemps pour que les pouvoirs de coercition imposent deux guerres en Europe, qui ont également frappé une partie de l'Asie et l'Afrique. Ces horribles guerres ont coûté environ 100 millions de vies et ont laissé des destructions massives. Si des enseignements avaient été tirés des occupations, des horreurs et des crimes de ces guerres, il y aurait eu une lueur d'espoir pour l'avenir. Les puissances victorieuses se sont proclamées les conquérants du monde, tout en ignorant ou en foulant aux pieds les droits des autres nations par l'imposition de lois répressives et d’accords internationaux.
Mesdames et Messieurs, jetons un coup d'œil au Conseil de sécurité de l'ONU, qui est l'un des héritages de la première et de la Seconde Guerre mondiale. Quelle était la logique à l’œuvre quand (les grandes puissances) se sont accordées à elles-mêmes le droit de veto? Comment une telle logique peut-elle se conformer à des valeurs spirituelles ou humanitaires ? Serait-elle en conformité avec les principes reconnus de justice, d'égalité devant la loi, d'amour, et de dignité humaine? [Applaudissements] Ou plutôt, à la discrimination, à l'injustice, à la violation des droits de l'homme, ou à l'humiliation de la majorité des nations et des pays?
Ce Conseil est l’organe mondial de prise de décision le plus élevé pour la sauvegarde de la paix et la sécurité internationales. Comment pouvons-nous espérer la réalisation de la justice et de la paix lorsque la discrimination est légalisée et que l'origine de la loi est dominée par la contrainte et la force plutôt que par la justice et le droit?
La contrainte et l'arrogance sont à l'origine de l'oppression et des guerres. Même si aujourd'hui de nombreux partisans du racisme condamnent la discrimination raciale dans leurs paroles et dans leurs slogans, un certain nombre de pays puissants ont été autorisés à décider pour les autres nations sur la base de leurs propres intérêts et de leur pouvoir discrétionnaire. Et ils peuvent facilement ridiculiser et violer toutes les lois et les valeurs humanitaires, comme ils l'ont fait.
Après la Seconde Guerre mondiale, ils ont eu recours à l'agression militaire pour réduire une nation tout entière à l’état de sans-abri sous le prétexte de la souffrance juive. Et ils ont envoyé des migrants venus d'Europe, des USA, et d'autres parties du monde afin de mettre en place un gouvernement totalement raciste en Palestine occupée ... [Des délégués se retirent en signe de protestation. Applaudissements] Et en fait, à titre de dédommagement pour les conséquences du racisme en Europe ... Bon, s'il vous plaît. Merci. Et en fait, à titre de dédommagement pour les conséquences du racisme en Europe, ils ont contribué à amener au pouvoir le régime raciste le plus cruel et répressif en Palestine. [Applaudissements]
Le Conseil de sécurité a contribué à stabiliser ce régime d'occupation et l'a soutenu au cours des 60 dernières années, en lui donnant les mains libres pour continuer ses crimes. Il est d'autant plus regrettable qu'un certain nombre de gouvernements occidentaux et les USA se soient engagés à défendre les auteurs d'actes de génocide raciste alors que les consciences éveillées et les esprits libres du monde entier condamnent l'agression, les brutalités et les bombardements de civils à Gaza. Ils ont toujours été favorables ou silencieux face à leurs crimes. Et avant cela, ils ont toujours été silencieux sur leurs crimes.
Mesdames et Messieurs les délégués, Mesdames et Messieurs, quelles sont les causes profondes des attaques usaméricaines contre l'Irak ou de l'invasion de l'Afghanistan? [Cris du public] Quelles sont les causes profondes des attaques usaméricaines contre l'Iraq ou de l’invasion de l'Afghanistan? Y avait-il d’autre motif à l'invasion de l'Irak que l'arrogance de l'administration usaméricaine de l’époque et les pressions de la part des détenteurs de la richesse et du pouvoir pour étendre leur sphère d'influence, au service des intérêts des gigantesques entreprises de fabrication d'armes, affectant un noble culture avec des milliers d'années d'histoire, éliminant des traits pratiques et potentiels de pays musulmans contre le régime sioniste, ou pour contrôler et piller les ressources énergétiques du peuple irakien ? Pourquoi, en effet près d'un million de personnes ont-elles été tuées et blessées et quelques autres millions ont-elles été déplacées et sont devenus sans-abri ? Pourquoi, en fait le peuple iraquien a-t-il subi d'énormes pertes s'élevant à des centaines de milliards de dollars ? Et pourquoi des dépenses de centaines de milliards de dollars ont-elles été imposées à la population usaméricaine et à ses alliés à la suite de ces actions militaires? L'action militaire contre l'Irak n’a-t-elle pas été planifiée par les sionistes et leurs alliés dans l'administration US de l’époque, en complicité avec les entreprises de fabrication d'armes et les détenteurs de la richesse?
L'invasion de l'Afghanistan : la restauration de la paix, de la sécurité et du bien-être économique dans ce pays. Les USA et leurs alliés, non seulement n'ont pas réussi à contenir [?] en Afghanistan, mais aussi la culture illicite de stupéfiants s’est multipliée durant leur présence. La question fondamentale est la suivante: quelle a été la responsabilité du travail de l'administration usaméricaine et de ses alliés? Ont-ils représenté le monde? Ont-ils été mandatés par eux? Ont-ils été autorisés au nom de la population du monde à intervenir dans toutes les régions du globe? Et bien sûr, surtout dans notre région, ces mesures ne sont-elles pas un exemple clair d'égocentrisme, de racisme, de discrimination, ou d'atteinte à la dignité et à l'indépendance des nations?
Mesdames et Messieurs, qui est responsable de l'actuelle crise économique mondiale? Où la crise a-t-elle débuté ? En Afrique? En Asie? Ou n’était-ce pas d’abord aux USA, pour ensuite s'étendre à l'Europe et à leurs alliés? Pendant longtemps, ils ont imposé des règles économiques inéquitable. Par leur pouvoir politique sur l'économie internationale, ils ont imposé un système financier et monétaire international sans un mécanisme de supervision sur les nations et les gouvernements qui n'ont joué aucun rôle dans les tendances ou les politiques répressives. Ils n'ont même pas autorisé leur propre peuple à superviser ou surveiller leur politique financière. Ils n’introduisent toutes les lois et règlements, au mépris de toutes les valeurs morales que pour protéger les intérêts des détenteurs de la richesse et de la puissance. Ils ont en outre présenté une définition de l'économie de marché et de la concurrence qui privait de beaucoup de possibilités économiques d'autres pays du monde. Ils ont même transféré leurs problèmes à d’autres alors que la vague de la crise refluait, infligeant à leurs économies des milliers de milliards de dollars de déficits budgétaires. Et aujourd'hui, ils injectent de centaines de milliards de liquidités pris dans les poches de leur propre peuple dans les banques et les institutions financières en banqueroute, rendant la situation de plus en plus compliquée pour l'économie et leur peuple. Ils ne pensent tout simplement qu’à maintenir pouvoir et richesse. Ils ne pouvaient pas se soucier de toute la population du monde, et même pas de leur propre peuple.
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, le racisme est ancré dans le manque de connaissances sur la vérité de l'existence humaine en tant que création sélectée de Dieu. Il est également le produit de sa déviation par rapport à la véritable voie de la vie humaine et aux obligations de l'humanité dans le monde de la création. Ne pas adorer consciemment Dieu, de ne pas être en mesure de réfléchir sur la philosophie de la vie ou le chemin de la perfection qui sont les principaux ingrédients des valeurs divines et humanitaires, cela a limité l'horizon de la perspective de l'homme, faisant d’intérêts transitoires et limités la référence pour ses actions.
C'est la raison pour laquelle les cellules du pouvoir diabolique ont pris forme et ont élargi leur emprise, privant les autres de jouir de possibilités justes et équitable de développement. Le résultat a été la réalisation d'un racisme débridé qui constitue la menace la plus grave contre la paix internationale et a entravé la voie de la construction d’une coexistence pacifique dans le monde entier. Sans aucun doute, le racisme est le symbole de l'ignorance, qui a des racines profondes dans l'histoire. Et c'est bien un signe de frustration dans le développement de la société humaine. Il est donc extrêmement important de suivre les manifestations de racisme dans des situations ou dans des sociétés où l'ignorance ou le manque de connaissances prévalent. Cet accroissement de la sensibilisation et de la compréhension à l'égard de la philosophie de l'existence humaine est le principe de la lutte contre de telles manifestations, qui est la clé de la compréhension de la vérité que l'homme porte sur la création de l'univers, et la clé d'un retour aux valeurs spirituelles et morales et, enfin, l’inclination à l'adoration de Dieu Tout-Puissant. La communauté internationale doit engager des démarches collectives pour sensibiliser les sociétés affligées où les le racisme de l'ignorance règnent encore, de manière à mettre fin à la propagation de ces manifestations de malveillance.
Chers amis, aujourd'hui, la communauté humaine est confrontée à une forme de racisme qui a terni l'image de l'humanité en ce début de troisième millénaire. Le sionisme mondial personnifie un racisme qui a recours de manière frauduleuse à la religion et abuse des sentiments religieux pour cacher sa haine et son visage hideux. Toutefois, il est d'une grande importance de mettre en évidence les objectifs politiques de certaines puissances mondiales et de ceux qui contrôlent d'énormes ressources et intérêts économiques dans le monde. Elles mobilisent toutes leurs ressources, y compris leur influence économique et politique et les médias mondiaux pour soutenir en vain le régime sioniste, et agissent de manière malintentionnée pour diminuer l’ignominie et l'indignité de ce régime. Ce n'est pas simplement une question d'ignorance, et l'on ne peut vaincre ce phénomène horrible par le biais de campagnes culturelles. Des efforts doivent être faits pour mettre fin à l'abus par les sionistes et leurs partisans des instruments politiques internationaux et des moyens et du respect de la volonté et des aspirations des nations. Les gouvernements doivent être encouragés et soutenus dans leur combat visant à éradiquer ce racisme barbare [applaudissements], et à aller vers la réforme des ... [applaudissements] ... mécanismes internationaux actuels.
Il ne fait aucun doute que vous êtes tous au courant de la conspiration de certaines puissances et des milieux sionistes contre les buts et les objectifs de cette conférence. Malheureusement, il y a eu toute une littérature et des déclarations en faveur du sionisme et de ses crimes, et il est de la responsabilité des honorables représentants des nations de démasquer ces campagnes qui sont contraires aux valeurs et aux principes humanitaires. Il faut reconnaître que le fait de présenter le boycott de cette session comme une remarquable prouesse internationale est une véritable indication que l’on soutient cet
exemple flagrant de racisme.
Pour défendre les droits de l'homme, il est de première importance de défendre les droits de toutes les nations à participer de manière égale dans tous les processus internationaux de prise de décision sans l'influence de certaines puissances mondiales. Et deuxièmement, il est nécessaire de restructurer les organisations internationales existantes et les accords qui les fondent. Par conséquent, cette conférence est un terrain d'expérimentation et l'opinion publique mondiale d'aujourd'hui et de demain jugera nos décisions et nos actions [applaudissements].
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs. Le monde traverse des changements fondamentaux, des changements radicaux. Les relations de pouvoir sont devenues tellement faible et fragile. On peut désormais entendre les craquements dans les piliers de l'oppression du monde. Les principales structures politiques et économiques sont au bord de l'effondrement. Les crises politiques et sécuritaires sont en hausse. L'aggravation des crises dans l'économie mondiale, pour laquelle il ne peut y avoir de perspectives prometteuses, démontrent amplement la montée de changements mondiaux de grande envergure. J'ai souligné à maintes reprises la nécessité de changer la mauvaise direction dans laquelle le monde a été géré aujourd'hui. Et j'ai également mis en garde contre les conséquences de tout retard dans l’exercice cette responsabilité cruciale.
Maintenant, dans cet événement [?] et important, je tiens à annoncer à tous les dirigeants et penseurs, et à toutes les nations du monde présents à cette réunion et à ceux qui ont une soif de paix et de bien-être économique, que la gestion, la gestion inéquitable et injuste du monde, est maintenant arrivée au bout de sa route. Cette impasse était inévitable étant donné que la logique de cette gestion imposée était oppressive.
La logique de la gestion collective des affaires du monde est fondée sur de nobles aspirations centrées sur les êtres humains et la primauté de Dieu tout-puissant. Par conséquent, il défie toute politique ou plan qui va à l'encontre de l'intérêt des nations. La victoire du droit sur le mal et la création d'un et système mondial juste a été promise par Dieu Tout-Puissant et ses messagers, et elle a été un objectif partagé de tous les êtres humains de différentes sociétés et générations au cours de l'histoire. La réalisation d'un tel avenir dépend de la connaissance de la création et de la croyance dans le cœur de tous les fidèles [applaudissements]. La réalisation d'une société mondiale est en fait la réalisation d'un objectif noble qui réside dans l'établissement d'un système mondial qui sera exécuté avec la participation de toutes les nations du monde dans tous les processus majeurs et de base de prise de décision et la voie définitive vers ce but sublime. Les capacités scientifiques et techniques ainsi que les technologies de la communication ont créé une compréhension du monde commune et plus largement diffusée et fournissent les bases nécessaires pour un système commun.
Maintenant, il incombe à tous les intellectuels, penseurs et décideurs dans le monde de mener à bien leur responsabilité historique avec une ferme conviction définitive sur cette route, je veux aussi mettre l'accent sur le fait que le libéralisme occidental et le capitalisme, comme le communisme, sont parvenus à leur terme car ils n'ont pas su percevoir la vérité du monde et de l'homme, comme il est. Ils ont imposé leurs propres objectifs et orientations aux êtres humains, sans égard pour les valeurs humaines et divines, de justice, de liberté, d'amour ou de fraternité, basant la vie sur une intense concurrence pour garantir les intérêts matériels individuels et collectifs.
Maintenant, nous devons tirer les leçons du passé en engageant des efforts collectifs pour relever les défis actuels et, à cet égard et en terminant mon propos, je tiens à attirer votre attention sur deux points importants. Premièrement: Il est absolument impossible d'améliorer la situation existante dans le monde. Toutefois, il faut noter que cela ne pourrait être atteint que grâce à la coopération de tous les pays afin de tirer le meilleur parti des capacités et des ressources existantes dans le monde. Ma participation à cette conférence est due à ma conviction sur l’importance de ces questions, et sur notre responsabilité commune dans la défense des droits des nations vis-à-vis du sinistre phénomène du racisme, et d'être avec vous, les penseurs du monde. [Applaudissements]
Deuxièmement: vue l'inefficacité des systèmes politiques, économiques et sécuritaires internationaux actuels sur la scène mondiale, il est nécessaire de se concentrer sur les valeurs divines et humanitaires et en se référant à la véritable définition de l'être humain, fondée sur la justice et le respect pour les droits de toutes les personnes dans toutes les régions du monde, et en reconnaissant les actes répréhensibles passés commis dans la gestion dominante passée du monde, prendre des mesures collectives pour entreprendre la réforme des structures existantes. À cet égard, il est essentiel de réformer la structure du Conseil de sécurité, y compris l'élimination du droit de veto, qui est discriminatoire ..[applaudissements] ... et de changer les systèmes monétaires et financiers mondiaux actuels. Il est évident que le manque de compréhension de l'urgence du changement est l'équivalent d’un retard qui sera très coûteux.
Chers amis, soyez conscients que, pour aller dans le sens de la justice et la dignité de l'homme, il en est comme du flux rapide dans le courant d'une rivière. N'oublions pas l'essence de l'amour et l'affection, la promesse de l'avenir des êtres humains est un atout qui permettra à notre objectif de nous maintenir ensemble pour construire un monde nouveau et à faire du monde un meilleur endroit plein d'amour, de fraternité et de bénédictions ; un monde sans pauvreté ni haine, [inaudible] de plus en plus la bénédiction de Dieu Tout-Puissant et la juste gestion de l'être humain parfait. Donnons-nous la main dans l'amitié pour tenir chacun notre part dans l’accomplissement d'un tel nouveau monde décent.
Je vous remercie, Monsieur le Président, Secrétaire général, et tous les distingués participants, d'avoir eu la patience de m'écouter. Merci beaucoup.



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Durban II: la race et l'administration Obama

Un appel de Danny Glover qui n'a pas été entendu
Traduit par
Allain Jules, révisé par Fausto Giudice, Tlaxcala,
Original :Race and the Obama Administration, 8/4/2009

Cet appel vibrant de l’acteur, réalisateur et producteur Danny Glover à l’administration Obama pour qu’elle participe à la Conférence Durban II, qui s’est ouverte à Genève le 20 avril n’a malheureusement pas été entendu par le nouveau président. Washington, à l’instar de Tel Aviv et de quelques capitales européennes, a décidé de boycotter cette conférence.

En 2001, je me suis rendu à Durban, en Afrique du Sud, pour me joindre aux dizaines de milliers de personnes qui venaient participer sous l'égide des Nations Unies, à la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance. Plus de 2000 provenaient des USA. Un arc-en-ciel de personnes traversant toutes les lignes raciales, ethniques, nationales, de langues, de statuts d'immigration, de religions et bien plus avait rejoint un public aussi divers que varié de toute la planète. Ceci a été une occasion extraordinaire de se rencontrer, de discuter, d’argumenter et d'élaborer des stratégies sur la façon de débarrasser ce monde, de ces maux qui l’accablent depuis longtemps.

Notre participation était parallèle à celle de la délégation officielle US. Et c’est là que nous avons fait face à un énorme défi. L'administration Bush était réticente à l’idée mais avait accepté d’y participer à contrecœur. Pour son équipe de délégués, il n'y avait pas un réel engagement vis-à-vis de la lutte contre le racisme. De même, être le fer de lance du combat contre les autres défis présentés par les discriminations leur importait peu. Lorsqu’ils jugèrent mauvaises certaines parties du document final de 61 pages, ils ont claqué la porte de la conférence à tort. Ce fut un moment dur mais peu surprenant, renvoyant une fois de plus à l’histoire des échecs des USA à tirer sérieusement des conséquences de leur propre legs de racisme, un point récemment soulevé par le nouveau ministre de la Justice Eric Holder.

La Déclaration de 2001 a mis en exergue de puissantes vérités. A titre d’exemple cette citation: « Nous reconnaissons et regrettons profondément les énormes souffrances humaines et le sort tragique de millions d'hommes, de femmes et d'enfants causés par l'esclavage, la traite des esclaves, la traite négrière transatlantique, l'apartheid, le colonialisme, le génocide, et appelons les États concernés à honorer la mémoire des victimes des tragédies passées. Affirmons que, partout où se produiront des actes similaires, ils doivent être condamnés et surtout empêcher qu'elles ne se reproduisent.» Un autre volet du texte indique: « Nous reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à l'autodétermination et à la création d'un État indépendant, et nous reconnaissons le droit à la sécurité pour tous les États de la région, y compris Israël, et appelons tous les États à appuyer le processus de paix et à l'amener à une conclusion rapide. »

Aujourd'hui, huit ans plus tard, l'Organisation des Nations Unies a procédé à la convocation de la Conférence d'examen de Durban , à Genève, en Suisse, du 20 avril au 24 avril 2009. Il s’agira d'examiner et d'évaluer les progrès réalisés depuis 2001. Les pays membres ont travaillé pendant deux ans pour élaborer un document final qui évalue l'analyse actuelle et les défis. Ce document appelle à des mesures particulières afin de fournir un soutien et des réparations aussi bien aux victimes de vieilles histoires, comme les descendants des victimes du trafic d’esclaves euro-atlantique qu’à à ceux qui font face à des formes contemporaines de discrimination et de politiques d'apartheid, comme les Rom, les Dalit (Les « intouchables » indiens) et les Palestiniens. L’administration Obama a rejeté cette mouture.

Cette année, nous avons pensé que les choses seraient différentes. Notre pays a gagné une grande partie dans notre longue lutte contre le racisme, en élisant le premier président africain-américain. Et peut-être plus important encore, la mobilisation des personnes qui ont rendu possible l'élection de Barack Obama a engagé dans l’action politique plus de jeunes de couleur, avec d’autres d’origines ethniques et politiques diverses, que peut-être toutes les campagnes précédentes.

Ceci ne doit pas nous faire dormir sur nos lauriers. Il reste beaucoup à faire. Il est donc grand temps que les dirigeants politiques de notre pays posent un nouveau jalon dans le douloureux combat pour la justice et offrent un leadership mondial dans le Forum organisé par les Nations Unies pour combattre le fanatisme et l'injustice.

Dans un effort supplémentaire, pour répondre aux préoccupations de l’administration (US), l'Organisation des Nations Unies a publié un nouveau «document final», dépouillé de tous les éléments considérés comme offensants ou discutables. Pourtant, nous sommes confrontés à la triste réalité que notre président, le premier africain-américain à diriger ce pays, celui-là même qui a galvanisé l'espoir chez les victimes de l'injustice dans le monde entier et les a encouragé à défendre leurs droits avec dignité, n'a pas encore indiqué s'il allait envoyer une délégation officielle ou continuer à s'abstenir de tout ce processus.

2009 marque l’examen de la Conférence de Durban de 2001 contre le racisme. Ce moment doit être une occasion pour l'administration du président Obama de revenir sur le devant de la scène et se joindre aux délibérations visant à faire progresser encore davantage la lutte contre l’injustice. Sans cela, notre histoire de lutte contre le racisme ne peut se réclamer comme étant l’héritage du mouvement des droits civiques dirigé par des personnes comme Fanny Lou Hamer et Dr. Martin Luther King Jr .

Depuis vingt ans, le député John Conyers, doyen du Congressional Black Caucus , a présenté chaque année en place une proposition de loi engageant les USA à former une commission chargée d'étudier si des réparations sont une réponse appropriée à la persistance de l’héritage de l'esclavage dans notre pays. La Conférence d'examen de Durban II ne serait-elle pas l’endroit idéal pour que l'administration Obama apporte son soutien aux recours recommandés par la communauté mondiale des nations pour surmonter les effets du racisme, de l'esclavage, de l'antisémitisme, de l'apartheid et des autres formes de discrimination?

Cette conférence des Nations Unies ne serait-elle pas exactement le bon endroit pour notre nouveau président pour montrer à la face du monde que l’engagement de son administration dans « un changement auquel on peut croire » signifie un rejet de l’héritage terni de violations du droit international, de sabotage de l'Organisation des Nations Unies et d’invocation de « l’exception américaine » pour justifier la fuite des responsabilités dans le leadership mondial que beaucoup dans le monde attendent des USA ?
Pour montrer le changement, ne serait-ce pas une occasion en or, de rappeler au monde que, même si le document final ne met pas en exergue le nom de chaque pays auteur de violations, les USA pensent au moins que chaque groupe de victimes affrontant la discrimination ou pire sur la base de leur identité, en particulier les plus vulnérables et ceux qui sont apatrides et ont besoin d’une attention spéciale de la communauté internationale, devraient être nommés et se voir promettre assistance ?

Cela devrait être l’occasion pour les USA de rejoindre la lutte mondiale contre le racisme, cette lutte que l'administration Bush avait abandonnée avec une telle arrogance. J'espère que le président Obama sera d'accord sur le fait que les USA doivent participer avec d’ autres pays à une mise à plat des questions épineuses du dépassement du racisme et des autres formes de discrimination et d'intolérance et examiner la manière d’offrir des réparations aux victimes. Notre pays a certainement beaucoup à apprendre, et peut-être, pour la première fois depuis longtemps, avons-nous quelque chose à partager avec le reste du monde, par le biais du leadership, en poursuivant notre longue lutte pour vaincre.