lundi 4 janvier 2010

Déclaration politique de l’ALBA au Sommet climatique


Copenhague, 18-12-2009 
Les pays qui intègrent l'Alliance Bolivarienne pour les Peuples de notre Amérique (ALBA) ont publié une déclaration politique ce vendredi, 18 décembre 2009, dans laquelle ils expriment leur position au regard des conclusions du sommet climatique qui s’est déroulé à Copenhague :
Nous, pays membres de l’ALBA, dénonçons devant le monde la menace que signifie, pour le destin de l'humanité, la conclusion de cette Conférence des Nations Unies, ayant siégé à Copenhague.
D'abord, ce processus de négociations a été altéré par la violation des principes essentiels du système multilatéral. Ce processus antidémocratique n'a pas reconnu l'égalité de tous ; il a été obscur et peu transparent, exclusif (préparé pour conforter les positions d'un petit groupe de pays).
Le Changement Climatique ne peut pas être un système en dehors des principes de la Charte des Nations Unies : ce processus manque de légitimité, car il a bafoué tous les principes du multilatéralisme et de la Charte des Nations Unies, surtout celui de l'égalité souveraine entre tous les États.
La caractéristique fondamentale de cette rencontre décevante, est qu’un très petit groupe de pays, coordonné et convoqué par le Danemark, a concocté depuis plusieurs semaines un document pour un accord, qu'il a appelé unilatéralement « Parties Intéressées », en excluant la grande majorité du monde, et établissant un critère de l'existence de pays de première classe et d’autres de seconde zone.
Tandis que la Présidence de la COP-MOP a enjoint les pays à reprendre les groupes de contact, pour avancer dans la rédaction et l’éclaircissement des textes approuvant les Parties comme base de négociation, en même temps, le Premier Ministre danois réunissait les Présidents d'un groupe de pays pour rédiger un document dans le dos du monde. Une autre preuve d’exclusion qu'a révélé cet événement est la réunion à huis clos d’un groupe de Présidents, sans participation de la majorité et sans expliquer les critères de cette sélection.
Il est clair que nous ne pouvons pas penser Changement Climatique sans penser changement du système. Le modèle de production et de consommation capitaliste conduit la vie sur la planète à un point de non-retour, le résultat est que nous sommes à un moment crucial de l'histoire humaine et le débat au sujet de ces scénarios ne peut pas être réduit aux intérêts économiques d'un petit groupe. Jusqu'à présent ce qui a été obtenu est infime, toutefois les dispositifs en vigueur  pour la préservation du régime climatique - la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique et le Protocole de Kyoto -, sont une plateforme importante pour avancer en faveur de la défense de la vie.
Nous avons là un accord politique mondial important, dans lequel nous sommes tous d’accord que le Changement Climatique est un problème dont il faut s'occuper rapidement. Dans lequel les pays qui sont les responsables historiques du problème ont accepté d'assumer leurs engagements de réduction d'émissions quantifiées (individuellement et en commun) pour abaisser les émissions à des taux qui permettent que le problème puisse être maîtrisé.
Le scénario actuel est dramatiquement en recul, il sous-entend que nous devons oublier le Protocole de Kyoto. À ce sommet nous ne sommes pas parvenus à des accords sur ces points liés avec les obligations des pays développés : établir des objectifs de réduction d'émissions ou fixer une seconde période d’engagements pour le Protocole de Kyoto. Il y a des offres sur la table, mais aucune n’est identique. Les USA ne veulent pas s’engager sur une base d'efforts identique avec les autres pays développés. Les pays développés sont venus à cette réunion avec un agenda déjà établi qui viole toute procédure démocratique pour tenter de l'imposer.
Dans le Plan d'Action de Bali, approuvé en 2007, il avait été décidé que les pays développés auraient des OBLIGATIONS de modération auxquelles s’ajouteraient les ACTIONS de modération, volontaires, des pays en voie de développement.
Aujourd’hui, les pays développés disent avoir tablé sur une mauvaise interprétation du Plan de Bali pendant deux ans, et tentent d'utiliser notre propre manifestation de volonté d’additionner nos efforts, comme une voie pour nous transférer leurs obligations. Les efforts et la volonté de modération des pays en voie de développement ne peuvent pas être utilisés pour les manipuler, en nous disant, après qu'ils [pays développés] ont détruit le monde, que maintenant c’est à nous qu’il en revient de modérer, et qu’eux peuvent continuer à contaminer, à détruire, sur la base de leurs modèles exploiteurs de production et de consommation.
C’est une question de principe. Nous sommes, nous pays en voie de développement, des nations dignes, souveraines, victimes d'un problème que nous n’avons pas causé. Ce principe moral, fondé sur les responsabilités historiques, est la raison pour laquelle les pays développés doivent fournir des ressources suffisantes pour appliquer totalement les principes de la Convention.
La crise environnementale résultant du réchauffement climatique, est la conséquence du système capitaliste, du modèle de production et de consommation ininterrompu et indéfendable des pays développés, de l'application et de l'imposition d'un modèle de développement prédateur au reste du monde, et du manque de volonté politique pour le respect total et effectif des engagements et des obligations prévus dans la Convention et le Protocole de Kyoto.
Les pays développés ont surexploité l'espace atmosphérique. Cette dette climatique dans le cadre plus vaste que la dette écologique comprend autant une dette d'émissions qu’une dette d'adaptation, qui doit être honorée par les pays développés. Il ne s'agit pas d'une charité, ni d'une aumône, ni d'un don, mais d'une obligation assujettie juridiquement.
En 2008, les pays de l'annexe I ont dégagé la somme de 1.123 milliards de dollars en dépenses militaires. Les USA ont dépensé 711 milliards de dollars rien qu’en 2008, selon la demande de budget pour l'année fiscale 2009, dans lequel il y a 170 milliards de dollars pour les opérations militaires en cours en Irak et en Afghanistan. C'est pour cela, tout le monde sait qu'ils ont les capacités, ce qu’ils n'ont pas, c’est la volonté politique de répondre à leurs engagements et à leurs obligations internationales pour la lutte contre le Changement Climatique. Ils tentent d’utiliser et d’abuser des besoins des plus pauvres pour passer des accords illégaux.
Aujourd'hui à travers les marchés de carbone, ceux qui ont causé le Changement Climatique veulent continuer à contaminer, tout en transférant la charge de réduction d’émissions aux pays en voie de développement. Ils ont pensé, qu'à Copenhague, ils nous convaincraient de nous acheter leur droit de contaminer, en nous offrant en échange des promesses d'argent misérables.
1. - Nous dénonçons avec force et nous demandons de ne pas accepter les documents conclus par la Présidence de la COP, sans mandat de toutes les parties, que nous manifestons ouvertement contre les groupes d'amis du Chair (Président de la conférence). La Présidence n'a pas garanti l'égalité de la participation à tous les niveaux, même au niveau présidentiel.
2. - Nous réitérons notre engagement pour la lutte contre le Changement Climatique, avec les principes de la Convention et avec la validité, aujourd’hui plus que jamais, du Protocole de Kyoto, dont nous considérons que le contenu est adaptable avec des décisions des parties et des accords ultérieurs, mais que nous ne devons pas laisser mourir. La complexité des récentes négociations nous a démontré que les intérêts économiques en lutte ne permettront pas d’accord si les pays développés n'acceptent pas de respecter les principes.
3. - Nous exprimons, à ce sens, notre volonté politique de continuer à travailler dans le cadre de la Convention et du Protocole de Kyoto. La reprise de ces négociations doit avoir lieu sur la base du respect, de la participation, de la transparence et de la légitimité.
4. - Nous rappelons que, tandis que la Conférence échouait de façon irréversible, les voix des jeunes dans les rues s’élevaient, eux qui savent que l’avenir leur appartient, ils dénoncent avec force les manœuvres des pays développés et ils savent que la lutte continue. Nous nous joignons à leurs protestations, nous les saluons et nous les soutenons. Le peuple doit être vigilant.
Aujourd'hui plus que jamais, face aux manœuvres lamentables exercées à Copenhague pour des intérêts économiques mesquins, nous le répétons : ce n’est pas le climat qu’il faut changer, c’est le système !

Traduit par Esteban G., édité par Fausto Giudice, Tlaxcala

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