jeudi 28 janvier 2010

L’intifada qui vient et l’inéluctable réconciliation (entre Hamas et Fatah)

par عبد الباري عطوانAbdelbari  ATWAN , 26/1/2010. Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

  الانتفاضة آتية والمصالحة حتمية
Le sénateur George Mitchell, envoyé spécial du président Obama pour le Moyen-Orient, a conclu son dernier voyage sans atteindre le but recherché : la possibilité d’une reprise des négociations entre l’Autorité palestinienne et le gouvernement israélien, qui était l’objectif principal de sa tournée.

Trois raisons principales ont conduit à l’échec de cette tournée de l’émissaire, rentré les mains vides à Washington :
1°- La déclaration par  Benjamin Netanyahou, Premier ministre israélien, de sa volonté de maintenir toutes les principales colonies juives de Cisjordanie et le contrôle total d’Israël sur la vallée du Jourdain, c’est-à-dire la frontière orientale d’un État palestinien, au cas où celui-ci verrait le jour suite à un accord entre les deux parties ;
2°- L’insistance du Président Abbas à ne retourner à la table de négociation qu’après un engagement de Netanayahou et de son gouvernement à geler les colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupée et  à établir des termes de référence et un calendrier précis pour des négociations bénéficiant de garanties internationales ;
3°- Le commentaire du président US Barack Obama, reconnaissant que son administration avait mal évalué les obstacles se dressant sur le chemin du processus de paix et que le rôle des USA était limité, du fait qu’il avait cédé aux pressions israéliennes en faveur d’un renoncement à l’exigence de gel des colonies, dont il avait auparavant dit que c’était une condition sine qua non de reprise du processus de paix.

L’échec officiellement déclaré du sénateur Mitchell signifie qu’un vide politique –certains parlent de rigidité – s’est créé et que  l’option arabe d’une solution pacifique s’est effondrée, l’initiative de paix arabe étant devenue caduque.

Jeu de cartes pour tuer le temps en période de vide politique
En haut à droite : Irak
En bas à droite : Palestine
En bas à gauche : Liban


Les expériences passées dans la région arabe et ailleurs nous enseignent que la nature a horreur du vide politique, qui ne fait pas long feu, des changements venant le combler d’une façon ou d’une autre. La région arabe, qui a vécu pendant environ 20 ans sur un processus de paix illusoire, ne peut pas s’en passer, parce que les régimes arabes ne veulent tout simplement pas penser à une alternative ou à un « plan B », comme c’est l’usage dans les pays civilisés.
L’Autorité palestinienne a évoqué, avec une « timidité extrême » l’éventualité de déclencher une intifada pacifique en Cisjordanie, c’est-à-dire d’ordonner des manifestations pacifiques, des protestations, des actions de désobéissance civile, avec peut-être un retour à « l’arme des pierres », s’inspirant ainsi de l’expérience de la première intifada qui a conduit l’Autorité palestinienne à s’installer à Ramallah il y a seize ans.
Si nous parlons de « timidité extrême », c’est que lorsque la première intifada avait éclaté il ya 22 ans, il n’existait pas d’ Autorité palestinienne financée par les donateurs internationaux, dont les forces police et de sécurité étaient supervisées le général US Dayton, sans parler des cartes de VIP pour les grandes personnalités. Il n’y avait alors ni gouvernement ni ministres, ni présidence installée à la Mouqataa.

Sur le personnage : Autorité palestinienne
Sur l’affiche Wanted : Paies de fonctionnaires

L’Autorité vit une crise sans précédent car son soutien à une nouvelle intifada pourrait signifier son autodissolution et ramener la  Cisjordanie à son état antérieur de territoire directement occupé par les forces israéliennes, sortant d’une occupation camouflée, et dont  l’occupation  israélienne prendrait la responsabilité de l’administration en totalité, se chargeant de procurer sécurité, eau, électricité, et santé aux trois millions de Palestiniens.

Le Président Abbas est actuellement confronté à la même conjoncture que le défunt président Arafat après l’échec des négociations de Camp David, immédiatement après son rejet de spressions US por qu’il accepte un compromis proposé par Bill Clinton, à une différence essentielle près : le Président Yasser Arafat, dès son retour, avait choisi, lui, d’opter pour la résistance, en créant les Brigades de Martyrs d’Al Aqsa et renforçant les liens avec le Hamas et le Jihad islamique et en envoyant des émissaires au Liban, en Iran et ailleurs, pour se procurer des armes.

Le Président Yasser Arafat a payé cher ce choix : blocus, isolement dans son QG à Ramallah pour finir en martyr empoisonné. Il prévoyait – que Dieu lui accorde miséricorde – cette fin honorable et il a eu ce qu’il voulait.

Nous ne savons pas jusqu’à quand  le Président Abbas campera sur sa position actuelle consistant à refuser de négocier si la  condition de gel des colonies n’est pas satisfaite. Les pressions arabes sur lui à cet égard sont plus fortes que celles des Usaméricains et de leurs alliés européens. Mais tout ce que ne savons – et il le sait, lui aussi, c’est que la probabilité de sa résiliation et de sa révocation figure déjà dans l’agenda de l’administration US et de ses alliés européens, et on ne serait pas surpris d’apprendre qu’ils ont se sont mis à la recherche d’un successeur dès qu’il eut annoncé qu’il ne se présenterait plus à l’élection présidentielle à venir. Madame Clinton lui avait alors répondu qu’elle n’était pas « peinée » de son départ et qu’elle était prête à poursuivre sa collaboration avec lui, quel que soit le nouveau poste qu’il occuperait.

La scène palestinienne est « triste » à tous les niveaux : le Président a dépassé  le terme de son mandat et il n’a pas l’intention de se présenter à la prochaine élection, dont nul ne sait quand elle aura lieu ; le Conseil législatif élu a aussi perdu toute légitimité, ayant dépassé la durée de sa législature et aucune élection ne se profilant à l’horizon pour le remplacer. Il en va de même pour toutes les instances de l’OLP, que ce soit le Conseil national, le Conseil  central ou le Comité exécutif.

Israël aussi vit un véritable dilemme : il est haï et condamné à l’échelle planétaire pour avoir commis des crimes de guerre à Gaza et le maintien de son blocus de Gaza n’a fait qu’envenimer les choses.  À cela s’ajoutent la détérioration de ses relations avec la Turquie et la fin des négociations avec la Syrie, accroissant son isolement régional, en plus de son isolement international. Netanyahou avait hâte de reprendre les négociations à ses propres conditions, non pour parvenir à un règlement mais pour gagner du temps, corriger l’mage d’Israël, atténuer la haine, prolonger la durée de vie de son gouvernement, fournir une couverture à la poursuite de l’implantation de colonies et avaler ce qui reste de Jérusalem-Est. Ses ambitions se sont évaporées, du moins pour le moment, et il doit chercher à son tour un moyen de sortir de l’impasse.

L’histoire nous enseigne également que le recours à la guerre est l’éternel choix de sortie de crise d’Israël. C’est ce qu’a fait Menahem Begin, face à l’intensification de la résistance au Liban, quand il a envahi ce pays à l’été 1982. C’est ce qu’a fait Barak, attaquant la bande de Gaza pour effacer sa défaite humiliante au Sud-Liban. C’est ce que pourrait faire Netanyahou dans les semaines ou les mois à venir : une nouvelle agression contre le Liban ou la Bande de Gaza ou les deux à la fois. Il est en ce moment en train de chercher les prétextes  et son gouvernement aura peut-être l’audace de les fabriquer ; un encouragement décisif à Netanyahou pourrait venir de l’appui arabe, qui est clair et net. On n’a pas entendu protester un seul État arabe, à l’exception de la Syrie, et demander la levée du blocus sur Gaza et l’arrêt de la construction du mur d’acier sur la frontière égyptienne afin d’’asphyxier un million et demi de Palestiniens. Ce dernier pourrait être un feu vert du gouvernement égyptien au gouvernement israélien, au cas où celui-ci enverrait ses chars à Gaza.

Le Président Moubarak n’avait jamais auparavant attaqué le Hamas avec une telle virulence comme il l’a fait dans son discours du Jour de la Police (sic) et on a même entendu certains dirigeants égyptiens menacer d’envahir et de détruire la Bande de Gaza en punition pour le meurtre d’un soldat égyptien à a frontière il y a trois semaines.

Ce qui nous conduit à penser qu’il existe un plan arabo-israélo-US de « solution finale » militaire de la « question de Gaza » (le pouvoir du Hamas), après l’échec de la politique consistant à affamer Gaza par le blocus, dans le but de voir les Gazaouis se retourner et se soulever contre le Hamas. En outre, le fait que la reconstruction des 60 000 logements détruits par l’agression de l’année dernière n’ait pas encore été entamée ne peut signifier qu’une chose : une entente pour laisser les choses en l’état dans l’attente de la « solution » militaire israélienne.

Une nouvelle attaque de la bande de Gaza ne sera pas facile et aggravera le dilemme israélien. La précédente agression n’a pas mis fin à « l’Autorité du Hamas », elle n’a pas provoqué de révolte contre celle-ci ni n’a fait disparaître la « culture de la résistance », mais a eu un effet contraire.

Le peuple de Gaza résistera à l’agression comme il l’a fait durant la précédente et il continuera la résistance si jamais les troupes israélienne décident de rester dans la Bande pour longtemps.
Des leçons ont été tirées de la dernière agression et sans doute assimilées : on s’en apercevra au cas où Netanyahou s’entêterait et passerait des menaces aux actes.
La réconciliation interpalestinienne est plus proche que jamais, surtout si Abbas maintient sa position et si le Fatah décide d’allumer la mèche de l’intifada pacifique en Cisjordanie, retirant son épingle du jeu des négociations absurdes et revenant à ses origines de chef de file de la résistance.

Le compte à rebours pour une telle réconciliation est, à notre avis enclenché ou il devrait l’être – sur une plateforme de résistance, qu’elle soit pacifique ou armée.

Ce serait la seule issue convenable et efficace.

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