mercredi 10 février 2010

Journalistes menacés en Colombie

APCAL
Agence de presse Canada-Amérique latine
5430, av. Trans-Island, Montréal (Québec)
Canada H3W 3A5
Apcal.agencedepresse@gmail.com 
(438) 888-9345
9-2-2010
APCAL rapporte les déclarations faites aujourd’hui par le journaliste colombien Hollman Morris, à l’occasion de la célébration de la Journée du journaliste en Colombie.  Cette déclaration établit la responsabilité directe de l’actuel président Alvaro Uribe Vélez dans les persécutions réalisées par la police secrète du D.A.S. (Département administratif de la sécurité) sous son gouvernement.  Morris a déclaré que le président Uribe ne peut continuer de nier qu’il ignorait que sa police secrète, le D.A.S., dirigeait et organisait la plus grande persécution contre l’opposition politique qui ait eu lieu en Colombie, et que toute la structure du D.A.S. au niveau national y participait.  «Il est impossible que le président Uribe ne l’ait pas su», a affirmé Morris.
 
«Politiquement, il doit des explications à la société colombienne, il doit répondre à cette société.  Il doit demander pardon au pays, lui et sa police secrète, non seulement aux journalistes Hollman Morris et Claudia Julieta Duque, mais également à toute la société et à l’avenir de ce pays.  La Colombie ne pourra continuer si l’on continue à diffamer et à persécuter l’opposition politique.  Et surtout pas de la façon dont cela a été fait, en appelant, au milieu de la nuit, leurs épouses pour les intimider, en les menaçant et en faisant suivre leurs enfants, en mettant sur écoute leurs téléphones cellulaires et leurs courriers électroniques, en faisant des campagnes de diffamation au niveau national et international.  «Ce pays n’est pas celui que nous, Colombiens, voulons», a poursuivi le journaliste.
 
«Le gouvernement Uribe n’est pas le gouvernement qui a le plus protégé les journalistes.  Il est en fait celui qui les a le plus diffamés, particulièrement ceux de la presse libre et critique de ce pays.  C’est justement pour cela que le président Uribe doit répondre à ces questions, puisque c’est lui qui parle le plus de sécurité démocratique, puisque c’est lui qui a donné la priorité à la sécurité dans ce pays, puisqu’il est le chef direct de la police secrète du D.A.S.  C’est pour cela qu’il ne peut pas nier maintenant qu’il ne savait pas ce que faisait sa police secrète, ni le fait que l’on a créé le tristement célèbre «Groupe 3» (G3), qui a mené une opération d’une telle envergure pour persécuter l’opposition politique en Colombie, et, il importe de le signaler, une aussi grande offensive contre le mouvement de défense des droits de la personne, qu’il a accusé en septembre 2003 d’être constitué de terroristes.
 
En août 2003, Hollman et Claudia Julieta ont travaillé ensemble pour élaborer un documentaire sur le cas de l’assassinat de l’humoriste Jaime Garzón.  La production montre que le D.A.S. a effectué une opération pour faire dérailler l’enquête sur ce crime.  En 2001, alors que Claudia Julieta enquêtait sur ce cas, des attaques avaient commencé à être dirigées contre elle.  Il est prouvé qu’en raison de ce documentaire, diffusé par l’émission télévisée «Contravía» les 17 et 24 août de la même année, la persécution contre les deux journalistes et leurs familles a augmenté.
Les deux journalistes considèrent qu’il est clair que les graves accusations publiques faites par le président Álvaro Uribe contre eux ont coïncidé avec les attaques du «G-3».  En septembre 2003, par exemple, après que le président Uribe eut prononcé un discours contre les défenseurs des droits de la personne, un mémorandum interne du D.A.S. envoyé à Jorge Noguera a qualifié la journaliste Claudia Julieta Duque de “trafiquante en droits de la personne”.
Une autre coïncidence est le fait qu’en novembre 2008, le président Uribe ait déclaré qu’il existe une “meute de bandits” et “une campagne orchestrée par les FARC”.  Il visait ainsi à lier l’ex-procureur («fiscal») général de la Nation, Luis Camilo Osorio, aux groupes paramilitaires.  Claudia Julieta Duque est l’auteure du rapport «Fiscalía General de la Nación: Una esperanza convertida en amenaza, balance de Luis Camilo Osorio».  Le titre peut se traduire par «La «fiscalía» générale de la Nation : un espoir converti en menace – Bilan de Luis Camilo Osorio», la fiscalía étant l’organisme général suprême chargé d’enquêtes judiciaires.  Ce rapport consiste en une compilation des résultats de l’enquête réalisée et diffusée publiquement par Gustavo Petro, alors député et aujourd’hui candidat d’opposition à la présidence, qui a prouvé l’infiltration du paramilitarisme dans la «Fiscalía» au cours de l’administration de l’ex-«fiscal» Osorio.  Le rapport a été publié en 2005.
Comme cela est de notoriété publique, le président Uribe a accusé à plusieurs reprises Hollman Morris d’être «lié par des alliances avec le terrorisme pour filmer des attentats» (mai 2005).  À cette époque, le G-3 avait déjà recueilli des centaines de pages de données des services de renseignement contre Morris, directeur du programme de télévision «Contravía».
En février 2009, le président Uribe a accusé à nouveau Hollman Morris d’être lié aux FARC, et a demandé que l’on mène une enquête pénale parce que le journaliste avait «interviewé sous pression» quatre agents de la police et des soldats récemment libérés.  Uribe l’a accusé de semer les agents de protection de l’État afin de voyager pour se rendre à des rencontres avec ce mouvement de guérilla.  De plus, Juan Manuel Santos, alors ministre de la Défense, a accusé Morris d’être un ‘sympathisant des FARC’, et, presqu’immédiatement, ce journaliste a reçu plus de 50 menaces par courrier électronique.  Quelques mois plus tard, la «Fiscalía» a mis fin à l’enquête contre Hollman Morris en démontrant que le journaliste avait travaillé dans le respect de l’éthique journalistique.
La campagne de diffamation qui a suivi les accusations du président Uribe contre Morris coïncide pleinement avec les recommandations du G-3 et du D.A.S. dans son cas.  Le journaliste attend encore une rectification du chef d’État.
Actuellement, les deux journalistes et leurs familles continuent à être en péril, comme le sont des milliers de personnes, entre autres l’actuel candidat à l’opposition colombienne, Gustavo Petro.  Toutes ces personnes pensent que seulement une action déterminée de la Justice et des directives claires de la présidence de la République pourront provoquer un changement positif dans la situation des personnes persécutées.
Versión española

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire