dimanche 23 janvier 2011

Frédo, Mickey et Zaba : Tune Connection, nouveaux épisodes du feuilleton

Frédo, c'est Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture de Sarkozy.
Mickey, c'est Bertrand Delanoë, maire socialiste de Paris.
Zaba, c'est Zine Abidine Ben Ali.
Voici les derniers épisodes du feuilleton
I. Les "regrets" de Frédo

Frédéric Mitterrand exprime ses "regrets"aux Tunisiens
LEMONDE.FR avec AFP | 23.01.11 | 15h33

Frédéric Mitterrand, le 13 janvier dans les locaux du ministère de la culture.
Frédéric Mitterrand, le 13 janvier dans les locaux du ministère de la culture.REUTERS/CHARLES PLATIAU
Le ministre de la culture français, Frédéric Mitterrand, critiqué ces derniers jours, ainsi que d'autres responsables français, pour sa complaisance envers le régime du président tunisien déchu Ben Ali, a présenté ses "regrets", dans une lettre publiée dimanche 23 janvier par un hebdomadaire tunisien.
M. Mitterrand a été vivement critiqué pour avoir jugé le 9 janvier "tout à fait exagérée" l'opinion selon laquelle le pays serait une "dictature univoque" en réponse à une question sur la répression, déjà en cours, des manifestations.
"Les Tunisiens savent que je travaille au service de la Tunisie, et notamment dans le domaine culturel, depuis trente ans. Comme beaucoup d'autres, je l'ai fait en essayant de privilégier le dialogue avec les autorités et souvent en allant jusqu'aux limites de ce qui était acceptable", a écrit le ministre français dans une lettre publiée par l'hebdomadaire Réalités sous le titre "Lettre de Frédéric Mitterrand au peuple tunisien". "Je regrette profondément que mon attitude et les expressions qu'il m'est arrivé d'utiliser aient pu offenser des gens que j'ai toujours voulu aider et que j'admire et que j'aime", a-t-il ajouté.
"Puissent ceux qui me connaissent bien et savent ce que j'ai accompli réellement me comprendre et accepter mes regrets", a-t-il ajouté, assurant partager "totalement l'enthousiasme pour l'avènement de la liberté et l'espoir en la démocratie" en Tunisie.
Frédéric Mitterrand a par ailleurs reconnu jeudi avoir obtenu la nationalité tunisienne dans les années 90, après l'organisation d'une année de la Tunisie en France, qui avait donné lieu à de nombreuses manifestations culturelles. "Il se trouve que, sans doute peut-être, le régime a essayé de me récupérer en me donnant la nationalité, mais je n'ai pas fait de compromis, aucun", aassuré M. Mitterrand sur la radio France Inter.

Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication, était l’invité de Bruno Duvic dans le 7/9 de France Inter (8h20 – 20 janvier 2011).
Frédéric Mitterrand, qui s'était vu octroyer la nationalité tuisienne par Ben Ali, alors qu'au même moment, des passeports étaient retirés à de nombreux opposants, ne regrette rien, ou plutôt, "regrette comme tout le monde".
"On a toujours ce côté repentance en France, qui me semble un peu biaisé...
Les révolutions vont très vite...
Je ne vais pas faire la liste, très longue, des gens qui ont eu la même position que moi...
Tout le monde regrette..."

II. Mickey's Follies

Lettre à Bertrand Delanoë...
par Bruno Testa, L'Union (Reims, France)
Billet doux du 15 janvier

Delanoë défenseur des libertés !
La ville de Paris a intégré le réseau Icorn, qui promeut la liberté d'expression et l'accueil d'écrivains réfugiés. Elle accueillera donc durant un an Mana Neyestani, écrivain et caricaturiste iranien. Une belle occasion pour rappeler que ce grand défenseur des libertés qu'est Delanoë n'a pas pensé à condamner la répression qui s'abat sur le peuple et les intellectuels tunisiens. Il faut dire que le maire de Paris est né à Tunis et a une baraque dans le pays. Ne disait-il pas le plus grand bien du dictateur Ben Ali dans son dernier ouvrage imprudemment intitulé (à moins que ce ne soit de l'humour noir) « De l'audace ! ». Ben Ali étant maintenant en fuite, la ville de Paris l'accueillera peut-être comme réfugié…
Cher Bertrand,
Comme vous êtes un homme fort occupé, vous avez demandé à votre conseiller Gaspard Gantzer (je suppose que Melchior et Balthazar étaient pris) de répondre à mon billet du samedi 15 janvier que vous n'avez pas trouvé suffisamment doux à votre goût. J'affirmais que vous n'aviez pas « condamné la répression qui s'abat sur le peuple et les intellectuels tunisiens ». Vous me faites parvenir des coupures de presse dans lesquelles effectivement vous semblez prendre des distances avec le régime de Ben Ali. J'accepte bien entendu ce rectificatif. Mais permettez-moi à mon tour non pas de le rectifier mais de le commenter. Et tout d'abord de m'étonner.
« Soucieux »
Oui, de m'étonner de votre prudence dans le ton. Ne dirait-on pas que vous marchez sur les œufs de l'Histoire ? Exemple, cette dépêche du 12 janvier où vous vous dites « soucieux » des événements. « Soucieux » ! Mais c'est ce qu'on dit quand son gamin a de la fièvre. Que son conjoint tire la gueule. Ou alors quand les tomates ou les poireaux de son jardin sont la proie des insectes. Pas quand des gens se font tirer dessus à coup de fusil ! « Scandalisé » n'aurait-il pas été préférable à « soucieux » ?
Il a choisi, continue la dépêche qui cite votre entourage qui vous cite, « de manifester son soutien au peuple tunisien non par des déclarations mais par des contacts utiles avec les uns et les autres, et en tenant le même langage à tous ».
Oh que c'est joliment dit ! « Le même langage à tous » ! Avec les bourreaux et les victimes ? Ne dirait-on pas saint Bertrand au dessus de la mêlée, distribuant la bonne parole à ses ouailles ! J'avoue que si j'étais Ben Ali, j'aurais été furieux de tels propos ! Que dis-je, j'aurais été effrayé !
Le 12 janvier, c'est encore plus fort. On sent la moutarde (pas l'extra-forte, faut pas exagérer) de la révolte vous picoter le nez. Sur France Culture cette déclaration : « La Tunisie subit une épreuve très difficile et qui peut douter que je suis au côté du peuple tunisien ».
Là encore, quelle prudence dans l'indignation. Sans vouloir trop vous chicaner, c'est pas une « épreuve » qu'a eu à subir le peuple tunisien mais un massacre (100 morts tout de même!). Ce n'est pas tout à fait la même chose. L'épreuve, c'est presque de l'ordre du destin. Le massacre, c'est le fait des hommes. A trop lire des récits édifiants dans son enfance, de la bibliothèque rose ou du catéchisme, voilà comment on sort des formules éculées qui émasculent la réalité !
« Mes convictions »
Vous continuez dans ce registre de la pose que vous affectionnez tant : « Toutes et tous connaissent mes convictions ».
Mais non justement, Bertrand, c'est bien ça le problème. On aurait aimé que vous et vos potes,- je pense à Claude Bartolone, au journaliste-cinéaste Serge Moati, à l'inénarrable Frédéric Mitterrand alias Monsieur Fredo-, dénonciez bien avant Ben Ali et ses 40 voleurs ! Mais on ne peut pas tout faire. On ne peut pas être au four de l'indignation et au moulin des vacances. Faire partie du Club des Tun (sous-entendu Tunisiens comme le disait récemment Serge Moati sur France Inter alors que moi j'entendais des « thunes »), être reçu dans les palais présidentiels et s'indigner trop fort.
En novembre 2009, vous avez appelé au strict respect des droits de l'Homme en Tunisie. Vous entendiez protester contre l'incarcération du journaliste Taoufik Ben Brik. Ce qui vous a attiré les foudres des autorités.
Bon, je reconnais volontiers que cet épisode m'avait échappé.
Quoi qu'il en soit, il vous en aura fallu du temps pour comprendre quelle était la nature exacte de ce régime. Je ne suis pas né comme vous à Bizerte, cher Bertrand, je ne discute pas avec Ben Ali, je ne donne pas mes conseils éclairés aux uns et aux autres. Mais il suffit d'avoir quelques amis tunisiens (j'en ai) pour savoir que le pillage de la Tunisie par Ben Ali et sa femme ne date pas de vos récentes indignations. Idem pour la main mise sur les médias et les libertés. Or qu'écriviez-vous dans votre livre De l'audace ! paru en mai 2008, livre qui m'avait bien amusé (votre éloge du capitalisme six mois avant la crise était croquignolesque !) car je l'ai lu hélas, et même payé ? Rien ou presque…
"Mickey" dans son pays natal

« Nous les Tunisiens »
Mais je m'en voudrais de ne pas vous citer dans le texte. Voici donc ce savoureux passage sur Ben Ali. « Je lui parle beaucoup des opposants. Je dis ce que je pense, et notamment du président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme. »
De nouveau le rôle de directeur moral dont vous avez du mal à vous départir. Saint Bertrand s'adressant aux Corinthiens, aux lépreux, aux dictateurs, que sais-je ! Mais continuons cet édifiant récit :
« En Tunisie, on peut être ami avec des gens qui se combattent. Il n'est pas rare de se retrouver à un dîner, à une soirée d'amis où il y a les opposants les plus farouches, les légaux, les illégaux, les gens au pouvoir. Parfois ils sont cousins, et ce n'est pas toujours ceux de l'opposition qui disent les choses les plus dures sur le régime. »
Oh la jolie façon de nous ramener l'exploitation d'un peuple à une querelle de famille ! Comtesse de Ségur n'aurait pas fait mieux, cher Bertrand !
Plus fort encore ? Oui, on va trouver !
« Nous les Tunisiens, nous sommes un peu complexes. »
Là j'avoue que vous me scotchez comme on dit aujourd'hui. Après Joyce et son Portrait de l'artiste en jeune homme, voilà le Portrait de Bertrand en vrai tunisien.
Conclusion familiale pour affiner le cadre délicieusement champêtre : « C'est un des charmes de la Tunisie. Elle est dirigée de manière autoritaire et je ne méconnais pas la réalité de ce pouvoir. Mais je suis le fils de la Tunisie. Ce qui ne m'empêche pas d'exprimer mes convictions de la même manière avec tous ».
Réveillez-vous Bertrand !
Franchement Bertrand, entre nous, vous n'espérez quand même pas que je vais prendre le charabia psychologisant qui précède pour une critique acerbe du pouvoir de Ben Ali ? Si vous dites ça à un cheval de bois, il vous fout un coup de pied. Ce que je lis dans votre prose ? Un narcissisme extravagant qui vous fait poser en interlocuteur providentiel. Mais cela doit se soigner, j'en suis sûr. Une bonne potion de réalité amère à prendre matin, midi et soir et cela devrait aller mieux.
Je l'espère en tout cas. Comme j'espère vous voir revenir sain et sauf sur les rivages républicains, sans palmier, sans sable autre que celui que vous distribuez généreusement sur les berges de la Seine. Oui, réveillez-vous cher Bertrand, il est encore temps.
Ne confondez pas politique et Club Med. Jaurès ne faisait pas du pédalo et Blum ne portait pas des Ray Ban que je sache ! La Tunisie n'est pas une histoire de famille qui concernerait les anciens nés dans les colonies. Je veux bien que vous et vos amis Moati, Mitterrand, Bartolone (Séguin aussi, mais il n'est plus là !) ayez des beaux souvenirs de baignades, de bouée, de pâtés de sable. Mais c'est d'éthique, de politique dont je vous parle ! Et puis cessez ce ton moralisant, vaguement hautain, en un mot colonial ! Pas de pose Bertrand, surtout pas de pose ! Je connais des bustes qui servent de reposoir aux pigeons. Ne les imitez pas !
Avec toute mon affection.
Bruno Testa
btesta@journal-lunion.fr
La réaction du maire de Paris
« Monsieur
Après lecture de votre article publié dans l'union du samedi 15 janvier, Bertrand Delanoë medemande de porter à votre connaissance les éléments suivants :
- les dépêches AFP faisant état de ses déclarations sur la Tunisie depuis lundi dernier (voirci-dessous) ;
- une sélection d'articles de presse faisant suite à ses déclarations sur les droits de l'homme en Tunisie en 2009 (voir ci-joint) ;
- l'extrait de son ouvrage De l'audace qui évoque Ben Ali et ne correspond pas du tout à ce que vous pouvez dire dans votre article (voir ci-joint).
Cordialement,
Gaspard Gantzer
Conseiller auprès du maire de Paris »

Un exemple des activités "tunisiennes" de Delanoë 

Le coup de pouce de Bertrand Delanoë aux promoteurs immobiliers tunisiens à Paris : en vrai « Ould Bled »
Source : Leaders.com, Tunisie, 6/6/2010

Le coup de pouce de Bertrand Delanoë aux promoteurs immobiliers tunisiens à Paris : en vrai « Ould Bled »Paris - De l'envoyé spécial de Leaders - Le Maire de Paris, Bertrand Delanoë ne rate pas une occasion pour réitérer son attachement à sa Tunisie natale. Malgré un agenda fort chargé, il a tenu à se rendre, vendredi après-midi, au Salon de l’Immobilier Tunisien, Espace Champerret, prêter par sa présence main forte aux organisateurs et exposants. Ponctuel, à 18h30 précises, il arrive sans tralala et ne cache pas sa joie d’être accueilli également par M. Moncef Ben Gharbia, l'ancien Maire de Bizerte, les Guellouze et nombres d’amis.
Au pas de course, Delanoë parcourt le Salon, visitant un à un les stands, s’intéressant aux appartements et villas proposés marquant un intérêt aux projets résidentiels novateurs, serrant au passage la main aux « parisiens » de Tunisie et prodiguant ses encouragements aux exposants.
Kamel Landoulsi, le concepteur avec Mme Baccouche de ce Salon, ne cache pas sa joie. Déjà, le matin, il avait reçu les félicitations du Secrétaire d’Etat à l’Habitat, auprès du Ministre de l’Equipement, M. Mohamed Néjib Berriche qui a fait spécialement le voyage de Tunis, et de l’Ambassadeur de Tunisie à Paris, M. Raouf Nejjar. Plus encore, dimanche soir, à la clôture, l’affluence des milliers de visiteurs (statistiques exactes sont encours de précision) et le volume des transactions enregistrées témoignent d’un franc succès de cette 3ème édition. Un Salon plus qualitatif qui démontre son intérêt et un rendez-vous désormais incontournables.
Les premiers enseignements tirés sont instructifs. Nombre de promoteurs immobiliers tunisiens gagnent à perfectionner davantage leur marketing. « Ils savent concevoir et construire, mais ne savent pas bien vendre, confie à Leaders, un spécialiste. Des stands mieux aménagés, une mise en valeur par de grandes photos des belles réalisations, des catalogues interactifs attractifs, des projections multimédias, et des offres de prix bien étudiés sont indispensables, ajoute-t-il. » Ceux qui s’y sont mis ont bien réussi. Les autres doivent s’y convertir.
Les prix sont en effet parfois fluctuants, surtout avec la baisse de l’Euro et parfois sur margés, les prix allant jusqu’à 2000 et 3000 D le m2 au nom d’un grand luxe. Mais on trouve des offres à 1500 D. Des visiteurs avertis n’ont pas manqué de le relever. « Il suffit d’ajouter la Jacuzzi à la baignoire pour augmenter de 100 D le prix du mètre carré, relève un père de famille établi en France depuis 20 ans, venu chercher un pied à terre à Tunis. Et puis, la conception n’est pas innovante. On n’achète pas un appartement ou une villa, mais une vraie résidence intégrée avec des parcs, un espace sportif, et des services de gardiennage et d’entretien. Nous résidons en France et voulons trouver sur qui compter en Tunisie pour s’occuper de notre logement durant notre absence. »
Deuxième aspect, l’absence d’une offre attractive en résidences secondaires dans les stations balnéaires, des maisons de campagne, de fermettes, bureaux magasins et autres produits immobiliers et fonciers. « Nous n’achetons pas qu’en ville et du résidentiel, déclare à Leaders, Samira, 45 ans, mère de famille, venues spécialement de Tour. Pourquoi ne pas élargir l’offre, nous cherchons à investir. »
Troisième constatation, qui se transforme en recommandation précieuse : ce grand Salon qui attire pas moins de 60 000 visiteurs ne peut-il pas s’étendre aussi aux produits financiers. Cinq banques sont présentes pour financer l’immobilier. Certaines d’entre-elles (notamment la Biat, la BH et la TFH) en profitent pour proposer d’autres produits d’épargne et de placement, sans en faire une grande publicité. Même si Elyès Chatty de la Biat indique que tous les clients de sa banque en France ont été invités par courrier à venir à la rencontre de l’équipe (bien forte) dépêchée de Tunis, pour toute sorte de question. La BH aussi, Mme Koubaa mentionne des rendez-vous avait été pris avec la clientèle. Mais, le nombre des banques présentes est encore réduit et il pourrait être renforcé par les intermédiaires en bourse et les gestionnaires d’OPCVM. Ces deux derniers peuvent en effet, maintenant que la bourse de Tunis est riche en titres et que les SICAV sont attractives, y attirer l’épargne des Tunisiens à l’étranger. A l’instar du Salon Banques, Assurances et Finances de l’APBTEF au Kram, le Sitap gagne à se muer, tout en cultivant sa vocation immobilière en grand salon des opportunités d’investissement en Tunisie.
Kamel Landousi aime les nouveaux challenges. Il suffit de l’y rallier pour les réussir.

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